Sans attendre la promulgation d’une loi criminalisant les critiques de la normalisation, actuellement en débat au parlement, la justice marocaine a condamné un activiste marocain, Abdul Rahman Zankad, a une peine de cinq ans de prison assortie d’une amende de près de 5000 dollars US.
Ce dernier, originaire de Mohammedia , a été arrêté en mars dernier après avoir publié sur Facebook des messages dénonçant l’agression israélienne contre Ghaza et la décision prise par le Maroc en 2020 d’établir des liens diplomatiques avec Israël, a indiqué l’ONG « l’Espace marocain des droits de l’Homme » dans un communiqué. Curieusement et pour justifier les poursuites judiciaires engagées contre lui et son arrestation qui ne repose sur aucun texte juridique ( la loi anti adversaire de la normalisation ndlr), la justice a pris un raccourci en le reconnaissant coupable d’insulte à une institution constitutionnelle, le roi, et d’incitation à la rébellion, a indiqué la même source qualifiant les accusations de sans fondement et déclarant que la procédure violait le droit de Zankad à un procès équitable. Il faut préciser dans ce cadre que le front anti-normalisation est très fort au Maroc. Chaque jour des villes marocaines accueillent des dizaines de milliers de manifestants qui scandent des slogans dénonçant les massacres commis par Israël et exprimant le soutien du peuple marocain à la cause palestinienne. Ces derniers ne manquent aucune occasion pour appeler à la dénonciation des accords d’Abraham signés par le royaume et qui scellent la normalisation des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv. L’affaire « Zankad » risque de se répéter, dans les prochains jours, puisque les services de la police et de la gendarmerie ont été instruits de réprimer ces manifestations et d’arrêter ceux qui sont fichés comme activistes et meneurs des manifestants. Il faut rappeler par ailleurs que depuis le début de l’agression israélienne contre Ghaza, les autorités marocaines avaient toléré les manifestations organisées par le front anti-normalisation. Toutefois, dernièrement, elles ont interdit un rassemblement qui devait se tenir dans une université du nord du Maroc. Abdul Rahman Zankad est membre de l’association islamiste ‘ »Al Adl Wal Ihsane » qui est interdite mais qui a réussi à s’imposer comme élément moteur des manifestations de soutien au peuple palestinien organisées dans le pays. Par ailleurs, d’autres activistes ont été poursuivis en justice et condamnés à l’instar de Saïd Boukyoud, qui a écopé , au mois de novembre de trois ans de prison pour avoir insulté le roi dans une série de messages sur les réseaux sociaux. 13 autres manifestants ont été arrêtés à Sale, en novembre, pour incitation et organisation d’une manifestation non autorisée après avoir bloqué l’entrée du supermarché français Carrefour. Ces derniers n’ont encore comparu devant un tribunal et continuent de croupir en prison. Il faut préciser dans ce cadre que les rapports entre la famille royale et Israël ne datent pas d’aujourd’hui. L’histoire retient que la défaite du 5 juin 1967, a été facilitée par un acte de traitrise du roi Hassan II, qui avait remis à une équipe du Mossad qui avait séjourné au Maroc durant la tenue d’un sommet de la Ligue arabe en 1966, une copie des minutes des travaux du sommet et ses résolutions secrètes. La famille royale a toujours servi les intérêts d’Israël et la normalisation n’a été qu’un acte pour rendre publique, une attitude et un asservissement longtemps tenu secret. Le palais royal se mobilise chaque année, depuis des décennies, pour faciliter l’arrivée et le séjour, de milliers de juifs du monde entier venus célébrer la traditionnelle fête de la « Hiloula ». De nombreux ministres responsables et ministres israéliens, même ceux du gouvernement actuel d’extrême-droite, sont d’origine marocaine. Le premier conseiller du roi, André Azoulay, décoré de la plus haute distinction par le président israélien, tient bien les rênes du Maroc. Des organisations marocaines ont récemment tiré la sonnette d’alarme en affirmant qu’Israël, voudrait faire du Maroc une terre de substitution en cas de perte de terrain en Palestine. L’arrivée de nombreux investisseurs Israéliens et les premières acquisitions de terrain signalées à travers le royaume sont, pour ces associations, les signes annonciateurs d’une volonté de prendre possession du Maroc pour en faire une terre de substitution. Et c’est ce qui explique, selon de nombreux analystes l’entêtement de Rabat à poursuivre son occupation, au mépris de toutes les lois, du Sahara occidental.
Un royaume voué au blanchiment de l’argent sale
Curieusement, ces appréhensions sont appuyées par le rapport annuel de l’Autorité nationale de l’information financière pour l’année 2022, remis par le chef de l’autorité, Johar Al-Nafisi, au Premier ministre Aziz Akhannouch, qui a confirmé l’augmentation d’opérations suspectes de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. L’autorité a reçu plus de 5 000 déclarations suspectes au cours de l’année 2022, dont 54 dossiers ont été déférés aux procureurs du Roi près les tribunaux de première instance de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu’au procureur général du roi près la cour d’appel de Rabat, note-t-on. L’autorité a indiqué que le pourcentage d’augmentation du nombre de dossiers saisis au cours de l’année 2022 par rapport à l’année 2021 est estimé à 25,58%, et les dossiers pouvant être liés à des actes de faux, ou de falsification de relevés bancaires, de moyens de paiement, ou les autres documents constituent environ 50 % des dossiers portés devant les tribunaux compétents de première instance. Selon d’autres sources, ces mouvements de capitaux suspects proviennent d’opérations dans lesquelles sont partie prenante des investisseurs ou des capitaux israéliens. De nombreux dossiers de projets d’investissement déposés au niveau de la chambre marocaine du commerce, ne fournissent pas suffisamment d’informations sur la traçabilité des fonds destinés à financer les travaux d’où la crainte de certains analystes marocains de voir le système bancaire du pays se transformer pour devenir un nouveau paradis fiscal destiné au blanchiment de l’argent sale.
Slimane B.