Il faut savoir raison garder. Louiza Hanoune est une battante. Les difficultés font partie de son combat politique. Par trois fois, elle a brigué la magistrature suprême. En 2004, 2009 et 2014. À chaque fois avec des petits scores. Ce qui ne l’a jamais dissuadée à se représenter. De son communiqué, les médias français n’ont retenu que les arguments pseudo-politiques. Ces médias ont repris les mêmes extraits, comme un seul homme. Il est question « d’injustice » et « d’intention d’exclure le Parti des travailleurs de l’élection présidentielle », « de bafouer le droit du peuple à choisir librement entre les programmes politiques ». Sans citer le ou les responsables de ces entraves. Comme si, lors de ses trois candidatures précédentes, le processus démocratique des élections était à son Top niveau. Soyons sérieux ! Avec tout le respect qui est dû à Mme Hanoune, la raison de son retrait est tout simplement d’ordre technique. C’était prévisible et nous l’avons écrit dans notre édito du 9 juin dernier. Nous nous sommes posé la question de savoir « Où va-t-elle dénicher les signatures des 600 élus exigés par la loi ? ». Sachant que sa formation n’a pas d’élus puisqu’elle n’a participé ni aux législatives de 2021, ni aux municipales qui ont suivi.
Quant à la deuxième formule des 50 000 signatures, c’est tout simplement éprouvant même pour une formation politique. Ceci dit, nous comprenons le souci de Mme Hanoune « d’enrober » son retrait par des considérations politiques. Comme il faut nous concéder le droit de « ne pas avaler des couleuvres ». D’ailleurs Mme Hanoune n’est que la première à jeter l’éponge dès l’étape des parrainages. D’autres suivront. Parmi les 35 prétendants recensés jusque-là, combien sont-ils à pouvoir recueillir les signatures de 600 élus (pour les prétendants indépendants) ou le cas échéant les signatures des 50.000 électeurs (ce qui est harassant et nécessite une logistique particulière) ? Les observateurs qui suivent la vie politique du pays savent qui peut quoi. D’autant que les principales formations politiques qui disposent de moyens confortables pour affronter les grands évènements comme l’élection présidentielle (FLN, RND et le Front El-Moustakbal en plus du mouvement El Bina et d’autres formations plus modestes) soutiennent la candidature du Président sortant. Le jeu politique étant ainsi fait. L’essentiel est de rester dans « les clous ». D’ailleurs, les difficultés liées aux parrainages dénotent que les travers de « la Chkara » et du trafic d’influence que nous avons vécu par le passé n’ont plus cours. Ce qui est un acquis inestimable. Le rêve des Algériens progressistes c’est d’avoir un jour une femme comme première magistrate du pays. Contrairement aux conservateurs. À une seule exception incarnée par Mme Hanoune qui, au début des années 90, avait agréablement séduit la population algérienne, hommes et femmes, en affrontant les pires rétrogrades sur les plateaux de télévisions. Actuellement deux femmes, Zoubida Assoul et Saïda Neghza, restent en lice. Dépasseront-elles cette première étape ?
Zouhir Mebarki