«23» : Des choix, des interrogations légitimes et des explications tenant la route. Belmadi a-t-il su convaincre ? On retiendra sa mentalité de gagneur et les ambitions qu’il affiche. On ne peut donc (on se trompe ?) que se montrer optimistes. La dure ascension des sommets du continent peut commencer. Belmadi a donc parlé. Dit vrai comme à son habitude en se montrant entier et incisif. Rendez-vous à la fin d’une CAN qu’on souhaite aux couleurs algériennes
Bien dans sa tête
«Je sais ce que je veux et où je veux aller. Et avec … qui !» C’est, en substance, ce qu’on peut déduire des réponses apportées par le sélectionneur national aux interrogations des journalistes venus nombreux samedi au CTN tâter le pouls du staff technique sur sa feuille de route avant le déplacement du Caire et sur les noms choisis en conséquence pour permettre à l’Algérie de réaliser le meilleur tournoi possible. Belmadi, sans forfanterie aucune et bien dans sa tête et ses convictions, ne se refusant pas (que ça nous change des discours défaitistes d’une certaine époque !) de se la «jouer» ambitieux en estimant que l’E.N n’a rien à perdre en montrant les dents avant le coup d’envoi d’un tournoi qu’il sait à l’avance particulièrement relevé en raison de la qualité de l’adversité et la très forte concurrence qui devrait y sévir. Et, sur ce chapitre, le discours développé, notamment après le tirage au sort qui a mis sur sa route le trio Sénégal- Kenya- Tanzanie, le premier nommé n’étant autre que le favori numéro 1 de cette 32e édition à la sauce égyptienne où le jeu de coulisses, comme à l’accoutumée, ne sera que plus déterminant dans la course au sacre final, le pays organisateur et les pays influents au sein d’une CAF qui vient de montrer ses limites en accouchant d’un scandale lors de la toute récente finale de LDC ayant opposé, dans un derby maghrébin à couteaux tirés, les deux derniers finalistes en date (2018, ndlr), l’ES Tunis et le WA Casablanca, les Tunisiens, plus concentrés remettant çà devant leur public en s’adjugeant le prestigieux trophée pour la seconde fois consécutive, devant encore sévir. C’est donc depuis le tirage au sort que le responsable technique en chef de l’E.N sait à quoi s’en tenir pour relever le défi. En commençant par faire les bons choix (les siens bien sûr que tout le monde se doit de respecter) en se ratant pas quand il faudra établir (c’est fait, officiellement, depuis jeudi dernier) la fameuse liste des «23» et passer, sans se poser de questions sur la difficulté ou non de la mission (forcément difficile, la CAN réunissant de grosses cylindrées animées par d’authentiques stars au retentissement mondial) à l’étude des équipes du groupe sans s’attarder sur leur statut ou leur palmarès(il parle des présumés «faibles») , en estimant, entre autres, qu’«ils ont un certain mérite et ne sont pas là pour rien (…) Tous nos adversaires vont être bien étudiés. On va visionner leurs matches. Et aussi bien travailler et se préparer afin de mieux appréhender notre entrée en matière et ce 1er match de poules contre le Kenya qui risque d’être décisif pour la suite de la campagne.»
