L’aviation militaire française débutera, aujourd’hui, ses opérations aériennes, dans le ciel syrien. C’est par des vols de reconnaissance avant d’éventuelles frappes aériennes que la France amorce sa participation militaire aux opérations aériennes des États-Unis, contre les positions de Daech, en Syrie. C’est ce qu’a annoncé le président français, François Hollande, lors de sa conférence de presse à l’Élysée, excluant toute opération au sol. Pour le président Hollande, les vols militaires de reconnaissance au-dessus de la Syrie, qui débuteront aujourd’hui, «permettront d’envisager des frappes contre Daesh», et aussi de «préserver notre autonomie de décision et d’action», a-t-il souligné. Est-ce une déclaration à l’adresse de ses alliées américaines, qui mènent des frappes aériennes au-dessus de la Syrie, depuis plus d’une année? Ou bien s’agit-t-il d’un message pour évacuer des esprits de l’opinion française et internationale l’impact induit par sa décision annoncée de mener des frappes contre la Syrie, août 2013, que Hollande a annulée après que son homologue américain a décidé de sursoir à toute action militaire, contre la Syrie, sur fond du rôle stratégique de la Russie, dans le dossier syrien ? Étant membre de l’Alliance atlantique (Otan) et ayant réintégré à la demande de l’ex-président français, son commandement, après l’avoir quitté dans les années 40, par décision de Charles de Gaulle, nul n’ignore que les États-Unis, outre qu’ils tiennent les commandes de l’Otan, sont le chef de file de la lutte occidentale en cours contre Daech, en Irak comme en Syrie. Une lutte qui, faut-il le noter, est au centre de concertations et de débats entre des acteurs internationaux, et non des moindres, pour ne citer que la Russie. Son ministre des Affaires étrangères, et au regard des derniers développements du dossier syrien et la scène régionale, Lavrov, a déclaré, avant l’annonce en question du président français, que Moscou «est prête à intervenir militairement en Syrie». Message, on ne peut plus clair, à l’adresse des Occidentaux, qui sur fond de leur lutte contre Daech en Syrie, via l’espace aérien, comptent peser sur le cours des actions sur le terrain syrien, lequel est rythmé par les opérations et les avancées de l’armée de la République syrienne.
L’annonce du président français de rejoindre les opérations de frappes aériennes que mènent Washington, depuis plus d’un an, intervient après que le président Poutine a confirmé, samedi, ses intentions d’intervenir militairement en Syrie, pour lutter contre les terroristes de Daech, tout en précisant qu’il était «encore trop tôt» pour évoquer ce déploiement, qui devrait intervenir, à la demande de Damas, avant la fin du mois courant.
Depuis un an, la Coalition anti-Daech menée par Washington s’est contentée, selon des experts des opérations militaires et d’observateurs avertis, d’empêcher les terroristes de gagner du terrain, sans aller jusqu’à les détruire, et de très nombreux témoignages attestent du largage d’armes aux terroristes, qui ne sont que «des erreurs», selon la Coalition. La Syrie, pour rappel, n’a cessé d’être inonder de milliers de terroristes, depuis plus de quatre ans, sur fond des tensions géopolitiques et géostratégiques, que dicte la course des puissances pour le contrôle des voies d’approvisionnement en énergies. C’est après plus de quatre ans que les Occidentaux découvrent les Syriens fuyant la guerre contre leur pays, et que le flux des réfugiés, traversant les frontières et l’espace européens, mis sous les projecteurs des médias et porté dans les discours des responsables occidentaux, sans pour autant souligner l’urgence d’une solution politique dans ce pays. Après plus de dix jours de la médiatisation du mouvement des réfugiés, en Europe, le président François Hollande annonce le début, aujourd’hui, des vols de reconnaissance, avant d’éventuelles frappes aériennes contre les terroristes de Daech. En faisant fi, le phénomène des réfugiés syriens a commencé, il y a plus de quatre ans, avant même que Daech ne se manifeste en Syrie. À l’annonce précitée du président français, la Russie a fait savoir, hier par le chef de sa diplomatie, que «Moscou n’a pas réduit l’approvisionnement de la Syrie, en armes», indiquant à ce propos que «la Russie, dans l’objectif de lutter contre le terrorisme, fournit des armes à la Syrie», a précisé Lavrov.
Il est utile de rappeler qu’en avril 2013, le directeur du Service fédéral russe de contrôle des stupéfiants (FSKN), Viktor Ivanov, a affirmé que «jusqu’à 20 000 mercenaires opérant en Syrie sont financés avec l’argent provenant du trafic de drogue afghane», a-t-il déclaré. Par ailleurs, sur l’exigence du départ du président syrien, dont Paris n’a cessé d’insister, dans son discours le président français ne pose plus la condition du départ du chef de l’État syrien comme préalable à une intervention militaire. Hollande dira à ce propos «rien ne doit être fait qui puisse consolider ou maintenir Bachar al-Assad », s’est-il contenté de déclarer. Indiquant que «le départ de Bachar al-Assad est à un moment où un autre posé dans la transition, et c’est ce que nous devons faire pour qu’il puisse y avoir le rassemblement des Syriens sur une base démocratique», avant d’affirmer que «nous devons concerter tous les pays qui peuvent favoriser» une solution en Syrie, sans citer, ni la Russie ni l’Iran.
Karima Bennour