Les hausses des prix qui ont mis certains produits, principalement des fruits et légumes, hors de portée du pouvoir d’achat du consommateur moyen, ont paru injustifiés et incompréhensibles aux yeux des observateurs qui mettent en cause l’intervention illégale des spéculateurs et des opérateurs du circuit informel.
En fait, c’est tout le commerce intérieur, y compris quand il s’agit de la production nationale, qui est pratiquement gangrené par les pratiques illicites facilitées par l’absence d’affichage des prix et la difficulté à établir la traçabilité des produits. Il est évident que ces pratiques illicites portent atteinte à l’économie du pays, mais surtout elles sont sources de tensions sociales dans la mesure où le citoyen doit faire face parfois à l’indisponibilité de certains produits et en même temps à la flambée des prix qui neutralise l’effet des augmentations de salaires. Les services de contrôle des prix sont interpellés. Dans les premières années de l’indépendance, les consommateurs qui constataient une hausse de prix irraisonné allaient se plaindre immédiatement au commissariat de police le plus proche. Il y a dans les marchés, un bureau qui, en principe, devrait intervenir en pareils cas. Seulement, après la vague de libéralisme qui a submergé le pays dans les années 1980 et les décennies suivantes, l’État s’est retiré du circuit commercial au nom de la liberté du commerce. Le retour, récemment, de l’État à son devoir de protection du pouvoir d’achat du citoyen, a commencé à donner ses résultats positifs mais se heurte encore à des résistances. Les services concernés, notamment ceux chargés du contrôle sont appelés à frapper fort les aventuriers du gain facile. Ils conforteront ainsi l’effort national visant à éviter mettre à l’abri le consommateur du diktat des spéculateurs et opérateurs de l’informel. Les services des douanes font ce travail, ils ont enregistré 178 cas liés à la lutte contre la contrebande et le commerce transfrontalier illégal, entre le 11 et le 17 octobre, et 104 contrevenants ont été arrêtés. En détails : 126,26 tonnes de semoule et de farine, 137,20 litres d’huile de table, ainsi que 51,57 tonnes de pâte et 11.678 litres de carburant ont été saisies. Les douanes ont également pu saisir d’autres articles, tels que des téléphones portables et leurs accessoires, des pièces détachées de véhicules, des produits cosmétiques et de soins corporels, ainsi que du matériel de nettoyage. Les objets saisis comprenaient également des équipements sensibles, des appareils électroménagers, des produits alimentaires destinés à la consommation humaine et animale, des boissons alcoolisées, des ustensiles ménagers, des vêtements, des chaussures, des matériaux de construction, des vélos, des véhicules et autres. Plus globalement, l’État fait son travail. En conseil des ministres qu’il a présidé ce dimanche, le président Abdelmadjid Tebboune a ordonné de procéder à une révision radicale de la règlementation régissant la commercialisation du produit national pour le citoyen et à faire preuve d’une extrême vigilance face à tout ce qui pourrait provoquer la pénurie. C’est l’exposé commun des ministres du Commerce, de l’Industrie et de l’Agriculture sur la veille sur la pénurie, qui a amené le président de la République a donné instruction au gouvernement d’élaborer une loi consacrant un système de plafonnement des prix, via des décrets, lorsqu’il s’agit de prix déraisonnables des produits de saison. La bataille pour la protection du pouvoir d’achat des Algériens n’est pas menée de façon satisfaisante, si l’on en juge par la remarque du président de la République qui a perçu « un relâchement chez certains ». Le président Tebboune a rappelé « la nécessité pour tous de se ressaisir et de déterminer les responsabilités, par fidélité aux missions assignées vis-à-vis du citoyen qui doit être la préoccupation majeure de chaque fonctionnaire public ». Il a également ordonné au Gouvernement et aux instances de contrôle y compris les organes de sécurité de « faire preuve d’une extrême vigilance, d’intensifier et de porter, au plus haut point, le contrôle, en plaçant les produits agro-alimentaires et les médicaments au cœur des priorités ».
M’hamed Rebah