Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Madrid lors de «marches pour la dignité». Ils ont dénoncé les effets de l’austérité, à la veille d’élections régionales en Andalousie qui font figure de test face à la vague de mécontentement. «Pain, travail, toit et dignité», lisait-on sur une grande banderole tenue par des manifestants en tête d’une des marches. Quelques dizaines de milliers de manifestants dénonçaient les effets des politiques d’austérité, qui ont entraîné des coupes claires en matière d’éducation, de santé publique ou encore d’aides sociales, à hauteur de près de 150 milliards d’euros entre 2012 et 2014. Ils ont conflué, en provenance de différents points de Madrid, vers la place de Colon dans le centre à 18h00, et la manifestation s’est dispersée vers 21h00 dans le calme, hormis quelques groupes qui ont vandalisé du mobilier urbain dans le centre historique. Dix-sept personnes ont été interpellées pour des désordres, conteneurs brûlés ou jets de pétards, selon la police, cela n’a fait état d’aucun blessé.
Les premières grandes «marches pour la dignité», venant de toute l’Espagne, ont eu lieu le 22 mars 2014 à Madrid. Ces «neuf colonnes» rassemblent des Espagnols venus de tout le pays, qui a renoué avec la croissance (+1,4% en 2014) après six ans de crise, mais reste meurtri, avec un taux de chômage de 23,7% et la moitié des jeunes de 16 à 25 ans sans emploi.
À pied ou en bus
Certains sont arrivés à pied, après avoir marché plusieurs jours. D’autres en bus, comme Antonio Colmenar, venu de Séville, capitale de l’Andalousie (Sud), la région la plus peuplée d’Espagne et bastion du Parti socialiste, où des élections régionales anticipées, sont organisées dimanche.
«Je suis venu avec la colonne d’Andalousie. Cinq bus, avec 55 personnes. C’est une journée pour revendiquer nos droits», a expliqué ce militant de 41 ans, membre d’une association de lutte contre les expulsions. «Je vais voter Ciudadanos ou Podemos», a-t-il dit, évoquant les deux partis du centre droit et d’extrême gauche qui menacent le bipartisme en place en Espagne depuis plus de 30 ans.
Dans la foule des marcheurs ondoyaient des drapeaux républicains (rouge-jaune-mauve), de l’Andalousie (vert et blanc), de syndicats, de partis de gauche, ou encore du Chili, avec une image du révolutionnaire Che Guevara.