Malgré les crimes de guerre, la famine organisée, les massacres et les déplacements forcés, « notre peuple palestinien reste profondément enraciné dans sa terre et ne renoncera jamais à ses droits légitimes jusqu’à la fin complète de l’occupation israélienne ».
C’est en ces termes que le bureau d’information gouvernemental de Ghaza a réagi aux révélations sur un projet secret américano-israélien visant à vider la bande de Ghaza de sa population sous couvert d’aide humanitaire. Dans un communiqué officiel, le bureau accuse la Boston Consulting Group (BCG), l’une des plus grandes firmes de conseil au monde, ainsi qu’une entité nommée Gaza Humanitarian Foundation (GHF), de complicité dans un « plan de transfert de population » déguisé en assistance. Selon une enquête publiée par le Financial Times, ce projet, baptisé Aurora, prévoit d’inciter plus d’un demi-million de Palestiniens à quitter Ghaza grâce à des « packages d’exil » financés par des acteurs extérieurs. Le bureau d’information accuse la GHF, créée avec un soutien américano-israélien, d’être l’exécutrice de ce plan. Loin de se limiter à fournir une aide humanitaire, cette fondation serait impliquée dans ce que Ghaza décrit comme des « pièges mortels » ayant déjà coûté la vie à 751 civils palestiniens et fait près de 5 000 blessés. Trente-neuf personnes restent portées disparues. Selon le communiqué, 130 ONG internationales ont refusé toute coopération avec la GHF, dénonçant un « habillage humanitaire » masquant des objectifs militaires israéliens. L’affaire prend une dimension encore plus sombre avec l’implication d’acteurs liés au renseignement américain. La BCG aurait non seulement fourni une « assistance gratuite », comme elle l’a initialement affirmé, mais signé un contrat de 4 millions de dollars couvrant sept mois de travaux. Ces services incluaient l’élaboration de modèles financiers et logistiques pour un « rétablissement post-conflit » de Ghaza, prévoyant explicitement la relocalisation « volontaire » de 500 000 Palestiniens à l’étranger contre des incitations de 9 000 dollars par personne. Les documents internes indiquent que l’idée d’un déplacement forcé, comparée à un soutien aux populations sur place, était jugée « moins coûteuse » d’environ 23 000 dollars par individu déplacé. Le projet Aurora a été mis en place sous la supervision de Safe Reach Solutions, une société de sécurité privée fondée par un ancien cadre de la CIA, Phil Riley, qui a également travaillé au sein de la BCG. Riley et ses anciens collègues ont planifié les opérations de terrain depuis Tel Aviv en lien avec la société de sécurité américaine Orbis, sous-traitante d’un think tank israélien proche du gouvernement.
Financements troubles et refus bancaire
Le financement du projet est tout aussi opaque : les entités impliquées, notamment la GHF et Safe Reach Solutions, sont enregistrées dans des paradis fiscaux américains et leurs comptes demeurent introuvables. Selon Reuters, des banques comme UBS et Goldman Sachs ont refusé d’ouvrir des comptes à la GHF, invoquant un manque de transparence sur les origines des fonds. La fondation affirme qu’un financement initial provient d’Europe mais refuse de révéler ses donateurs. Autre aspect glaçant : la « militarisation » de l’aide humanitaire. Au lieu de 400 points de distribution traditionnels, seuls quatre sites, contrôlés par l’armée israélienne, sont désormais accessibles à la population. Des dizaines de civils palestiniens ont été tués ou blessés par balles alors qu’ils attendaient une aide alimentaire. Des soldats israéliens ont reconnu, dans des témoignages publiés, avoir reçu l’ordre de tirer directement sur des civils désarmés.
En Cisjordanie, la même logique de déplacement
Pendant que Ghaza dénonce ce plan d’exode organisé, la Cisjordanie subit, elle aussi, une guerre silencieuse de colonisation et de déplacements forcés. Le Financial Times décrit le drame du village de Maarajat, près de Jéricho, où les colons ont brûlé une mosquée, attaqué une école et volé du bétail. Sous la menace de violences quotidiennes, les 200 derniers habitants ont fui dans la nuit, emportant leurs maisons de fortune. « C’est un sentiment terrible de perdre l’endroit où vous êtes né, votre communauté, vos repères. Et nous ne serons pas les derniers », confie Suleiman Malihat, un habitant expulsé. Depuis octobre 2023, plus de 2 500 attaques de colons ont été recensées, accentuant l’exode de dizaines de villages isolés.
Extension des colonies et rejet du droit international
Pendant que l’attention mondiale reste tournée vers Ghaza, le gouvernement israélien accélère la colonisation en Cisjordanie. En mai dernier, Tel-Aviv a approuvé la création de 22 nouvelles colonies — un record depuis les années 1990 — fragmentant encore davantage le territoire palestinien et compromettant toute perspective de solution à deux États. Des voix internationales, comme celle d’Emmanuel Macron, appellent à la reconnaissance immédiate de l’État palestinien. Mais le gouvernement Netanyahu persiste : « Ils reconnaîtront la Palestine sur le papier, mais nous construirons l’État juif israélien sur le terrain », a déclaré le ministre de la Défense israélien, Yisrael Katz. À Ghaza, les autorités locales tiennent pour responsables tous les acteurs impliqués ou complices de ce « crime de déplacement forcé », qualifié de violation flagrante du droit international humanitaire. « Ces conspirations ne passeront pas sans reddition de comptes », promet le bureau d’information gouvernemental. Dans un contexte de famine, de bombardements incessants et d’impunité persistante, le peuple palestinien, dépossédé mais résilient, continue de répéter au monde qu’il reste et restera sur sa terre.
M. Seghilani
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