Accueil RÉGIONS Face à la montée des eaux du barrage de Béni-Haoua (Chlef) :...

Face à la montée des eaux du barrage de Béni-Haoua (Chlef) : les populations de Tadjmout crient leur désarroi

0

Les habitants et les agriculteurs du bourg de Tadjmout, dans la commune de Bréra, sont de facto placés devant le fait accompli, et ce qu’ils ont toujours craint semble être arrivé : perdre leurs habitations et leurs biens sans être pris en charge convenablement. En effet, le village et ses terres seront incessamment submergés par les eaux du barrage de Kef-Eddir. Les récentes pluies qui se sont abattues sur le nord du pays n’ont fait qu’ accélérer le remplissage du barrage du Kef Eddir, dont le plan d’eau ne cesse de s’étendre pour engloutir les habitations et surtout les exploitations agricoles qui nourrissent des centaines de familles.
Ce barrage va tout engloutir lorsqu’il atteindra sa capacité de rétention qui est de l’ordre de 120 millions de m3. Or, malgré son apport colossal en matière de ressources en eau pour la consommation humaine et l’irrigation, cette infrastructure hydraulique n’en constitue pas moins un véritable désastre pour les villageois de Tadjmout, dans la commune de Bréra, daïra de Béni-Haoua wilaya de Chlef. A titre de rappel, le barrage de « Kef-Eddir », dans la wilaya de Tipaza, distant de 20 kilomètres au sud-ouest de la ville de Damous, est situé à égale distance des villes de Ténès, Aïn-Defla et Cherchell et dont l’Etat a consacré plus de 10 milliards de dinars pour sa construction, entamée en 2006, devra selon les officiels, être réceptionné cette année. Il va desservir la wilaya de Tipasa avec plus de 21 millions de mètres cubes par an pour les besoins de l’AEP. Les besoins touristiques et ceux de l’agriculture, qui se taillent la part du lion avec 17 millions de mètres cubes/an, seront eux aussi couverts par ce barrage. La wilaya de Chlef va disposer, quant à elle, de plus de 12 millions de mètres cubes par an, tandis que la wilaya d’Aïn-Defla aura près de 8 millions de mètres cubes d’eau par an. Ainsi, le barrage de Kef-Eddir va pourvoir aux besoins d’une partie de la population de la wilaya de Chlef.
Ces besoins en AEP sont de près de 4 millions de mètres cubes par an. Cependant, si l’utilité de ce gigantesque ouvrage hydraulique n’est pas à démontrer, il faut reconnaître néanmoins que sa construction entraîne un déplacement de population, qui sera désastreux pour elles, en sus de l’impact sur l’environnement. Sur ce dernier point, il faut souligner que la construction d’un barrage est suivie d’une retenue d’eau formée par le barrage qui forme un réservoir de grande taille, qui aboutira à la disparation de forêts, d’espèces animales et végétales ainsi qu’à de nombreux problèmes d’envasement et au manque de limon qui rend les terres plus fertiles dans les vallées en aval.
Ainsi, la lente « agonie » du village de Tadjmout et de ses terres est enclenchée et va s’accentuer davantage avec de nouvelles pluies qui vont irrémédiablement sceller définitivement le sort de ce bourg et de ses richesses. D’ailleurs, une soixantaine de chambres en plastique ont été démontées ces derniers jours, de peur de voir les eaux pluviales les engloutir à jamais. Il en est de même pour les familles dont les habitations se trouvaient sur les berges de l’oued qui ont été contraintes de quitter les lieux sous peine elles-aussi d’être englonties par les eaux du barrage. Il faut dire que la tristesse se lit sur les visages de ces montagnards, notamment après les mises en demeure qui leur ont été adressées pour quitter les lieux dans un délai d’un mois. Mais pour aller où ? disent-ils.
Les logements dont l’Etat a pris en charge le financement ne sont toujours pas achevés car, diront-ils, « nous nous sommes fait avoir notamment en acceptant l’indemnisation qui consiste à la pose des soubassements, c’est-à-dire les gros œuvres de base, et c’est à nous de terminer le reste des travaux avec une rallonge 70 millions de centimes. Ce qui n’est pas suffisant pour construire un logement avec un sac de ciment qui frole les 800 dinars, contre un prix officiel de 350 dinars ».
A cela s’ajoute le réseau d’assainissement qui n’est pas encore installé à la nouvelle cité qui abritera ces habitants et qui se trouve au lieu-dit Boudha, à une dizaine de kilomètres au sud de la ville de Béni Haoua.
Bencherki Otsmane

Article précédentMalgré l’accord UE-Turquie : 1 662 Migrants arrivés en Grèce
Article suivantDélocalisation du marché de gros de Semmar : des contraintes à lever