Décidément, les autorités françaises ont de sérieux problèmes de raisonnement. Aux dernières nouvelles, Retailleau a passé le relais à son collègue du gouvernement, Jean-Noël Barrot. Il lui a refilé le dossier des OQTF qui sont des documents relevant des préfectures et donc du ministère de l’Intérieur. Barrot, sans trop réfléchir, a remis le dossier (il s’agit d’une « liste de ressortissants algériens faisant l’objet de décisions d’éloignement du territoire français ») au chargé d’affaires de notre ambassade à Paris, vendredi dernier. Réponse simple et percutante, lundi dernier, de notre ministère des Affaires étrangères au chargé d’affaires de l’ambassade de France à Alger avec cette recommandation : prière de « suivre le canal d’usage, en l’occurrence celui établi entre les Préfectures et les Consulats ». Autrement dit « sortez des chemins sinueux et retournez aux procédures habituelles ! ». Ce conseil que donne l’Algérie aux autorités françaises est nécessaire, sachant que depuis des semaines, à la seule énonciation du mot « Algérie » les membres du gouvernement français sont pris de troubles cognitifs. Retailleau qui se fait recadrer par le parquet de Paris, Barrot qui recadre Retailleau et Moussa Darmanin. Macron qui recadre Bayrou.
Ces troubles vont jusqu’à des dépassements surprenants. Comme l’ultimatum de « six semaines avant de dénoncer l’accord de 1968 » lancé à l’Algérie par Bayrou devant un Retailleau et une Borne qui ne cachaient pas leur ravissement. Se sentant dépossédé de ses prérogatives, Macron remet à leur place ses trois subordonnés en leur rappelant sèchement : « L’accord de 1968 relève de mes compétences ». Comme on peut le constater, les troubles cognitifs sont profonds et persistants. À tel point que le ministère algérien des Affaires étrangères a cru devoir rappeler une énième fois, lundi dernier, « son rejet catégorique des menaces et des velléités d’intimidation, ainsi que des injonctions, des ultimatums et de tout langage comminatoire ». Il faut savoir également que le Retailleau, dans son délire et se croyant malin, a agité sa démission « si Paris renonce à un rapport de force avec l’Algérie ». Pensant mettre en difficulté le gouvernement et l’exposer au risque d’une nouvelle motion de censure. Certains pensent que c’est pour plaire aux membres du Parti de droite « Les Républicains » et ainsi reconquérir cette formation en vue de l’élection présidentielle.
En réalité, Retailleau veut déplumer, à son profit, les partis de l’extrême droite et pas seulement ceux de la droite. On comprend mieux les enjeux que représente cette fixation sur l’Algérie et ses multiples prétextes divers et variés pour plaire à un électorat haineux et revanchard. Ceci alors que « l’Algérie n’est animée que par le souci de s’acquitter de son devoir de protection consulaire à l’égard de ses ressortissants », est-il souligné dans le communiqué publié lundi dernier par notre ministère des Affaires étrangères. Pour ce faire, aucun dépassement français ne sera accepté !
Zouhir Mebarki