Invité hier du Forum du Courrier d’Algérie, l’ambassadeur de la République du Nicaragua à Alger, Carlos Eduardo Diaz Moreira, a abordé avec les journalistes les sujets internes à son pays, les relations bilatérales avec l’Algérie, ainsi que les questions internationales d’intérêt commun.
A commencer par l’actualité mondiale marquée depuis le 7 octobre 2023 par le génocide sioniste contre le peuple palestinien à Ghaza et, maintenant, au Liban et en Iran là où les forces d’occupation ont étendu leur guerre en cherchant à embraser tout le Moyen-Orient. Tout près de nous, dans la région à savoir, il y a eu le peuple sahraoui qui continue à subir l’oppression, la répression et les violations des droits de l’homme par les forces d’occupation marocaine. S’exprimant à ce sujet, l’ambassadeur du Nicaragua à Alger a relevé des similitudes entre les deux entités occupantes. « Ce sont deux modèles d’impérialisme et de colonialisme similaires qui reposent essentiellement sur l’économie de guerre et qui visent à isoler les peuples libres. Ce sont aussi deux modèles de pillage et de vol menés sous couvert du capitalisme sauvage qui cherchent le profit à travers la vente et l’achat des armes. Ce dernier étant l’oxygène qui fait vivre les guerres », dénonce le diplomate du Nicaragua. Carlos Eduardo Diaz Moreira a ajouté que les régimes impérialistes et coloniaux visent également à effacer l’identité, la personnalité, la fierté et l’histoire des peuples qu’ils oppriment. Ainsi, tout comme les Palestiniens et les Sahraouis aujourd’hui, le peuple du Nicaragua a été victime des années durant des pratiques de l’impérialisme américain. « C’est pour toutes ces raisons que le Nicaragua soutient les peuples palestinien et sahraoui », a-t-il affirmé. Abordant la question de la rupture des relations avec l’entité sioniste, le représentant du Nicaragua en Algérie a rappelé un antécédent à l’origine de cette décision. Autrement dit, les déclarations de l’ambassadeur et consul sionistes au Costa Rica, et selon lesquelles « il existe désormais une base terroriste au Nicaragua qui sert de plate-forme au terrorisme dans la région. » À cet égard, rappelle l’ambassadeur du Nicaragua la position de son pays dans un message adressé au SG et aux membres de l’ONU. « Le Nicaragua rejette ces déclarations, qui visent à détourner l’attention du génocide perpétré par Israël dans les territoires palestiniens occupés, des violations flagrantes du droit humanitaire international, ainsi que des crimes systématiques contre l’humanité et des crimes de guerre qui sont le résultat d’une politique de terrorisme d’État. », pouvait-on y lire. En plus de rompre ses relations, le Nicaragua a rejoint les actions du front contre le génocide sioniste à Ghaza comme celles d’intervenir en faveur du peuple palestinien au procès intenté contre Israël à la Cour internationale de justice.
« Nous avons vaincu l’impérialisme »
Dans la foulée, le Nicaragua a dénoncé « l’escalade des déclarations d’Israël contre le Nicaragua » qui « constitue une tentative inacceptable de discréditer les actions opportunes et légales que le Nicaragua entreprend pour défendre le droit international et la Charte des Nations unies », réaffirmant que « le gouvernement et le peuple du Nicaragua resteront fermes dans le respect de leurs obligations internationales et dans l’exercice souverain de leurs droits à entretenir des relations internationales avec les gouvernements et les peuples du monde dans des conditions d’égalité et de solidarité. » En parlant de l’exercice souverain des droits des peuples, le Nicaragua, rappelle son ambassadeur à Alger, renvoie aussi au peuple sahraoui qui aspire à la liberté et à l’indépendance dans le cadre du référendum d’autodétermination.
Interrogé sur l’union des peuples latinos pour faire face aux puissances impérialistes, notamment l’Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), l’ambassadeur du Nicaragua a expliqué que cette initiative est un modèle d’intégration pour les pays de la région et un cadre contre le fascisme et le capitalisme dont l’idée appartient au grand révolutionnaire et défunt président du Cuba Fidèle Castro. L’ALBA, selon notre invité, c’est aussi un rempart contre la destitution de gouvernements élus démocratiquement. « C’est là que l’organisation de l’Amérique latine et des caraïbes (Groupe des États d’Amérique latine et des Caraïbes (GALC) a été créé. C’est un mécanisme parallèle aux mains des États-Unis et qui sert les intérêts mesquins du capitalisme et contre l’autodétermination de nos peuples », a-t-il dénoncé, faisant observer que « Par contre la CELAC (Communauté d’États latino-américains et caraïbes) respecte l’intégration des peuples, instruit la solidarité face à des situations de crises et reconnait la dignité et la bravoure de nos peuples ».
