La diplomatie algérienne va passer, dans les prochains jours, à la vitesse supérieure pour faire face aux défis qui se posent au pays et aux menaces potentielles qui pointent à ses frontières. La normalisation des relations diplomatiques du Maroc avec l’entité sioniste, la crise libyenne, la violation du cessez-le feu au Sahara occidental par l’armée marocaine ou encore la situation au Mali, seront autant de dossiers que devra traiter le ministre des affaires étrangères Sabri Boukadoum.
Le retour du président de la République au pays devra en principe donner un coup de starter à un véritable plan de relance de la diplomatie algérienne, aussi bien à l’échelle régionale que mondiale. Le rôle de l’Algérie dans le concert mondial a reculé ces dernières années en raison de la situation que connaissait le pays et en raison d’une approche par l’ancien président, qualifiée de gauche par de nombreux observateurs. Il y a quelques années, le ministère des Affaires étrangères était flanqué de secrétariats d’État (aux affaires maghrébines entre autres), qui avaient créé une confusion dans son action.
Le président de la République qui a exprimé sa volonté de redonner à la diplomatie toute son efficacité pour mieux défendre les intérêts du pays dans le concert mondial, semble avoir défini les priorités que devra prendre en charge, dans les prochains jours, M. Sabri Boukadoum. M. Tebboune avait indiqué, dans son dernier message vidéo, publié sur Twitter, que l’Algérie suivait de près l’évolution de la situation dans la région et qu’elle n’a pas été prise de court par la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël, qu’elle considérait comme l’aboutissement d‘un processus engagé depuis longtemps. Il a également dénoncé le coup de force de l’armée marocaine dans la région d‘El-guerguerat et rappelé les positions de principe exprimées par l’Algérie.
C’est un plan d’action qu’il a défini au ministre des affaires étrangères qui pourrait entamer, dans les prochains jours un périple pour regagner le terrain perdu depuis des années, par la faute d’une mauvaise approche développée par les anciens gouvernements. Le Maroc qui agissait en maitre des lieux sur la scène continentale en raison du retrait de l’Algérie, devra s’attendre, dans les prochains, à une véritable offensive diplomatique pour réduire son hégémonie au niveau de l’Union africaine et au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, où il profitait du soutien de la France pour casser tout le travail réalisé dans le cadre de la mise en œuvre d’un référendum d’autodétermination, au prix de négociations ardues avec le Polisario à Manhasset (USA).
La Libye, devenue un champ où s’affrontent de nombreux intérêts des grandes puissances, devra également bénéficier de l’intérêt de M. Sabri Boukadoum. Les négociations pour un cesse-le feu durable dans ce pays sont souvent sabordées par ces puissances qui développent, au motif de la Realpolitik, un discours ambigu dans le traitement du dossier de la paix dans ce pays.
L’autre dossier qui devra sûrement connaitre le retour tonitruant de la diplomatie algérienne est le Mali. La France qui tente d’utiliser les canaux officieux pour négocier le désengagement de sa force Barkhane dans le nord de ce pays, devra compter avec la diplomatie algérienne qui est décidée, cette fois, à peser de tout son poids pour assurer un retour au calme au niveau de ses frontières sud, dans le strict respect de sa souveraineté.
Slimane Ben