Comment assurer et …rassurer
Pour dire que le travail a commencé bien avant la publication des «23» auxquels il vient d’accorder sa confiance. «Les plus aptes», selon lui, à défendre les couleurs de l’Algérie dans une messe continentale où il faudra se montrer aussi fort mentalement que serein lorsqu’il faudra passer aux choses sérieuses, étant entendu qu’il n’existe plus de matches faciles et encore moins d’adversaires jouables ou à portée. Ou le talent seul ne suffira pas, devrions nous ajouter. En abordant ce volet sensible et combien important dans l’équilibre d’une sélection, l’ex-driver des champions du Qatar d’Al Duhail mettait sûrement le doigt, sans dévoiler toutes ses cartes, sur l’important facteur qu’est l’«expérience» qu’il confirme à la lecture de cette fameuse liste des «23» avec la présence de certains noms que beaucoup n’attendaient pas à pareille fête. Qui susciteront, logiquement, moult interrogations auprès d’une opinion quelque peu déconcertée. Que coach Belmadi se devait de rassurer à l’occasion de son face à face avec la presse nationale. Qu’il mènera de main de maître. Calmement. En défendant mordicus ses choix malgré un auditoire, au départ, circonspect et qu’il tentera, avec des arguments acceptables, de convaincre. D’autant plus vrai qu’il tranchera avec ses prédécesseurs à la barre technique en faisant montre d’un optimisme de bon aloi. En faisant part de ses ambitions de laisser une empreinte dans cette nouvelle formule caractérisée par la longueur du tournoi et nombre de formations aux dents longues, pour ne pas dire favoris. Une compétition dans laquelle il veut aller (il le répète assez souvent pour nous convaincre et se montrer contagieux sur le chapitre et c’est le rêve de tout un chacun de voir à nouveau le football algérien s’imposer sur le toit d’Afrique après une série de ratages monumentaux) le plus loin possible. Et le «j’espère que l’Algérie remportera le trophée» lancé juste après le tirage au sort résonnait encore ce samedi sous le toit du CTN de Sidi Moussa, le patron de la barre technique des «Verts» insistant sur les ambitions de son équipe en rappelant que «nous allons travailler dur pour ça.» Simple souhait pour un technicien qui croit dur comme fer en sa bonne étoile et en les chances de son groupe qu’il devra préparer en conséquence pour réaliser le rêve de toute une nation au plus fort d’un «Hirak» tourné sur le changement tout azimut. Avant de passer à la réalité du terrain (et pas seulement, ces coulisses encore une fois), il dira ses vérités et ses attentes. Dira, tout simplement, droit dans les yeux de tout le monde, qu’il «ne manque pas d’ambitions.» Qu’il fera tout pour «aller au bout.»
Le droit de viser plus haut
Sans craindre personne et encore moins prendre de haut son monde, en respectant tout le monde. Aller au bout sans se poser des questions. Aller chercher le graal. En affichant, comme il était attendu, sa mentalité. Celle d’un entraîneur qui en veut terriblement et qui met sur la table cette «gagne» qu’il veut transmettre à ses poulains mis en demeure de se montrer, comme lui, ambitieux lui qui souligne (à retenir) que, par exemple, «personne ne nous interdit d’être ambitieux dans la vie. Il fallait bien changer de discours avec les joueurs, et ne pas se contenter de dire qu’il fallait réaliser un bon parcours ou gérer match par match. Nous avons l’ambition de remporter cette CAN. Je devais changer de discours, ce qui constitue une stratégie, c’est ma manière de fonctionner» avant d’ajouter, pour mieux convaincre, sûr de lui encore une fois, qu’«on ne fera pas le déplacement pour de la simple figuration» en prenant à témoin son auditoire, et par ricochet les fans des «Fennecs», que son équipe et lui, ont, en toute légitimité, «le droit de viser plus haut.»
Jouer tout simplement le titre suprême mais «sans rien garantir.» Non sans assurer qu’en plus de «notre grande détermination de triompher parce qu’on va tout faire pour», prévenir dans la foulée ne pas vouloir entendre parler d’«échec» si l’objectif n’est pas réalisé. Pour diverses raisons. En tête, les conditions climatiques prévalant en Egypte à cette période de l’année et auxquelles (ce qui explique la destination qatarie pour la dernière partie de la préparation, ndlr) «on va se préparer en conséquence». Sans omettre le choix des sparring-partners (Mali et Burundi, deux clients de choix) en mesure de «nous fixer sur le niveau de l’équipe» avec la présence de certains noms pour le moins curieuse selon l’appréciation des uns et des autres. Des noms qui ont, à l’image notamment de Slimani et Guedioura, ont toute sa confiance. Appelés pour leur capital expérience des terrains africains.
Leur utilité à des postes où les choix (notamment pour le milieu de terrain) ne sont pas nombreux. Pour le reste, tout le reste (les cas Ghoulam, Naidji, Taider, Delort, Belfodhil, Bentaleb, rayés, sans grosse surprise, de la liste, ou la convocation d’Abeid ou Belkebla, le 1er nommé manquant de temps de jeu et revenant de blessure), Belmadi avance ses pions, arguments à l’appui: «on a, à très court terme, un objectif, un sérieux défi à relever.» On conclura, de la meilleure manière. En jouant pour terminer sur le sommet. Mais avec les plus aptes. Les plus expérimentés. Place maintenant au travail
Par Azouaou Aghilas