Le hasard a fait que le jour du lancement, à partir de l’aéroport d’Alger, du dispositif aérien de lutte contre les incendies de forêt, à une vingtaine de kilomètres de là, un individu a tenté de s’immoler par le feu. La question n’est pas la coïncidence. Mais les deux séquences ont ceci de commun : les maîtres de la propagande et leurs prosélytes qui ont soufflé sur le brasier des étés 2021 et 2022, vont de pair avec ceux qui s’enflamment, aujourd’hui, sur l’affaire du jeune Fouzi Zagout.
La tentative d’immolation par le feu du natif de Frenda qui, en un clin d’œil, fait le tour des rédactions, en France et au Maroc, peut-elle être banale ? Loin s’en faut. D’abord, plaçons les choses dans leur contexte. Le parquet de Bir Mourad Raïs a ouvert une enquête pour élucider les circonstances de cette affaire. À priori, plusieurs questions nous traversent l’esprit. Comment un jeune supposé victime d’injustice a, on ne sait pour quels desseins inavoués, fait le déplacement, de Tiaret jusqu’au siège du ministère de la Justice à Alger, pour s’immoler par le feu ? Si tant est qu’il se soit victime, pourquoi recourir au suicide au lieu de réclamer justice ? Le choix de la Capitale aussi interroge. Agiter à Alger cet acte qui aurait pu être irrémédiable, si ce n’était l’intervention salutaire des agents de sécurité du ministère et ceux de la Protection civile, vise à frapper les esprits, à terrifier la population et à générer l’effet médiatique. Pour une scène qui plus est filmée et dont l’auteur est resté froid face au drame, nous sommes face à une machination qui présente toutes les preuves d’un plan de déstabilisation. L’affaire est en instruction. Laissons la justice travailler pour répondre à toutes ces questions. Ainsi qu’à d’autres comme celles connaître l’identité et le rôle des complices de Fouzi. À savoir celui qui l’a transporté de Tiaret vers Alger et celui qui a filmé la scène. Est-ce que les parties, ici et ailleurs, qui s’empressent à dénoncer une injustice savent que le jeune de Frenda est poursuivi dans deux affaires ? L’une est liée à « l’exercice d’une activité associative sans agrément, usurpation de fonction et collecte de dons sans autorisation » et l’autre elle est relative à « l’incitation à un attroupement non armé et blocage de la voie publique entravant la circulation ». On sent une grossière manipulation dont a fait sienne les animateurs de l’agitprop nationale. Or, le bon sens voudrait que l’on fasse preuve de prudence au lieu de dégainer. Hélas, ils subsistent ceux qui fantasment sur les périodes de transition. Quant aux médias français et marocains, leurs maîtres ont l’imagination fertile. Les relais de la propagande anti-algérienne ont rappelé, non sans reflexe perfide, le vendeur tunisien Mohamed Bouazizi pour raviver les scénarii du chaos dit « Printemps arabe » dont la Tunisie a été, en 2011, le point de départ d’une entreprise de déstabilisation visant notre région. L’Algérie est toujours dans le collimateur de ses ennemis. Sauf que ces derniers doivent savoir que l’Algérie de 2025 n’est pas celle de 2019, ni celle de 2011 et ni encore moins celle de 1990. Cela dit, la vigilance doit rester de mise.
Farid Guellil