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HAUSSE DES PRIX DE L’ÉNERGIE AU MAROC : Les syndicats dénoncent des mesures insignifiantes

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La hausse continue des prix de l’énergie qui va se poursuivre, chez notre voisin de l’ouest, le Maroc en l’occurrence, prend de plus en plus de l’ampleur et dépasse, notamment ces dernières semaines le seuil d’inquiétudes chez le citoyen lambda, pour être le déclencheur des manifestations de colère dans les villes marocaines.

C’est au tour des distributeurs du gaz butane d’annoncer une grève à travers le royaume, les 29 et 30 juin prochains, face à l’impuissance des responsables et du gouvernement marocains à trouver les réponses, à la crise socio-économique et énergétique qui frappe le pays. Dans un communiqué largement diffusé dans les réseaux sociaux et la presse du royaume, l’Association professionnelle des dépositaires grossistes du gaz de pétrole liquéfié a annoncé sa décision de « cesser toute distribution de bonbonnes de gaz butane les 29 et 30 juin courant », en raison de la grève générale « contre l’augmentation vertigineuse des prix des produits énergétiques, du gasoil en particulier, des prix des pièces détachées et des pneumatiques ». Indiquant dans leur annonce de grève générale de deux jours, l’association fait état aussi, lit-on « des charges qui pèsent sur les distributeurs des bonbonnes de gaz butane, dont la marge bénéficiaire est réglementée et demeure la même en raison du plafonnement des prix du gaz butane au Maroc ». Pour l’Association, les problèmes soulevés et absence de toute perspective de voir des solutions avancées par le gouvernement, le secteur se dirige vers «la faillite des dépositaires et distributeurs du GPL en gros, en l’absence de résolutions des problématiques que vit le secteur » affirme l’Association professionnelle des dépositaires grossistes du gaz de pétrole liquéfié. Il est à rappeler que les prix du diesel oscillent entre 15 et 16 dirhams, soit entre 1,46 et 1,59 dollars US, et l’essence atteint les 18 dirhams soit 1,79 dollars, des prix des carburants qui vont poursuivre la tendance haussière, en raison de la flambée du prix de l’énergie –pétrole et gaz- sur la scène mondiale et dont l’approvisionnement du Maroc en gaz bute non seulement sur le prix élevé mais aussi des problèmes d’acheminement du gaz vers le royaume, surtout après l’arrêt décidé par Alger, du fonctionnement du gazoduc Maghreb Europe (GME), transitant par le Maroc. Les besoins du marché marocain en gaz naturel en 2025 sont estimés, par notre voisin de l’ouest à 1,1 milliard de mètres cubes dont 0,6 milliard pour l’industrie et le Maroc ne dispose pas d’infrastructures de regazéification pour pouvoir importer directement du GNL (gaz naturel liquéfié). Le déficit en énergie auquel est exposé le Maroc, l’a poussé à explorer la possibilité d’importer du GNL, d’Espagne, de le transformer en gaz dans les installations en Espagne et ensuite l’acheminer vers le royaume via le GME, mais cette voie de solution bute outre sur de nombreux problèmes, dont « le financement coûteux », selon des experts locaux et espagnols car sur le marché spot (libre) du GNL, «les prix sont trois fois supérieurs au gaz naturel  et il faudrait rajouter les coûts de regazéification à payer aux usines espagnoles ». Le gouvernement et les responsables marocains font face non seulement aux conséquences de leurs choix politiques, mais aussi à la grogne des citoyens, syndicats, acteurs de la société civile face à la cherté de la vie et la hausse continue des prix mais aussi aux problèmes complexes liés au marché du gaz et des conséquences à ce jour de la fermeture par Alger du robinet du gazoduc GME.

«LE FRONT SOCIAL EST AU BORD DE L’EXPLOSION ET LES INDICATEURS SONT AU ROUGE, CA RAPPELLE LA RÉVOLTE DU PAIN EN 1981»
Voyant sans suite « les nombreuses et vaines correspondances adressées à toutes les parties concernées », L’Association souligne avoir adopté la décision de grève générale au Maroc, «en raison de l’incapacité du gouvernement à répondre favorablement à ses revendications », après notamment, poursuit la même source «  de longues discussions et nous avons compris qu’il était impossible de continuer à distribuer des bouteilles de gaz, avec la possibilité de prolonger la durée de la grève » avertissent les membres de l’Association. Le ras le bol des larges couches de la société marocaine se manifeste de plus en plus, avec la poursuite non seulement de la chute du pouvoir d’achat, mais de la hausse « vertigineuse et continue » des prix des produits de large consommation notamment alimentaires, du gaz, carburant, médicaments et la liste est longue… Déjà que la pandémie sanitaire a eu des conséquences socio-économiques difficiles sur les nombreux foyers marocains des plus vulnérables, des pans de la société se sont vus plongés dans le seuil de la pauvreté, en raison de la perte des emplois et le recul drastique d’activités économiques, notamment dans le secteur du tourisme, qui peine même après le retour graduel à la période d’avant Covid-19 à reprendre la cadence, ce dernier subit la pression des conséquences de la hausse des prix sur ses activités, notamment celui des carburants et du gaz.. Si les organisations syndicales marocaines, dont la Confédération générale du travail (CGT), la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) et l’organisation démocratique du travail (ODT), ne cessent de leur côté d’alerter sur une situation sociale explosive, l’immobilisme et l’incapacité du gouvernement à trouver les solutions, les syndicats ont été amenés à hausser le ton, notamment par la tenue de manifestations, des sit-in et aussi des grèves pour protester contre la cherté de la vie et la cadence continue des hausses des prix. Lundi dernier, une manifestation de protestations contre la hausse des prix et la cherté de la vie a été organisée, à l’appel des syndicats précités, où des milliers de travailleurs ont revendiqué une augmentation des salaires et des pensions de retraite » rapporte la presse locale. Une journée de protestations qui n’a pas été choisie au hasard, coïncidant avec le 41ème anniversaire de la Révolte du Pain survenue le 20 juin 1981. Les syndicats marocains comme des experts des questions sociales et économiques ainsi que des acteurs politiques affirment que « le front social est au bord de l’explosion, et les indicateurs sont au rouge », situation qui rappelle fortement les indicateurs de l’avant la Révolte du Pain de 1981. Des évènements douloureux et tragiques qu’a vécu le peuple marocain avec notamment une répression féroce contre des millions de voix qui se sont élevés contre la faim et la pauvreté, demeurant vivace dans la mémoire de larges pans de la société marocaine, subissant de plein fouet, les conséquences des choix politico-économiques en faveur des grands hommes des affaires marocains et étrangers et du système makhzenéen, dont le chef du gouvernement marocain n’est autre que le richissime homme d’affaires, Aziz Akhannouch. Pour le coordinateur national du Front social marocain, Younès Farachen, « les mesures que le gouvernement dit avoir prises pour faire face à la hausse des prix n’ont aucune incidence notable sur les citoyens ».
Karima Bennour

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