« 45 ans de révolution sandiniste »
Par ailleurs, Carlos Eduardo Diaz Moreira est revenu longuement sur les étapes franchies par son pays pour sortir du joug de l’impérialisme américain et se tourner résolument vers le développement du pays et ce au mieux des intérêt du peuple du Nicaragua. Il fait une rétrospective de 17 années de la Révolution sandiniste. A commencer par le secteur de l’Education dont le modèle correspond à « la formation aux valeurs, à l’identité nationale, à l’estime de soi et au développement socio-émotionnel. » Aujourd’hui, le Nicaragua dispose de 1,2 million d’enfants scolarisés, qui bénéficient de paquets scolaires comprenant les fournitures nécessaires à leur développement intégral, plus de 8 000 écoles reçoivent le goûter scolaire qui fait partie de l’alimentation qui contribue à développer efficacement les processus d’apprentissage des filles et des garçons…Pour l’enseignement technique, il a été proposé de former 499 000 étudiants dans tout le pays avec 61 centres technologiques, 70 carrières techniques réparties dans 3 secteurs productifs, à savoir le secteur du commerce, de l’hôtellerie et du tourisme, le secteur de l’industrie et de la construction et l’agriculture, élevage et sylviculture. Quant à l’enseignement supérieur, il s’adjuge 6 % du budget de l’Etat pour un secteur qui dispose de 11 universités. D’ici à 2024, le pays propose que la couverture atteigne 180 220 jeunes, avec une croissance de 53 000 étudiants en 2024.
Concernant la santé, le Nicaragua se distingue par un modèle familial et communautaire, avec un accès gratuit et universel aux soins. En 2006, le pays comptait 32 hôpitaux. Fin 2023, il disposera du plus grand réseau hospitalier public d’Amérique centrale avec 75 hôpitaux, 141 centres de santé, 1 370 postes de santé, 181 maternités et 14 centres spécialisés. Par ailleurs, le Nicaragua dispose d’hôpitaux avec des services de référence nationale, des équipements spécialisés et une qualité internationale. Sur les routes et infrastructures, notre invité a fait savoir que son pays en 2023 de 5 289 km de routes, ce qui représente une croissance de 763 % en 16 ans de gouvernement sandiniste.
L’accès à l’électricité et à Internet haut débit
En 2006 et avant le début de la deuxième phase de la révolution, le pays a fermé avec un rationnement de 14 heures par jour, seulement 54% des familles nicaraguayennes avaient de l’électricité, avec 75% de la production basée sur les combustibles fossiles.
A la fin 2023, 70 % de la production d’électricité était basée sur des sources d’énergie renouvelables, ce qui place le Nicaragua à la 8e position des pays qui progressent le plus dans leur transition vers les énergies renouvelables. Le Nicaragua a lancé un plan de mobilité électrique avec la mise en place de véhicules électriques et l’installation de 83 points de charge.
Alors que début de 2007, il n’y avait que 984,4 km de fibre optique, le Nicaragua disposerait de 5 877,63 km de fibre optique d’État à fin 2023, reliant les centres d’études, les hôpitaux, les parcs et les bibliothèques dans 136 municipalités du pays.
Concernant le secteur des mines, grâce à un cadre juridique moderne et à un régime fiscal équitable, l’industrie minière et artisanale a fait de l’or le principal produit d’exportation du pays, avec 520 000 onces d’or troy.
Capacités agro-exportatrices
En termes de production agricole, nous avons progressé de 2006 à 2023, avec une croissance de 112,5 %, dont 125,9 % pour l’agriculture et 99 % pour l’élevage. Nous sommes passés d’une agriculture de subsistance à une agriculture qui approvisionne les marchés nationaux et qui a une capacité agro-exportatrice. Les produits agro-exportés ont connu une croissance moyenne de 111,4 %, les augmentations les plus importantes concernant la production d’arachides, de café, de bananes, de tabac, de cacao et de palmiers africains. La production de viande bovine a augmenté de 78 % par rapport à 2006. La production nationale de lait et la collecte dans les usines industrielles et artisanales ont augmenté respectivement de 121 % et 171 %. La production avicole a enregistré de bons résultats au cours des 17 dernières années, avec une croissance moyenne de 85 % pour la production de viande et de 60 % pour la production d’œufs.
Farid Guellil