Environnement : L’économie verte comme levier pour la diversification de l’économie nationale

Les opérateurs économiques algériens devraient investir dans l’économie verte afin de contribuer à la diversification de l’économie nationale, a recommandé mardi à Alger une experte, qui met en avant « un potentiel important » en Algérie qui reste inexploité. L’économie verte « est une économie qui engendre une amélioration du bien-être humain et de la justice sociale, tout en réduisant sensiblement les risques environnementaux et les pénuries écologiques », selon une définition du programme des Nations unies pour l’environnement. Sur le plan pratique, cela se traduit par des investissements publics et privés qui incitent à la réduction des émissions de carbone, l’utilisation rationnelle des ressources notamment finies et rares, l’efficacité énergétique et la préservation des écosystèmes et de la biodiversité. « Les entreprises privées et publiques sont appelées à investir dans l’éco activité. Nous espérons que l’Etat offre plus d’incitations pour qu’elles aillent dans le développement de l’activité verte », a indiqué, Lotfia Harbi, consultante en développement stratégique et développement durable. Elle s’exprimait lors d’une rencontre-débats intitulée « l’économie verte, une opportunité pour développer et diversifier l’économie nationale », organisée par le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (CARE). Mme Harbi a présenté à cette occasion deux études de référence sur la question et qui démontrent le potentiel exceptionnel de croissance en Algérie dans le domaine de l’économie verte. Il s’agit, d’une étude menée par la Commission économique pour l’Afrique (CEA) en juillet 2014 et intitulée « l’économie verte en Algérie, une opportunité pour diversifier et stimuler la production nationale » et une autre réalisée par la Coopération allemande au développement (GIZ) en mars 2011 intitulée « économie verte en Algérie et employabilité des femmes et des jeunes ». « Ce potentiel (dont dispose l’Algérie) est si important parce que plus de 99% de l’énergie en Algérie est d’origine fossile, donc tarissable, polluante et subventionnée de surcroît, or les politiques de subvention ne sont pas tenables à long terme », a-t-elle dit. Selon l’experte, l’Algérie « accuse un retard énorme » faute de filières de traitement et de recyclage des déchets, ajoutant que moins de 5% des déchets ménagers sont valorisés. Enumérant les gains économiques que peut procurer l’économie verte pour le pays, la conférencière a estimé que la promotion de la gestion des déchets pourrait engendrer 160.000 emplois à l’horizon 2030. Elle a affirmé, dans ce même ordre d’idées, que les engagements de l’Etat en matière d’efficacité énergétique et de transition vers les énergies renouvelables sont à même de créer jusqu’à 135.000 emplois à l’horizon 2030, en rappelant qu’à cette échéance l’Algérie s’est donnée pour objectif de produire 27% de son électricité à partir de sources renouvelables. Cela permettra « de consacrer une réindustrialisation significative de l’économie par l’incitation à la production d’éléments y afférents tels que les panneaux et composants photovoltaïques, le silicium, les appareils d’acquisition de données, les transformateurs, les batteries solaires et les miroirs », estime l’experte. En matière de gestion des déchets, d’environnement, de ressources en eau et de promotion de l’habitat à haute performance environnementale, le potentiel de création d’emplois pourrait atteindre un million de postes en 2025, selon Mme Harbi.