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Front du changement : Menasra encense Erdogan

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L’issue de la tentative de coup d’Etat militaire qui a eu lieu le 15 juillet dernier en Turquie et qui a failli emporter le président Erdogan, n’en finit pas d’être saluée par les responsables des partis de la mouvance islamiste nationale connus pour appartenir ou être proches de la famille idéologique – celle des Frères musulmans – dont se réclame le Parti de la justice et du développement, la formation, dirigée par le président turc, qui occupe, depuis quelques années, le haut du pavé de l’échiquier politique de ce pays.
Ainsi, le premier responsable du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, est allé, jusqu’à consacrer à cet évènement la 24ème édition du Forum du changement, une rencontre que son parti organise mensuellement sur des thèmes d’actualité. Plus politique, dans le sens de plus diplomate, que Abderrezak Mokri le président du Front du changement, comme son « collègue » du MSP, a préféré se limiter à tirer des leçons de l’évènement qui a ébranlé la Turquie le 15 juillet dernier. Des leçons positives, il y va de soi, qui lui ont servi à faire une lecture critique de la situation prévalant dans notre pays. Et, subrepticement, à suggérer que le pays gagnerait à suivre l’exemple turc. Une démarche toute contenue dans le choix du thème de la 24ème édition du Forum du changement : « Le peuple, l’armée et la démocratie », c’est le triptyque sur lequel s’est appuyé Menasra pour, d’un côté, encenser le président turc. Et, de l’autre, « piquer » le pouvoir (algérien) en place. En insistant sur la part prise par le peuple dans l’échec de la tentative de coup d’Etat militaire du 15 juillet, le premier responsable du FC a, certes, mis en exergue son haut niveau de politisation mais il asurtout voulu démontrer la popularité d’Erdogan. Et ce, en rappelant que c’est à l’appel de ce dernier que le premier, dans lequel il a eu l’honnêteté intellectuelle d’inclure les partisans des autres courants politiques existants sur l’échiquier politique turc, a investi la rue pour crier son refus du coup d’Etat en cours.
Et que c’est cette « sortie » du peuple qui a déterminé les autres parties de l’armée (turque), opposées au coup d’Etat mais qui étaient restées jusque-là dans l’expectative, à réagir dans le sens de la préservation des institutions officielles. Concernant l’armée turque, Abdelmadjid Menasra n’a pas manqué de souligner la grande évolution qu’elle a connu depuis le coup d’Etat militaire de 1980, le dernier des trois que le pays a subi depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ; une évolution due essentiellement, a-t-il expliqué, « à son contact permanent avec une pratique démocratique qui lui a fait perdre la culture putschiste qui la caractérisait ». Toujours à propos de l’armée, il a clairement déclaré que « dans un système démocratique bien établi son rôle n’est pas de défendre la démocratie mais de s’occuper de ses attributions constitutionnelles de défense de la souveraineté et de l’intégrité nationales et de la cohésion et de l’unité du peuple ». Pour le président du FC la défense de la démocratie incombe, en effet, «aux institutions démocratiquement élues et aux partis représentatifs de la volonté du peuple ». Ce qui suppose, a-t-il ajouté, dans une pique à peine voilée adressée au pouvoir en place, «une volonté claire d’associer plus franchement, par le biais de ses représentants légitimes, ce dernier à la vie politique du pays et une volonté sincère et franche de se départir de toute attitude d’exclusion et de marginalisation de l’opposition ». C’est à ces objectifs de plus grande démocratisation de la vie politique nationale et d’une plus grande association de l’opposition à cette vie que s’attèle, selon son leader, le Front du changement. Et ce, a-t-il précisé, « par des actions continues de formation, en direction de ses militants, et d’échanges avec les autres forces politiques nationales, quelle que soit l’idéologie qu’elles professent ». Interrogé sur la participation de sa formation politique aux élections locales et législatives de 2017, Abdelmadjid Menasra, qui, au passage, n’a pas manqué de critiquer les desseins du pouvoir de fermer davantage le jeu politique et ce, par son adoption de la nouvelle loi électorale, a préféré ne pas se prononcer, d’une manière tranchée, pour le moment. Sauf que la suite de sa réponse quant à son désaveu de la politique de la chaise vide, laisse supposer que le FC prendra part aux prochaines échéances électorales. Une participation qui sera davantage acquise si, a-t-il laissé entendre dans le sillage de son souhait de la voir s’occuper de ses seules attributions constitutionnelles, « l’armée cesse, en participant à remplir les urnes au profit de certains partis qui lui sont proches, de servir d’outil au pouvoir… »
Mourad Bendris

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