Si l’intervention militaire des Etats-Unis tout comme d’ailleurs le retrait de ses forces en Afghanistan répond à des objectifs purement stratégiques que la paix dans le Moyen Orient, le retour des Talibans au pouvoir a choqué la communauté internationale avec toutes les retombées de ce bouleversement sur la sécurité, dans cette région et plus au-delà. Et pourtant, la reprise en main de Kaboul par les forces des Talibans n’a pas fait qu’inquiéter. En Algérie, on s’attend le moins à ce qu’un homme politique, fut-il de la mouvance islamiste, s’en félicite. Et pourtant, Abderrezak Makri s’en est réjoui, sans mesurer les conséquences d’une telle position hasardeuse pour un personnage souvent emporté par ses humeurs fugitives et aveugles. La réaction de Makri est faite sous couvert du « Forum de Kuala Lumpur pour la pensée et la civilisation », dont il est le secrétaire général depuis 2015. Ainsi, dans un communiqué publié lundi sur le site de cette organisation, il est écrit : « Suite à la grande victoire remportée par le peuple afghan en mettant fin à l’occupation étrangère de son pays et en rétablissant sa souveraineté après une longue lutte et de grands sacrifices, le Forum pour la pensée et la civilisation de Kuala Lumpur adresse ses plus chaleureuses félicitations à tout le peuple afghan dans toutes ses composantes, et à tous les moudjahidines, militants et réformateurs, menés par le mouvement taliban », pouvait-on lire sur le document signé par Makri. Le texte insiste encore une fois sur le mot « victoire » des talibans. « Cette victoire a montré que la vérité est inévitablement victorieuse, peu importe le temps qu’elle prendra et peu importe l’ampleur des sacrifices, et que l’occupation et les forces de travail ne tarderont pas, peu importe l’ampleur de leurs capacités et l’étendue de leurs alliances. » Le document souligne que « les pertes totales subies par les puissances occupantes sont considérables », ajoutant que ces mêmes pertes « doivent » servir à « tirer une leçon du coût de l’occupation et de l’agression », et « réaliser qu’un monde nouveau peut être construit sur la base du respect mutuel entre les peuples et de la coopération sur la base de l’intérêt pour tous. » Au-delà du constat, le Forum que dirige Makri défend le mouvement taliban qu’il dit « chercher à rassembler toutes les composantes de la scène afghane, à construire un État de justice, de vérité et de droit, à la souveraineté nationale, au respect des droits et libertés, et à se concentrer sur le développement pour sortir le pays de la pauvreté et de la misère et faire face aux effets de la longue guerre. »
Farouk Bellili