L’Union africaine est appelée à prendre des mesures coercitives contre tout membre qui ne respecte pas ses décisions afin de préserver sa crédibilité, a estimé, lundi à Alger, l’ambassadeur de la RASD en Algérie, Abdelkader Taleb Omar.
Dans une déclaration à l’APS, en réaction au rejet par le Royaume du Maroc de la dernière décision du CPS de l’UA sur la question sahraouie, Taleb Omar a affirmé que cette décision « est venue à point nommé » notamment après le blocage du plan onusien de règlement du conflit, estimant que « l’Union africaine et tous ses organes doivent faire appliquer leurs décisions par des mesures concrètes ». « Après 30 années d’atermoiements et de tergiversations de la part du Maroc, l’UA et son Conseil sont en droit de traiter la question du conflit au Sahara occidental », a soutenu l’ambassadeur sahraoui, réitérant son appel à la réactivation du rôle de l’organisation continentale en ce sens et à la mise en œuvre des résolutions onusiennes pertinentes. La décision du CPS adresse un message fort au régime marocain, d’une part, pour qu’il cesse ses manœuvres, et à l’ONU, d’autre part, pour qu’elle accélère le processus de règlement à travers la désignation d’un envoyé personnel de son SG pour le Sahara occidental et se penche sur le dossier de l’ouverture de consulats illégaux dans les parties occupées du Sahara occidental, a estimé M. Taleb Omar. Pour le diplomate sahraoui, la décision du CPS « inflige un camouflet au régime marocain qui avait pourtant prétendu s’être assuré le soutien de certains États en déboursant de grandes sommes d’argent pour l’achat des consciences », a-t-il dit. Par ailleurs, l’ambassadeur sahraoui a salué la démarche du Conseil de paix et de sécurité (CPS) qui constitue, a-t-il dit, « un triomphe et un acquis pour la cause sahraouie », suite à la réaffirmation de la qualité de membre de la République au sein de l’Organisation africaine. Le rejet par le Maroc des décisions du CPS n’est pas nouveau pour Rabat qui a habitué la Communauté internationale à la politique de « rejet, de dérobade et de dos tourné » à plusieurs questions, a souligné le responsable sahraoui, ajoutant que le royaume a démontré son intention délibérée d’adhérer à nouveau à l’Union africaine (UA), après 33 ans de boycott qui avait pour objectif de « semer la division et les conflits et de fouler aux pieds les statuts de l’Union ». L’UA est appelée aujourd’hui à prendre des mesures coercitives contre tout membre qui ne respecte pas ses décisions pour que le Maroc ne fasse pas fi de ses résolutions, et ce pour préserver l’efficacité de ses lois et garantir leur crédibilité ». M. Taleb Omar souhaite le maintien du rôle positif et fort de l’UA qui est habituée, a-t-il dit, à prendre des décisions pertinentes concernant de nombreux conflits dans la région, pour aider à l’instauration de la paix et de la stabilité et mettre un terme à l’expansion, à la tyrannie et au mépris des lois ».
M. Bendib
Le représentant du F. Polisario en France souligne la portée de la décision du cps pour l’ONU
Le représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati, a affirmé que la dernière décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine « aplanit le terrain » devant l’ONU pour le règlement du conflit au Sahara occidental, l’appelant à assumer, « avec fermeté et volonté », sa responsabilité vis-à-vis du peuple sahraoui. « En réitérant, dans son dernier communiqué, que le conflit au Sahara occidental relève de la décolonisation et que le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination était un droit inaliénable, le Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) a anéanti les rêves du Maroc à enterrer la question sahraouie », a estimé Mohamed Sidati. « Cette position asseoit les fondements d’une nouvelle étape dans la lutte du peuple sahraoui pour l’édification de son État indépendant sur l’ensemble de son territoire », a-t-il ajouté. Il explique, dans ce sens, que la question sahraouie va connaître, à la faveur de la décision de l’UA, « une nouvelle dynamique » à tous les niveaux de la lutte, tant armée que politique et juridique, ce qui est à même « d’aplanir le terrain devant l’ONU » et de « faciliter sa mission » dans le règlement de ce conflit qui s’éternise ». Pour lui, l’UA offre, à l’organisation onusienne, « un socle » pour s’acquitter pleinement de sa mission dans le parachèvement de la décolonisation de la dernière colonie en Afrique, à partir d’un « sérieux partenariat UA-ONU ». M. Sidati a relevé que la décision africaine « confère davantage de légitimité à la lutte du peuple sahraoui et consolide sa conviction quant à la victoire sur l’État d’occupation marocain, en dépit de toutes les manœuvres du Makhzen pour transgresser les résolutions onusiennes », rappelant la protection qu’offre la France au Royaume marocain au sein du Conseil de sécurité, et qui empêche, a-t-il ajouté, « d’imposer le respect de la légalité internationale ». Mettant en garde contre « le danger des plans expansionnistes du régime marocain dans la région », il a affirmé que « la lutte du peuple sahraoui procède d’idéaux communs aux peuples africains, en l’occurrence l’émancipation, le rejet de la logique d’annexion par la force et la mainmise sur les territoires d’autrui ». « Des actes en violation flagrante de l’Acte constitutif de l’UA et des Chartes et résolutions onusiennes, notamment en ce qui concerne la décolonisation et l’autodétermination des peuple opprimés », a-t-il poursuivi. Pour le représentant du Front Polisario en France, « la balle est désormais dans le camp de l’ONU, appelée à saisir l’opportunité de la disponibilité de l’UA à traiter sérieusement le dossier sahraoui, pour imposer au Maroc de cesser ses manœuvres et de se soumettre aux résolutions onusiennes pertinentes ». Soulignant que l’ONU « doit prendre en considération la nouvelle donne au Sahara occidental et les batailles en cours le long du mur de sable, suite à la flagrante violation, le 13 novembre dernier, de l’Accord de cessez-le-feu par le Maroc dans la zone tampon d’El-Guerguerat, » M. Sidati a appelé l’organisation onusienne à « assumer avec fermeté et volonté sa responsabilité vis-à-vis du peuple sahraoui pour la réalisation de la paix et la stabilité dans la région ». Pour rappel, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salam Ould Salek, avait affirmé, samedi, que la décision du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) sur le conflit au Sahara occidental avait « torpillé la stratégie marocaine et anéanti ses ambitions de mettre en échec le processus onusien de décolonisation du Sahara occidental. M. Ould Salek a rappelé que lors du 14e Sommet extraordinaire des Chefs d’État et de Gouvernements pour +Faire taire les armes+, « l’UA avait décidé d’assumer ses responsabilités, en tant que garant, avec l’ONU, du Plan de règlement du conflit du Sahara occidental, signé en 1991 entre les deux parties, à savoir le Maroc et la RASD (…) et la reprise de l’initiative après trois décennies d’entraves et d’atermoiements par le Maroc en connivence avec des puissances, à l’origine de l’invasion et de l’agression du peuple sahraoui, et qui continuent à empêcher le parachèvement de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire ».
M. B.