L’ex-ministre de la Communication et diplomate Abdelaziz Rahabi, invité hier, du Forum du Courrier d’Algérie, a fait le point sur la situation sécuritaire en prévalence dans la Sahel et le Nord-Mali notamment.
Interrogé sur la situation instable qui règne dans cette région, le diplomate et ex-ministre de la Communication, Abdelaziz Rahabi estime que «si la communauté internationale considère que le terrorisme est une menace contre la paix et la stabilité internationales, elle doit aussi envisager sérieusement de participer à la lutte du financement contre le terrorisme». Selon lui, au Sahel, l’Europe y compris la France ont fait un engagement insignifiant pour ainsi dire sur la sécurisation de cette région périlleuse. Or, la situation en présence voudrait que l’Algérie doive pouvoir sécuriser ses frontières, et au même temps, la communauté internationale doit participer à la stabilisation du Mali, partant du fait que ce qui se passe est une menace fulgurante contre la paix internationale. En ce sens, «il ne faut pas faire de l’Algérie, ni de Tinzaouatine, un poste Schengen pour passer en Europe. C’est-à-dire, nous ne devons pas faire le boulot pour les autres. Ou bien c’est un problème de sécurité collective et nous participons tous, ou bien c’est un problème de l’Algérie. Et, nous, nous ne pouvons pas consacrer plus de moyens parce que nous avons effectivement mis beaucoup de moyens dans la modernisation, la professionnalisation et l’adaptation pour les nouvelles menaces. Mais, également, nous avons des agendas et des exigences sociales très importantes qui nous attendent». Interrogé sur les capacités de résistance de l’Algérie face aux fléaux périlleux sur ses frontières sud à l’aune de son expérience dans le domaine sécuritaire, dont la communauté internationale en a salué les mérites, Rahabi reste méfiant et sur ses gardes quant aux messages encenseurs de l’occident envers l’Algérie. «Il faut se méfier toujours de quelque chose. Le désire des Européens et des occidentaux est de faire de l’Algérie, le Pakistan de la région. Ils ont dit au Pakistan que tu as des frontières avec l’Afghanistan on va t’aider par les discours, et c’est ce qu’ils sont en train de faire avec l’Algérie. Je n’aime pas beaucoup ça. Auparavant, ils ont dit ça aussi à Saddam Hussein. Par expérience, on doit se méfier de ça, ils ne doivent pas nous dire que nous disposons d’une expérience dans la lutte contre le terrorisme, car elle est une affaire de tout le monde. Il ne faut pas non plus qu’ils nous demandent de mettre plus de moyens, et plus d’hommes. C’est-à-dire, pousser l’Algérie dans une guerre d’usure à laquelle notre armée doit être confrontée dans le Sud», a-t-il mis en garde estimant l’engagement dans la lutte antiterroriste d’insuffisant. Quant au problème de fond dans le Sahel, Rahabi estime qu’il réside dans le désaccord de l’Algérie avec l’Europe et les occidentaux sur la façon de régler le problème malien. «Le conflit au Mali ne se règlera pas militairement, il se règlera par des réformes politiques internes. Le Mali est un pays dont le pouvoir est très centralisé, c’est une minorité qui gouverne le pays, le Mali demande plus de pouvoir, et surtout la décentralisation du pouvoir central», a plaidé l’invité du Courrier d’Algérie.
Mohamed Wali