Très attendu sur la question des incidents violents ayant émaillé la grève des commerçants observée au niveau de certaines régions relevant de Béjaia et Bouira, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réagi jeudi à Alger, en affirmant que l’Algérie demeure inébranlable.
C’est en effet en marge d’une cérémonie consacrée au versement des droits d’auteurs au profit d’artistes algériens, que le premier responsable du gouvernement a tenu une déclaration succincte, certes, mais assez pointée.
Ainsi, il accuse «des parties anonymes chargées d’une mission» et visent selon lui à déstabiliser le pays. En revanche, il croit que les instigateurs d’une telle entreprise sont loin du compte, dès lors qu’il qualifie leurs tentatives d’une lettre morte. Il s’agit d’une première déclaration tenue par Sellal, depuis le déclenchement des émeutes ayant entraîné lundi dernier des localités de cette région dans l’anarchie, avant que le calme ne revienne progressivement le mercredi suivant. À rappeler qu’en ce début de nouvel an «bouillonnant», de violents incidents ont surgi suite à une grève observée par les commerçants en réponse à des appels anonymes largement relayés sur les réseaux sociaux quelques jours plutôt. Selon les initiateurs occultes d’une telle manifestation, il s’agira de dénoncer les mesures d’austérité contenues dans la Loi de finances 2017 qui prévoit l’augmentation de certaines taxes avec des répercussions négatives sur le pouvoir d’achat. Des routes coupées à la circulation, des saccages d’édifices publics et privés, des magasins dévastés et volés, des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, telle est la scène qui a marqué les chefs-lieux urbains de ces localités au courant de la semaine écoulée. Face à ces événements et cette situation d’anarchie, Sellal semble même prendre de la hauteur, dans la mesure où il impute la responsabilité à ces parties anonymes, ou mieux encore ceux qui ont semé le trouble à travers ce qui est prétendument appelé «Printemps arabe». À ces auteurs, le premier responsable de l’Exécutif tient une réponse pour le moins décevante à leur égard. «L’Algérie est un pays stable et vos tentatives visant sa déstabilisation seront vaines», a-t-il tenu comme réplique, en précisant que les manifestations violentes de Béjaia n’ont aucun lien avec ce que les auteurs d’une telle entreprise «vaine» appellent «Printemps arabe». Sellal le dit sans ambages en affirmant que le pays est loin de faire la proie aux graves turbulences qui ont vu embourbés des pays de la région dans des crises politico-sécuritaires, à l’image de la Syrie, la Libye, l’Egypte et l’Irak. Mieux encore, il assure que l’Algérie s’inscrit plutôt dans une autre trajectoire en évoquant le nouvel an berbère «Yennayer» qui sera célébré le 12 janvier prochain, soit jeudi. Devant ce qu’il considère de tentatives ou de menaces de la stabilité du pays, le premier responsable du gouvernement passe à l’offensive, en assurant que l’État ne laissera pas faire ces ennemis. «L’État fera barrage à toute tentative de déstabilisation visant l’Algérie», a-t-il averti. D’autre part, en revenant aux incidents de Béjaia, Sellal estime que n’en déplaise aux «pyromanes», le gouvernement voit le verre à moitié plein. En effet, il soutient que les autorités publiques doivent tirer par là une leçon positive et que l’Exécutif œuvrera davantage à poursuivre son plan d’action initié à l’effet de transcender la crise financière que traverse le pays. Il en veut pour preuve à ses dires, les appels émanant de divers horizons de l’Algérie et qui recommandent aux manifestants de faire preuve de vigilance, de calmer les esprits et de revendiquer leurs droits sommes toutes «légitimes» de manière pacifique. À ce titre, Sellal n’a pas manqué de saluer cette initiative. Du coup, la position officielle du gouvernement s’ajoute au lot de condamnations tous azimuts des actes de violence survenus dans cette région du pays. À ce titre, à rappeler que plusieurs partis politiques toutes tendances confondues, des organisations de la société civile et des personnalités nationales ont été unanimes à rejeter la violence et étaient au même temps d’un appel commun pour le calme et l’apaisement. Aussi, le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, a de son côté réagi illico à ces événements en appelant au calme et en rappelant aux manifestants à respecter les lois de la République.
Farid Guellil