Passant outre la légalité internationale qui considère les eaux territoriales du Sahara occidental comme territoire non autonome et sous occupation, le Maroc a entamé, depuis vendredi dernier, des manœuvres navales dans le littoral entre les villes occupés de Dakhla et Laâyoune, ont indiqué des sources médiatiques espagnoles.
Le site d’information Ecsaharaui.com, a affirmé que le président des îles Canaries a fait part de son inquiétude au gouvernement central face à la décision « unilatérale » du Maroc. Les exercices ont débuté vendredi et dureront trois mois. Les quelques unités de la marine royale marocaine, notamment des patrouilleurs, effectueront des exercices dans la bande du littoral comprise entre les villes sahraouies occupées en attente de décolonisation de Dakhla et Laâyoune et les côtes de l’archipel de Grande Canarie. Les autorités des îles Canaries ont dénoncé le fait qu’elles n’aient pas été informées ni par le gouvernement marocain ni par l’exécutif espagnol. Pour sa part, le Front Polisario prépare un communiqué officiel concernant ces manœuvres, que Rabat a annoncé quelques jours avant la diffusion de l’avis du procureur général près la Cour de justice de l’Union européenne sur les accords UE-Royaume du Maroc. Dans sa livraison du 24 mars, El Confidencial a publié une circulaire des délégations de pêche maritime du ministère marocain de l’Agriculture dans les localités sahraouies occupées interdisant aux navires de pêche de naviguer dans les zones de la côte sahraouie où se dérouleront les manœuvres en raison de la présence de navires de guerre. L’année dernière, peu avant les manœuvres annuelles du commandement nord-américain en Afrique (AFRICOM) , les États-Unis et le Maroc et Israël avaient organisé des manœuvres navales dans les eaux du Sahara occidental, au large des îles Canaries. Cette année, les exercices d’African Lion se dérouleront entre le 20 et le 31 mai dans les régions d’Agadir, Tan-Tan, Tata, Kénitra, Benguérir et Tifnit en territoire marocain. Les observateurs estiment que c’est un véritable défi que vient de lancer le Maroc à la communauté internationale qui ne lui reconnaît aucune souveraineté sur les territoires sahraouis occupés. Des sources diplomatiques affirment que Rabat en annonçant la tenue de manœuvres dans une zone du territoire sahraoui considéré comme non autonome, espère mettre la communauté internationale devant le fait accompli. Le Maroc tente de créer sur le terrain une situation de fait accompli qui pourrait lui permettre de créer une nouvelle situation dans les territoires occupés qui serait favorable à son plan de large autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine Ces exercices interviennent une semaine après que, Tamara Capeta, l’avocate générale de la CJUE , a explicitement demandé, devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), d’annuler l’accord de pêche entre le Maroc et l’UE parce qu’il inclut les eaux situées dans un territoire non autonome et faisant l’objet d’un plan de paix adopté par la communauté internationale. « En ne traitant pas le territoire du Sahara occidental et les eaux qui lui sont adjacentes comme séparés et distincts du Royaume du Maroc, le Conseil des ministres de l’UE n’a pas respecté (en 2019) le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui », « , a-t-il déclaré. Il faut souligner, dans ce cadre, que le Maroc est en train d’emprunter à l’entité sioniste les pratiques qui lui ont permis de coloniser puis d’annexer des territoires palestiniens depuis 1948. Les manœuvres qui se déroulent actuellement au large de Dakhla et Laâyoune et qui sont encadrées par des officiers supérieurs israéliens ne sont en réalité qu’un chapitre de la coopération lancée entre les deux systèmes coloniaux (marocain et israélien) depuis la signature des accords de normalisation de leurs relations diplomatiques. Malgré les tentatives du Maroc de les maintenir sous embargo, la presse internationale a fait état d’exercices entre des unités de Tsahal et leurs acolytes des FAR qui se déroulent actuellement dans la région du Néguev. Pour réduire au silence la communauté internationale, le Maroc prouve encore une fois qu’il est prêt à fouler aux pieds toutes les lois.
Slimane B.