À la faveur de la visite officielle à Alger du président du gouvernement espagnol l’Algérie et l’Espagne ont réaffirmé, au cours d’un Forum d’Affaires, l’impératif de renforcer et de consolider leurs relations économiques à travers l’exploration de davantage d’opportunités de partenariat dans divers domaines d’activité. S’exprimant à l’ouverture des travaux du forum tenu dans le cadre de cette visite, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a indiqué que les entreprises espagnoles pourront coordonner avec leurs homologues algériennes pour parvenir à de véritables opportunités de partenariat et d’investissement au niveau du marché algérien où elles trouveront toutes les conditions de croissance et de prospérité. Abdelaziz Djerad a appelé à » se focaliser sur les principaux secteurs que le programme d’action du Gouvernement vise à promouvoir, à savoir les hydrocarbures, les énergies renouvelables, les industries manufacturières, l’industrialisation, le tourisme et l’économie du savoir ». « Les relations commerciales entre les deux pays ont été impactées par la crise du coronavirus. Cependant, nos économies disposent des capacités suffisantes pour y faire face, ce qui fait de cette crise une opportunité pour développer d’autres formes de coopération et de partenariats adaptées aux nouvelles exigences », a déclaré M. Djerad. De son côté, le Chef du gouvernement espagnol a souligné que « le volume des investissements et des échanges commerciaux entre les deux pays est certes important, mais ne reflète pas les potentialités des deux pays dans le domaine économique ».
Explorer de nouvelles pistes de partenariat
Il a mis en avant les opportunités offertes aux deux pays pour approfondir et renforcer la coopération économique à moyen et long termes, notamment dans les domaines de l’énergie, du numérique, de l’industrie agroalimentaire, de la défense, de l’environnement, de la technologie, de l’ingénierie et des bureaux d’études. M Pedro Sanchez est revenu, en outre, sur l’importance de la coopération et de la consolidation des partenariats dans les domaines de la santé, de la médecine et de la pharmacie, d’une grande importance notamment en cette conjoncture que traversent plusieurs pays du monde, en raison de la pandémie du nouveau coronavirus. Il a estimé que « l’Algérie est un pays sur lequel l’Espagne mise dans ses stratégies à moyen et long termes, de par sa place prépondérante dans la région du Maghreb et en Afrique ».
Une cinquantaine d’entreprises et d’organisations patronales des deux pays avaient pris part aux travaux de ce Forum. Les participants ont fait part de leur volonté d’amorcer un saut qualitatif en matière de relations commerciales et d’investissements entre les deux pays, dénombrant les opportunités de partenariat, très fortes, en dépit des difficultés imposées par la pandémie coronavirus. La délégation d’affaires espagnole comprenait une quinzaine de grandes entreprises activant notamment dans le secteur de l’énergie, de l’industrie mécanique, de l’industrie agroalimentaire, des finances et de la construction, ainsi que quatre organisations : la Chambre de commerce d’Espagne, la Confédération espagnole des organisations des entreprises, l’Union générale des travailleurs et l’Agence de promotion de travail -Foment del Trebal. Du côté algérien, une trentaine d’entreprises publiques et privées ont pris part au forum ainsi que les principales organisations patronales. La rencontre a été également marquée par une importante participation officielle avec la présence notamment des ministres algériens chargés des Affaires étrangères, de l’Intérieur, de la Santé, de l’Energie, de la Culture, de l’industrie, et du Commerce extérieur.
Pour Madrid, l’Algérie est un partenaire « stratégique »
Dans son intervention, le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekkaï a qualifié cette rencontre de « très importante » pas seulement du fait que l’Espagne constitue le 5ème fournisseur et le 3ème client de l’Algérie (selon les statistiques des neuf premiers mois de 2020) mais aussi du fait de la mutation économique à laquelle aspire l’Algérie et qui exige davantage d’investissements. M. Bekkaï a rappelé les spécificités des relations économiques entre les deux pays de par la proximité géographique et du Traité d’amitié, de bon voisinage et coopération économique qui les associe.
Dans des déclarations à la presse en marge du forum, le ministre de la l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham a indiqué que le climat des affaires a enregistré, ces derniers mois, des changements sur le plan législatif visant à lever les obstacles sur l’investissement étranger, notamment à travers la libéralisation des initiatives et l’annulation de l’obligation d’établir des partenariats avec une partie locale, à l’exception de certaines filières stratégiques. L’Algérie s’attend, en contrepartie, à des investissements « sérieux » qui s’inscrivent dans le cadre de la politique nationale visant à augmenter les niveaux d’intégration industrielle locale dans les différentes filières industrielles, selon le ministre.
Au moment où l’Algérie représente un marché voisin de l’Espagne à rendement élevé, l’Espagne peut de son côté être une destination pour les marchandises algériennes hors hydrocarbures, ajoute M. Aït Ali Braham. Pour sa part, la Secrétaire d’État espagnole au Commerce, Xiana Méndez Bértolo a estimé que l’Algérie constituait un partenaire « stratégique » et irremplaçable pour son pays, indiquant que le chiffre des échanges bilatéraux dénote l’importance des relations économiques devant être, justement, améliorées en faveur d’une relation durable entre les deux parties. Mme. Méndez Bértolo a également mis en valeur les efforts déployés par le gouvernement algérien en vue d’éradiquer la bureaucratie et faciliter les procédures d’investissement et de commerce, et ce, « en dépit des charges qui pourraient en découler », affirmant que la levée de la règle du 49/51% régissant les investissements étrangers en Algérie contribuerait à faire avancer le rythme des affaires et des investissements espagnols dans ce pays.
En parallèle, « le gouvernement espagnol accompagne les entreprises nationales dans leur activité vers l’international notamment en Algérie où la diversité est considérée comme étant un enjeu majeur que suit l’Espagne minutieusement », a-t-elle souligné. L’Algérie est vue comme « un marché prometteur », a estimé la Secrétaire d’État au Commerce, et l’idée de la considérer comme une porte d’accès vers l’Afrique est « très intéressante » aux yeux des Espagnols notamment après l’entrée en vigueur de la ZLECAF. Pour rappel le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne a atteint environ 7 milliards Usd en 2019, dont 3 milliards Usd d’exportations algériennes, principalement les hydrocarbures.
M. B.