Interrogé en marge des travaux du séminaire régional des cadres des structures de la wilaya d’Alger de son parti, tenu hier, sur sa position quant à un éventuel remaniement ministériel, Amar Ghoul, président de TAJ (Tajamou Amal Jazaïr), a estimé que, dans la conjoncture actuelle, cela « n’est pas une priorité ».
C’est « même un détail», a-t-il poursuivi. Reprenant l’argumentaire qu’il a présenté dans l’allocution qu’il a prononcée devant les cadres des structures «algéroises» de son parti, il nous a déclaré que «le priorité de l’heure est la préservation de la stabilité et de l’unité de l’Algérie face aux menaces qui se précisent à nos frontières». Et ce, dans une allusion directe aux «bruits de bottes» qui se font entendre du côté de la Libye. Et qui augurent, a-t-il déclaré, «de l’imminence d’une intervention militaire occidentale » dans ce pays. Amar Ghoul a parlé, à ce propos, «de jours». Faisant le parallèle avec tous les pays de l’aire arabo-sahélienne où une intervention similaire a déjà eu lieu, il n’a pas hésité à déclarer que « les objectifs qui lui sont assignés, sont aux antipodes de ceux officiellement annoncés ». Ne voulant, à l’évidence, laisser place à aucune ambiguïté quant à ses propos, le président de TAJ a déclaré que «l’argument de combattre l’implantation et l’extension de Daech en Libye, n’est qu’un prétexte fallacieux ». Et d’expliquer, en prenant toujours comme exemple ce que connaît depuis quelques années la zone moyen-orientale, que «l’intervention (dans ce pays) n’a pour finalité inavouée que d’essaimer, dans tous les pays de l’Afrique du Nord, des foyers terroristes» ; des foyers, «par l’insécurité et la déstabilisation qu’ils y introduiraient, fragiliseraient durablement ces derniers». Et ce, dans le clair objectif, a-t-il tenu à le préciser, «de prendre le contrôle de leurs richesses». à l’appui de ses propos dénonçant la duplicité occidentale, Amar Ghoul n’a pas manqué de s’interroger – d’une manière qui est en soi une réponse – «sur l’origine de Daech, son armement, son financement et ses fulgurantes et énigmatiques extensions à travers le monde arabe». Non sans affirmer que le scénario-catastrophe précité ne profitera «qu’à la seule entité sioniste». Et non sans rappeler, au passage, la pertinence de la position que l’Algérie a toujours défendue à propos de la Libye. à savoir que «la solution à la crise libyenne ne peut provenir que d’un dialogue franc et sincère entre tous les enfants de ce pays ; sans ingérence étrangère aucune». Une perspective qui, regrette-il, « est en passe d’être irrémédiablement compromise par l’intervention militaire occidentale qui s’annonce ». Avec tous les dangers qu’elle suppose pour tous les pays du voisinage libyen et de la région maghrébo-sahélienne. Notamment, pour le nôtre. D’où sa réponse susmentionnée à notre question précitée sur l’éventualité d’un remaniement ministériel et d’où, surtout, le pressant appel qu’il a lancé « à tous les acteurs politiques, à la société civile et à toutes les personnalités nationales à se hisser à la hauteur des menaces qui planent sur le devenir du pays, sa stabilité et son unité, et des défis qui l’attendent pour arriver à asseoir une économie nationale réellement forte et diversifiée». Dans la lancée, le président de TAJ a annoncé au Courrier d’Algérie « le lancement, par son parti, d’ici le mois d’avril, d’une initiative en direction de la classe politique visant à l’élaboration d’une Charte d’éthique et de déontologie de l’action politique (et ce,) dans l’objectif de hisser le niveau des débats politiques »; une charte qui, à l’évidence, sera proposée, entre autres, en réaction « aux querelles » entre d’anciens responsables militaires et politiques qui ont occupé, ces derniers jours, les espaces médiatique et public. « Le pays n’a que faire de ces querelles», a lancé Amar Ghoul à l’intention des protagonistes. Et ce, au vu de la difficile conjoncture que traverse le pays. Mais, également, a-t-il ajouté, au regard « des retombées néfastes qu’elles ont sur l’appréciation que les jeunes générations ont d’un moment particulièrement symbolique de l’histoire récente de notre pays ; la guerre de Libération nationale, à savoir ». Revenant à la classe politique, il l’a invitée à pleinement participer à l’immense chantier, qui s’ouvre, l’élaboration des lois découlant de l’adoption de la nouvelle Constitution.
Mourad Bendris