Plus d’une quarantaine de députés libyens ont lancé un appel urgent, en faveur de la reprise du dialogue de Genève, dans la lettre adressée au président du Parlement libyen, Aguila Salah et au gouvernement d’Union nationale.
Recommandant l’urgence de voir la concrétisation d’une trêve des tensions et des combats entre les acteurs libyens, les parlementaires ont mis l’accent sur l’urgence de cette trêve, considérant que la priorité de l’heure, au vu des derniers développements survenus sur la scène libyenne est la préservation de la vie des libyens et prémunir le pays d’atteindre le point de non-retour.
Réaffirmant leur attachement à l’unité du pays, les parlementaires sembles pointer du doigt les risques de voir le peuple libyen et son pays pris dans l’engrenage du jeu complexe d’acteurs étrangers pesant sur la scène libyenne, notamment ceux à l’origine de l’effondrement des institutions de ce pays, dès 2011. Un jeu des puissants visant, selon les libyens et des experts de la géopolitique, la partition de la Libye pour la reconfiguration de ce pays et de la région sur la base « du chaos constructif » . Dans leur lettre, remise au président du Parlement, Aguila Salah et au Gouvernement d’union nationale de Fayez El-Serraj, appelant à « préserver le sang des Libyens, qui constitue une priorité absolue, et qui nécessite l’implication de tous et la prise de mesures urgentes » dont principalement, précisent-ils, « un cessez-le-feu immédiat avec tous les mécanismes l’accompagnant.» Des mécanismes dont certains ont été définis, faut-il le rappeler, au terme de la conférence de Genève visant un cessez-le-feu entre les protagonistes libyens, pour l’entame du dialogue politique inter- libyen, à l’abris des interférences et des ingérences étrangères, pour garantir sa réussite et voir la Libye reprendre sa vie politico-institutionnelle. L’appel des parlementaires qui intervient dans un contexte particulier au regard des derniers développements survenus sur le terrain, mettant à mal les efforts consentis à ce jour par des acteurs engagés pour la promotion d’un règlement politique de la crise libyenne, notamment les voisins de la Libye, à leur tête l’Algérie, qui a pris part, janvier dernier, à la Conférence de Berlin, sur la Libye. Depuis ce rendez-vous berlinois pour dégager la voie et les mécanismes visant à faire cessez le langage des armes et de la force militaire dans ce pays, des acteurs étrangers, notamment ceux à l’origine de la situation chaotique dans laquelle a été plongé ce pays, depuis 2011, suite à l’intervention de l’Otan, misent sur le maintien des tensions selon leurs agendas respectifs pour la Libye. Les interférences étrangères ayant été exacerbées ces derniers mois, sur la scène libyenne, au rythme de l’intensification des tensions géopolitiques, sur fond de l’échec du plan visant l’effondrement de la république syrienne, l’émergence de nouveaux acteurs incontournables sur la scène internationale, Russie, Chine, les pays du Brics, sonnant la fin de l’unilatéralisme dans les rapports internationaux. De nouvelles donnes qui n’ont pas été sans impacts sur le cours des évènements sur le terrain libyen, qui s’est vite enlisé dans des tensions et des conflits armés, rendus possible par les limites et les points discordants contenus dans l’accord de Skhiret, Maroc, un échec, selon les observateurs de la scène libyenne. Transformé, depuis, en théâtre de l’expression des tensions et rivalités entres les puissances de ce monde à travers des acteurs locaux, le peuple libyen subissant de plein fouet les batailles que mènent les rivaux libyens ne cesse d’appeler à mettre fin à cette situation, à travers notamment des personnalités de tribus et de la société civile. Dans la lettre rédigée par les 40 députés libyens du Parlement installé à l’est du pays, lequel a soutenu l’action de l’armée nationale libyenne dirigée, par le général à la retraite Khalifa Haftar, les signataires ont affirmé dans leur document que « la lutte contre le terrorisme est un devoir national ». Une déclaration qui semble avoir une double résonnance. En direction de Khalifa Haftar qui, dans le lancement de ses opérations militaires, explique que celles-ci sont dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et les milices extrémistes et d’un autre côté les députés redoutent aussi de voir les terroristes mis en échec en Syrie, réorientés chaos libyen par ceux qui les ont envoyés sur le sol syrien dès le début de la crise dans ce pays. Dans le document adressé au président du Parlement, Aguila Salah et au Gouvernement d’union nationale de Fayez El-Serraj, les signataires du texte ont demandé « la mise en place d’un nouvel exécutif sur le modèle d’un Conseil présidentiel » qui sera doté, poursuivent-ils « d’un président et de deux vice-présidents, un Premier ministre d’un gouvernement d’union nationale, dont les postes ministériels de souveraineté seront occupés par des personnes consensuelles, issues d’un accord libyo-libyen inclusif ». Les parlementaires libyens ont tenu à souligner que dans leur démarche ils prônent « la réconciliation nationale selon le principe du droit et du pardon ».
Karima Bennour