À la veille du rendez-vous «pétrolier» d’Alger, les prix du pétrole ont accentué, au cours de cette semaine, leur progression, soutenus par les spéculations sur d’éventuelles mesures permettant de limiter l’offre.
Alors que l’’Algérie s’apprête à accueillir, dès la fin septembre, le Forum international de l’énergie et le président de la Conférence de l’Opep, les prix du pétrole ont nettement rebondi, titillant la barre des 50 dollars. Mais reste à savoir si cette amélioration va s’installer dans la durée. Après un fort plongeon suite au Brexit fin juin, l’or noir reprend de la vigueur sur les marchés. Le Brent, la référence européenne du pétrole brut, a dépassé la barre des 50 dollars ces derniers jours, alors qu’il se négociait aux alentours de 42 dollars fin juillet. Outre l’annonce inattendue de la baisse des stocks pétroliers aux États-Unis et la faiblesse du dollar, les marchés ne sont certainement pas restés insensibles à l’annonce d’une énième rencontre des pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), fin septembre. Selon les spécialistes, le rebond des prix observé ces derniers jours témoigne que la réunion «informelle» d’Alger est prise très au sérieux au niveau mondial, aussi bien par les pays favorables à la thèse défendue par l’Algérie que par ceux qui y sont défavorables. Cependant, certaines voix se sont dit pessimistes et ne s’attendent guère à une éventuelle décision sur un possible gel de la production. En effet, en 2014, ces pays ont décidé d’ouvrir les vannes en réponse à la hausse de la production américaine, faisant ainsi chuter les prix du pétrole, qui se négociaient à 100 dollars le baril. Depuis, ils n’ont pas réussi à s’accorder pour limiter la production.
Même si le rendez-vous pétrolier d’Alger ressuscite l’espoir de voir les prix se stabiliser, mais il n’en demeure pas moins que cette reprise «temporaire» des prix est liée au lent retour à l’équilibre du marché lui-même, insistent certains experts. En effet, dans son dernier rapport mensuel publié en août, l’Agence internationale de l’énergie indiquait que «ses calculs ne montraient pratiquement pas d’offre excédentaire durant la seconde moitié de l’année en cours». Selon les explications fournies par les spécialistes, la demande, qui est estimée à 1,4 million de barils par jour en 2016, ne cesse de s’accroître; or, l’offre a diminué dans les pays non membres de l’Opep -les États-Unis en tête, ainsi que le Canada- car les projets étaient devenus moins rentables avec la chute des prix. Cette situation permet ainsi un retour à l’équilibre entre l’offre et la demande alors même que «les pays de l’Opep produisent plus», atteste Francis Perrin, directeur de la revue “Pétrole et Gaz arabes”.
Un équilibre qui reste toutefois fragile dans un contexte incertain. «L’un des enjeux est de savoir dans quelle proportion la production américaine va repartir», insiste Guy Maisonnier, ingénieur économiste de l’IFP “Énergies nouvelles”. Et pour cause, une hausse des prix encouragera bien évidemment les entreprises américaines à relancer leur production ou produire davantage. Et, contrairement au pétrole conventionnel, «la production du gaz de schiste demande beaucoup moins de temps, si les forages existent», souligne Francis Perrin.
Quelle conséquence sur les prix ? Les experts sont confiants quant à une stabilisation des prix de l’or noir pour l’année à venir, en dépit de la volatilité sur le marché. Mais une augmentation de la production américaine freinera certainement les possibilités de hausse. La croissance de la demande sera également regardée de près. Seule, chose certaine, aujourd’hui, les prix du pétrole ne sont pas prêts de revenir à leur niveau de 100 dollars le baril.
En effet, avec le retour prochain de l’Iran sur le marché, les choses risquent de se compliquer davantage. Au sein de l’Opep, c’est bien l’Iran qui fournira le plus de barils supplémentaires. À l’horizon 2021, les États-Unis devraient produire plus de 14 millions de barils par jour, un record historique. Ce sont eux, de nouveau, qui contribueront le plus à l’augmentation de la production mondiale sur la période. Revenir au niveau de 100 dollars le baril relèverait d’un vrai miracle et d’un basculement des données.
Lamia Boufassa