Face au pourrissement que connait le dossier crisogène des médecins résidents, qui, outre de recourir à une grève illimitée, ont voté en faveur du boycott de la deuxième session de l’examen du Diplôme d’études médicales spécialisées (DEMS) prévue entre le 18 mars et le 12 avril prochain, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar a décidé de réagir afin d’éviter une année blanche. En effet, le ministère du supérieur a convié les représentants du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) à une rencontre aujourd’hui, au siège du département ministériel, dont l’ordre du jour portera sur la session de rattrapage du DEMS. Ainsi, les médecins résidents auront à discuter aujourd’hui avec la directrice du service des postes gradués au niveau du ministère de la tutelle d’un éventuel report à une date ultérieure, dudit examen. Mais de l’avis des résidents, le report de l’examen ne changera en rien leur position, tant que les revendications ne sont pas sérieusement prises en considération. «Les médecins résidents boycotteront cet examen, dans la continuité de notre mouvement de protestation qui dure depuis près de quatre mois» a indiqué le Dr Mohamed Taileb, membre du Collectif, joint hier par téléphone. «Qu’il soit programmé pour le mois d’avril ou de mai, cela ne changera en rien notre position», a-t-il dit en précisant qu’«il est temps que le gouvernement se penche sérieusement sur nos revendications». S’étalant davantage sur la rencontre d’aujourd’hui, notre interlocuteur a précisé que celle-ci portera sur le planning d’examens de rattrapage de l’examen. Cependant, le Dr Taileb estime que le report de l’examen serait nécessaire pour permettre d’entamer des discussions avec les différents départements ministériels en vue de trouver une issue. Interrogé, quant à l’année blanche qui plane sérieusement sur les facultés de médecine, le Dr Taileb dira que les «résidents sont déterminés à continuer leur grève illimitée qui dure depuis quatre mois et sont prêts à sacrifier des années d’études «Le spectre d’une année blanche ne nous fait guère peur. Ce n’est que le résultat de l’entêtement des responsables face à nos revendications légitimes», a-t-il indiqué, avant de préciser que l’année blanche signifie qu’on n’aura pas de spécialistes en 2018, synonyme de « désertification médicale». Tout en rappelant que la principale revendication de ce corps médical réside dans la suppression du caractère obligatoire du service civil qui contribuera, selon le Camra, à améliorer les conditions de travail, notre interlocuteur précise que ce «bras de fer» peut se durcir davantage, dans la mesure où l’année blanche aura, entre autres des répercussions sur toutes les universités de médecine, et ce, au niveau de toutes les années du cursus universitaire.
Les médecins résidents haussent le ton à Oran
D’autre part, tant que le département de Tahar Hadjar a fait un pas en avant en invitant les résidents à une réunion visant le report du DEMS, la situation a connu un nouveau rebondissement du côté de la wilaya d’Oran. En effet, le Collectif des médecins résidents d’Oran a décidé de ne « plus assurer le travail d’astreinte de 8h à 16 h aux services comme aux urgences». Emboitant le pas au Collectif de Sétif, le bureau du Camra d’Oran a, dans une missive adressée au wali d’Oran, ainsi qu’au directeur de santé publique de la même wilaya et aux directeurs des CHU, EHU, EHS, CAC, fait part de la décision d’arrêter «totalement» le travail de 8h jusqu’à 16, tout en assurant les gardes de nuit et des week-ends et jours fériés. «Aucun résident ne sera en mesure d’assurer le travail de 8h à 16h aux services comme aux urgences », lit-on sur la missive du Camra. Pour rappel, les revendications des résidents portent essentiellement sur l’abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l’intérêt du patient et l’épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste, le droit à la dispense du service militaire, le droit à une formation de qualité pour le médecin résident, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales, ainsi que le droit à l’agrément d’installation à titre privé de spécialistes en biologie clinique.
Lamia Boufassa