Sous la menace d’une procédure de destitution, Donald Trump a surenchéri lundi dans ses attaques contre les démocrates, qui ont sommé son avocat personnel de livrer des documents.
Dans ce contexte de tensions autour de l’affaire ukrainienne, le New York Times a rapporté que le président américain avait demandé au Premier ministre australien Scott Morrison de l’aider à rassembler des informations qui permettraient de discréditer l’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur l’ingérence russe dans la campagne présidentielle de 2016. Le Congrès américain, qui enquête sur les pressions exercées par M. Trump sur son homologue ukrainien pour qu’il mène des investigations sur Joe Biden, son possible adversaire en 2020, est passé à la vitesse supérieure. L’avocat personnel du locataire de la Maison Blanche, Rudy Giuliani, a reçu l’ordre de livrer des documents liés au dossier. «Votre refus ou échec à respecter cette injonction constituera la preuve d’une entrave à l’enquête de la Chambre», écrivent les démocrates dans un courrier le sommant de remettre les pièces d’ici le 15 octobre. Un nouveau sondage de l’université Quinnipiac devrait par ailleurs contribuer à renforcer l’inquiétude – palpable – du président américain. Il montre un bond en avant du nombre d’électeurs qui estiment qu’il devrait être destitué: ils étaient 37% il y a une semaine, ils sont désormais 47%, à égalité parfaite avec ceux qui estiment qu’il ne devrait pas l’être. Au milieu d’une rafale de tweets à la tonalité particulièrement agressive, le 45e président des Etats-Unis s’en est pris avec virulence à l’élu démocrate qui supervise cette enquête, Adam Schiff. «Adam Schiff a fait, illégalement, une déclaration fausse et terrible, sur mon échange avec le président ukrainien (…). Doit-il être arrêté pour trahison ?», a lancé M. Trump, donnant l’image d’un président aux abois. Les démocrates ont ouvert il y a six jours une enquête contre le milliardaire républicain en vue d’une destitution. Si la Chambre, aux mains de l’opposition, vote la mise en accusation («impeachment») du milliardaire, il reviendra ensuite au Sénat, à majorité républicaine, de le juger. Donald Trump assure que son échange téléphonique estival avec Volodymyr Zelensky n’avait rien de répréhensible. «Cet appel était parfait», a-t-il martelé dans le Bureau ovale, accusant une nouvelle fois le lanceur d’alerte à l’origine de cette affaire d’avoir rapporté des éléments inexacts. Les parlementaires démocrates avaient envoyé vendredi leurs premières injonctions à comparaître, sommant notamment le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo de leur livrer des documents nécessaires à leur enquête. M. Pompeo faisait partie des personnes ayant écouté l’appel, a confirmé lundi à l’AFP un responsable du département d’Etat.
Après l’Ukraine, l’Australie?
D’autres échanges téléphoniques pourraient en outre venir hanter Donald Trump en renforçant les soupçons d’une utilisation de la puissance de la diplomatie américaine à des fins politiques personnelles. Selon le New York Times, il a, lors d’un récent échange téléphonique, demandé au Premier ministre australien d’aider son ministre de la Justice à rassembler des éléments dans le but de discréditer l’enquête Mueller. Comme lors de l’échange ukrainien controversé, la Maison Blanche aurait – démarche rare – limité l’accès à la transcription de cet appel à un tout petit groupe de personnes. Dans un communiqué mardi, un porte-parole du gouvernement australien a confirmé que Canberra était «toujours prêt à aider et à coopérer avec les efforts permettant d’éclairer les sujets sous le coup d’une enquête». «Le Premier ministre a de nouveau confirmé cette disposition dans une conversation avec le président» américain, a ajouté le porte-parole. Piqué au vif, conscient que ces développements pourraient avoir un impact sur la présidentielle qui aura lieu dans 400 jours, Donald Trump multiplie les attaques. Ce week-end, il a retweeté les propos d’un prédicateur baptiste du Texas, Robert Jeffress, l’un de ses plus fervents partisans. «Si les démocrates réussissent à contraindre le président à quitter son poste, cela entraînera une fracture digne de la guerre civile dont notre pays ne guérira jamais», affirmait ce dernier. Si, dans l’ensemble, les élus républicains font pour l’heure bloc derrière lui, l’un d’eux, Adam Kinzinger, représentant de l’Illinois, a fait part de son indignation. «Je n’aurais imaginé qu’une telle phrase puisse être répétée par un président», a-t-il tweeté. «C’est au-delà du répugnant». L’ancien sénateur républicain Jeff Flake, farouche détracteur de Donald Trump, a appelé les élus de son parti à, enfin, donner de la voix. «Mes amis républicains, le temps est venu de mettre votre carrière dans la balance au nom de vos principes», a-t-il écrit dans une tribune publiée lundi dans le Washington Post. «Notre pays aura d’autres présidents. Mais les principes, eux, ne sont pas interchangeables».