La question des crises financières qui prévalent au sein des deux entreprises publiques, ENIEM et ENIE, sera au cœur d’une réunion de travail, demain, au ministère de l’Industrie, afin de discuter d’un plan de relance, rassurer les travailleurs et reprendre la machine de production.
Un plan de relance pérenne concernant l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (ENIEM) et l’Entreprise nationale des industries électroniques (ENIE) sera discuté en présence des représentants de ces entreprises ainsi que ceux des établissements qui les financent, a indiqué jeudi dernier le ministre de l’Industrie, Ferhat Aït Ali Braham. Lors d’un point de presse en marge d’une réunion présidée par le ministre réunissant les opérateurs économiques nationaux publics et privés, Ferhat Aït Ali a fait savoir que son département ministériel organisera une réunion de travail ce dimanche, réunissant les responsables d’ENIEM et d’ENIE afin de discuter d’un plan de relance pérenne « et non un plan de relance d’urgence qui soit conjoncturel ». Rappelant que l’ENIEM fait face à des problèmes structurels, et de financement bancaires, le ministre a estimé nécessaire la mise en œuvre d’un plan de relance sur des bases solides. « Notre vision est que le secteur public doit bénéficier d’une relance et d’un financement mais cela sur des bases financières saines », a-t-il souligné. Pour rappel, l’ENIEM a dû envoyer ses 1 700 travailleurs en chômage technique, depuis le début de ce mois en cours. La direction a justifié la fermeture du site industriel par la situation financière très fragilisée de l’entreprise, suite à « la persistance de blocages par la Banque extérieure d’Algérie pour l’octroi des crédits nécessaires pour le financement des approvisionnements, la rupture des stocks des matières premières, entraînant de fait l’arrêt de la production et l’abrogation de la production de l’électroménager à partir de collections CKD ». Mais les travailleurs, appuyés par le syndicat de l’entreprise, estiment insuffisantes les réponses apportées par la direction de l’entreprise qu’ils accusent de « mauvaise gestion » et de volonté « délibérée de casser l’ENIEM », appelant ainsi au départ du PDG, Djilali Mouazer, et son staff exécutif. Suspectant l’existence d’un plan « inavoué » de restructuration de l’ENIEM, avec 800 licenciements à la clé, les travailleurs se mobilisent, chaque jour, depuis, devant les sièges de la direction de l’entreprise et de la wilaya de Tizi-Ouzou, pour crier leur colère face au départ forcé en chômage technique. « Les travailleurs de l’ENIEM sont sortis dans la rue après la décision unilatérale du premier responsable de l’ENIEM de les envoyer en chômage technique à partir du 1er décembre 2020, pour une période d’un mois renouvelable. Car nous savons qu’il s’agit d’un mois renouvelable, mais les responsables ne veulent pas être clairs là-dessus », avait indiqué la semaine dernière, Ould Oulhadj Mouloud, secrétaire du syndicat des travailleurs, affilié à l’UGTA. Pour sa part, le P-DG Djilali Mouazer a expliqué que la décision d’envoyer les travailleurs au chômage technique a été prise pour aider l’entreprise à faire face aux difficultés financières. L’objectif, soutient-il, est de lancer un énième cri d’alarme aux pouvoirs publics afin de débloquer des fonds de roulement, car l’absence d’un soutien étatique à cette entreprise publique « qui doit toujours s’acquitter de son rôle social », aurait pour conséquence l’obligation, par l’équipe dirigeante de l’ENIEM, d’opter à conserver le moins d’emplois pour retrouver l’équilibre financier, très impacté par le fort ralentissement économique de ces derniers mois.
Hamid Mecheri