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Face à la pénurie : des Vénézuéliens se ruent en Colombie pour s’approvisionner

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Au Venezuela, il n’y a rien! Même pas de médicaments pour les enfants! », s’exclame Tulia Somaz. Comme des milliers d’autres Vénézuéliens, elle s’est ruée à la frontière avec la Colombie, ouverte temporairement dimanche, afin d’aller s’y approvisionner. Après avoir ordonné la fermeture de la frontière pour raisons de sécurité en août dernier, le président vénézuélien Nicolas Maduro a autorisé dimanche le franchissement par les piétons des ponts Simon Bolivar (Venezuela) et Francisco de Paula Santander (Colombie).
« Ce que dit le président, qu’il y a à manger, ce sont des mensonges! », a-t-elle assuré à l’AFP, sous les applaudissements de compatriotes qui prenaient d’assaut un supermarché de Cucuta, ville colombienne frontalière de San Antonio de Tachira.
« Nous n’avons même pas de savon pour laver les vêtements », a déploré cette femme d’âge moyen, qui, comme des milliers d’autres Vénézuéliens, venait de franchir à pied les 700 mètres qui séparent les deux localités. Dès l’aube, de longues files d’attente s’étiraient devant les postes douaniers vénézuéliens dans l’attente de l’ouverture de la frontière à 06H00 (10H00 GMT). Beaucoup avaient passé la nuit dans leurs voitures pour profiter de l’aubaine dès le petit matin, les autorités vénézuéliennes ayant annoncé que la frontière ne resterait ouverte que pour une durée maximale de 12 heures. « Environ 25.000 personnes ont déjà profité du corridor humanitaire frontalier. Elles achètent des aliments et des médicaments », a twitté en milieu de journée William Villamizar, gouverneur du département colombien Norte de Santander, dont Cucuta est le chef-lieu.

«Grave situation humanitaire»
« Merci mon Dieu! », ne cessaient de s’exclamer des Vénézuéliens qui ressortaient des magasins chargés de paquets de farine, de bouteilles d’huile, de papier hygiénique et de flacons de shampoing. « Le peuple vénézuélien est confronté à une grave situation humanitaire, sans médicaments, ni aliments, ni produits de base », a déclaré à l’AFP José Gregorio Sanchez, venu d’Ureña, autre localité proche.
« Le gouvernement vénézuélien a coulé les usines qui fournissaient le peuple », a ajouté cet homme, expliquant que cela coûte cher de faire ses courses en Colombie, du fait de la dévaluation du bolivar vénézuélien, mais que c’est « beaucoup plus économique » qu’au marché noir dans son pays. L’ouverture de la frontière a été annoncée après que 500 Vénézuéliennes eurent franchi en force le barrage militaire pour entrer dans Cucuta. La pénurie d’aliments et de médicaments affecte 80% des produits au Venezuela, en crise à la suite de la chute des cours du pétrole, principal produit d’exportation, selon des organisations privées.
Après quelques bousculades tôt dimanche à la douane, environ 300 policiers colombiens ont été déployés à Cucuta pour rétablir l’ordre et surveiller en particulier les deux supermarchés les plus importants de la ville.
Nombre de Vénézuéliens arrivaient en car, mais d’autres étaient aussi acheminés depuis la frontière dans des véhicules des forces de l’ordre affectés pour l’occasion. Le président Maduro attribue les pénuries dans son pays à une « guerre économique » provoquée par les « patrons de droite » qu’il accuse de spéculer sur les produits de première consommation pour déstabiliser son gouvernement. Il avait ordonné la fermeture de la frontière en août 2015 après avoir attribué à d’ex-paramilitaires colombiens une attaque contre une patrouille militaire vénézuélienne, au cours de laquelle trois soldats avaient été blessés, à San Antonio. L’incident avait généré une crise diplomatique entre Bogota et Caracas. Les ministres de la Défense vénézuélien et colombien avaient repris contact la semaine dernière pour discuter de la possibilité de rouvrir des postes de douane sur la frontière de quelque 2.000 km qui séparent les deux pays.

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