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France / Primaire de la droite : Juppé veut «mettre toute la gomme» pour le second tour

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Le maire de Bordeaux entend dénoncer le projet économique ultralibéral de Fillon, ressusciter l’antisarkozysme et miser sur le débat télévisé de jeudi soir.

Tout donner pour renverser la vapeur. Alain Juppé a décidé de mener une campagne offensive dans l’entre-deux tours de la primaire de la droite, dans l’espoir de combler son retard sur François Fillon. « Je me lance à fond dans cette campagne du second tour», a-t-il déclaré, lundi 21 novembre au « 20 heures » de France 2, promettant de « mettre toute la gomme ». Le maire de Bordeaux (Les Républicains) n’a pas vraiment d’autre choix s’il veut garder une chance de s’imposer dimanche 27 novembre. La veille, celui qui a été longtemps le favori des sondages a finalement terminé deuxième, près de seize points derrière le député LR de Paris (28,5 % contre 44,1 %). Après l’annonce des résultats, la première réaction de son équipe a été l’incrédulité et la stupéfaction. «Personne ne peut expliquer ce qu’il s’est passé. Prendre trente points en trois semaines, c’est du jamais-vu», témoigne un proche du candidat. Ce matin, après une courte nuit, les juppéistes ont relevé la tête. «On se battra jusqu’au bout. On s’est dit qu’on n’allait pas laisser une seule droite s’exprimer. Il y a de la place dans le pays pour une autre droite. » Même s’il est nettement à la traîne, M. Juppé a affiché sa détermination, dès dimanche soir, en affirmant vouloir « continuer le combat ». La stratégie pour les six derniers jours de campagne a été calée lors d’une réunion avec sa garde rapprochée, lundi.

Médias à haute dose
L’objectif premier est de remotiver les troupes, après la claque de dimanche soir. « On a remobilisé tous les animateurs des comités AJ », explique l’entourage du candidat. Mais l’essentiel n’est pas là… « Les priorités cette semaine, ce sont les interviews et la présence médiatique, on va tirer dans tous les sens.» Deux entretiens sont prévus dans la presse écrite (au Figaro de mardi et à L’Express) et deux «20 heures», dont celui de France 2 lundi soir. Le maire de Bordeaux a décidé de ne pas tenir plusieurs grands meetings, comme cela avait été évoqué, mais des médias à haute dose pour faire passer son message : la droite de Fillon n’est pas la sienne. Dès lundi soir, M. Juppé a chargé bille en tête le député de Paris, en utilisant tous les angles d’attaque que son équipe lui avait préparés la veille. Le premier : présenter son rival comme le tenant d’un projet économique ultralibéral, qui serait dangereux pour le modèle social français. «Son programme est d’une très grande brutalité sociale. Supprimer 500 000 emplois de fonctionnaires, porter la durée du travail dans la fonction publique dès 2017 à 39 heures, augmenter la TVA de 16 milliards d’euros sont des mesures d’une certaine brutalité, dont certaines sont inapplicables», a-t-il dénoncé, avant de mettre en garde : «Une rupture, ça ne doit pas consister à casser la baraque, qui est fragile.» Lui prétend disposer de réformes «réalistes et crédibles».
L’autre angle d’attaque, sociétal, consiste à présenter M. Fillon comme un réactionnaire. Dès dimanche soir, le maire de Bordeaux a donné le ton, en insistant sur sa volonté de «préparer l’avenir, plutôt que de cultiver la nostalgie du passé». Lundi, il a enfoncé le clou. «François Fillon appartient à une famille traditionaliste sur le rôle des femmes, sur la famille, sur le mariage. Moi, je suis plus ouvert au modernisme», a-t-il estimé, en critiquant les «ambiguïtés» de son rival sur le droit à l’avortement.

Un débat pour inverser la tendance
Dans l’espoir de mobiliser les électeurs du centre et de gauche, M. Juppé tente également de ressusciter l’antisarkozysme – sur lequel il a fondé sa campagne de premier tour – en évoquant « la reconstitution de l’équipe Fillon-Sarkozy qui nous a dirigés de 2007 à 2012 », après le ralliement de M. Sarkozy, battu dimanche, à son ex-premier ministre. Enfin, il tente d’incarner le vote utile, en affirmant qu’il est mieux placé que M. Fillon «pour faire échec à Marine Le Pen» à la présidentielle. Allusion au désistement de François Bayrou en sa faveur, s’il gagne la primaire.
Le camp Juppé mise beaucoup sur l’ultime débat télévisé, prévu jeudi soir sur TF1, France 2 et France Inter, pour inverser la tendance. «C’est là que tout peut se jouer, j’en ai bien conscience. Cela peut changer l’orientation générale du vote du second tour», a expliqué le candidat à ses soutiens parisiens réunis à son QG, lundi, en réaffirmant sa volonté de mener le combat « projet contre projet». «Il n’y aura pas de coup en dessous de la ceinture, mais il faut contraindre Fillon à s’expliquer sur un certain nombre de ses propositions, explique Gilles Boyer, directeur de campagne de M. Juppé. Notre but est d’éclairer les électeurs sur son projet.» Pour le camp Juppé, «une deuxième campagne commence», où tout est possible. «Fillon a pris trente points en trois semaines, observe le député de la Marne, Benoist Apparu. Soit les gens se sont décidés tardivement, soit il y a une volatilité très forte et ça peut revenir vers nous.» «Fillon a gagné vingt points en une semaine en cassant la baraque.
Nous, on va regagner vingt points en renversant la table !», veut croire Maël de Calan, un des porte-parole du maire de Bordeaux. Toujours très rationnel, M. Juppé veut cette fois croire aux miracles : «Il y a eu une surprise, il peut y en avoir une autre.»

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