Un récent rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a identifié les pays ayant consommé le plus d’électricité durant l’année 2023, au niveau africain, une liste où l’Algérie figure parmi les trois premiers pays concernés par ce classement. Étant, à l’origine, un fournisseur en gaz fiable pour l’Europe, et compte tenu de ses capacités et richesses énergétiques, l’Algérie est bien partie pour devenir une véritable “lanterne” sur le vieux continent.
À travers son rapport, publié régulièrement depuis 2020, l’AIE a classé l’Égypte et l’Algérie au deuxième et troisième rang des plus grands consommateurs d’électricité sur le continent, avec un taux de croissance de 1,5 % et 5 %, respectivement, après l’Afrique du Sud, qui demeure le plus grand consommateur, malgré le déclin qu’elle a connu l’année dernière. En outre, les données annoncent qu’entre 2024 et 2026, l’Égypte devrait être la moins développée en termes de demande d’électricité, alors que l’Algérie sera parmi les plus développées, aux côtés du Nigeria. Au niveau du continent, l’AIE prévoit, entre autres, une « croissance de la demande d’électricité qui devrait s’accélérer au cours de la période 2024 à 2026, pour dépasser une moyenne de 4% par an, emmenée par le Nigeria, l’Algérie et l’Afrique du Sud ». Enfin, et en termes de sauvegarde de l’environnement, on estime que « l’intensité des émissions liées à la production d’électricité sur le continent tombera à 490 grammes de dioxyde de carbone en 2026, contre 520 grammes en 2023. En conséquence, l’accès à une énergie fiable, abordable et durable pour tous les citoyens est essentiel pour que les pays africains atteignent leurs objectifs économiques et climatiques.
Selon ledit rapport, « la consommation d’électricité des Algériens a augmenté de 5%, ce qui en fait la « plus forte croissance d’Afrique » au cours de la même période. La consommation d’électricité étant un indicateur clé du développement économique moderne et du fonctionnement social d’un pays, de ce fait, l’État algérien compte bien tirer profit de ses capacités techniques et de ses avantages concurrentiels pour produire et exporter, dans le sillage des efforts consentis afin de générer une réelle dynamique de développement économique.
« Une production d’énergie électrique abondante »
Une distinction qui s’explique, notamment, par le fait que l’Algérie couvre tous les besoins de ses citoyens en énergie, sur la base de sources traditionnelles et alternatives, en raison également de la forte utilisation des équipements de refroidissement et de chauffage, notamment des climatiseurs, pendant la saison estivale. Un facteur que le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a confirmé pour l’occasion, indiquant que « l’Algérie dispose d’une production d’énergie électrique abondante, ce qui lui permet de répondre au niveau record de la demande, notamment pendant la période estivale, lorsque les niveaux de consommation énergétique augmentent ». Dans son intervention, le ministre de l’Énergie a également expliqué que « le problème réside dans le transport et la livraison de l’électricité dans ces conditions climatiques inhabituelles ». Une déclaration du ministre qui intervient à la lumière de l’enregistrement de niveaux record de consommation d’électricité au niveau national, au cours du mois de juillet dernier, en raison de l’importante hausse des températures. Par ailleurs, Arkab a annoncé une « opération vaste et rapide » que Sonelgaz entreprendra pour renforcer le réseau électrique, afin qu’il « s’adapte aux conditions climatiques exceptionnelles », soulignant que cette opération sera réalisée par le complexe dans un court laps de temps.
Renforcement du partenariat énergétique algéro-européen
L’Algérie est impliquée dans plusieurs projets énergétiques d’envergure, en partenariat avec des pays d’Europe, notamment les deux projets d’énergie photovoltaïque, lancés en 2023, d’un coût global de plus de 2 milliards de dollars. Une transition énergétique qui s’annonce de ce fait de bon augure pour l’Algérie, grâce à un surplus de production d’électricité solaire, qui pourrait renforcer le potentiel d’exportation de l’Algérie et renflouer les caisses publiques.
En outre, l’Algérie est engagée dans le prestigieux projet SoutH2 Corridor, pour la production et le transport de l’hydrogène vert jusqu’en Allemagne, en passant par la Tunisie, l’Italie et l’Autriche, sur une longueur de 3 300 km, à travers un contrat signé entre Sonatrach et VNG. Un projet qui pourrait répondre à 10% des besoins énergétiques de l’Europe. SoutH2 Corridor devrait fournir de l’hydrogène renouvelable compétitif aux clusters de demandes européens. Selon les experts, ce projet pourrait répondre à 10% des besoins énergétiques de l’Europe, d’ici 2040, et devrait fournir de l’hydrogène renouvelable compétitif, à même de fournir entre 30 et 40 milliards de kilowatts d’hydrogène gazeux, liquéfié et dérivés. Une aubaine, autant pour l’Europe en quête de diversification des approvisionnements énergétiques, que pour l’Algérie qui aspire à renforcer son statut de fournisseur énergétique fiable et sûr pour l’Europe.
L’Algérie dispose d’un important gisement solaire, considéré comme l’un des plus importants au monde, avec une durée d’insolation de 2500 à 3600 H/an, et disposant de sources d’énergie renouvelables en constante augmentation, l’Algérie vise ainsi à produire, d’ici 2030, 22 gigawatts d’électricité propre. Cependant, le recours aux énergies renouvelables devra s’accompagner par le développement de filières industrielles compétitives au niveau international, tout en se basant sur le capital humain nécessaire.
Hamid Si Ahmed