Les déclarations du ministre de la Justice, garde de Sceaux, Tayeb Louh, tenues avant-hier à l’APN, pourraient être traduites comme un rappel à l’ordre au sujet de certaines révélations inhérentes à la corruption et aux faits de malversation. Et pour cause, en rappelant que les portes des tribunaux sont ouvertes, il invite implicitement ses alter égo du gouvernement, à saisir si besoin l’institution judiciaire.
C’est dire que l’intervention du premier responsable du département de la Justice est loin d’être un fait anodin, puisque son collègue du Commerce, Bakhti Belaib, a tenu, tout récemment, des propos graves à l’encontre d’anciens hauts responsables de l’État en plus d’avoir dénoncé «les lobbies et la mafia». Ce ministre est allé jusqu’à accuser un ex-chef de gouvernement et deux ex-ministres de malversation, dont les faits qu’il dit et qui remontent à 2005, sont liés à la décision de mettre fin à l’importation des véhicules de moins de 3 ans. Ceci, semble donc à une réaction intervenue suite à ces déclarations fracassantes qui sont proférées, de surcroît, par un ministre. En effet, Tayeb Louh a indiqué, jeudi dernier, devant les parlementaires de la deuxième chambre, que «les portes des parquets sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption pour aider la justice et la société à la combattre». Cette réplique s’assimile à un appel adressé à Belaib, lequel en plus, avait précisé qu’il détient «des preuves tangibles» sur ces accusations. Il est bon de souligner que selon la nouvelle loi en vigueur ayant trait aux procédures judiciaires, la Justice s’autosaisit systématiquement suivant toute information judiciaire rendue publique. C’est ce à quoi fait référence le représentant du gouvernement. Lequel responsable semble inciter les responsables plaignants, qui, même s’ils citent des faits de corruption liés aux affaires publiques, en revanche, lorsqu’il s’agit d’aller à l’étape suivante, saisir la justice entendre, ils finissent en quelque sorte par abandonner cette piste. En réponse à une question orale d’un membre de l’Assemblée populaire nationale (APN), il a répondu que «le code de procédure pénale est clair sur le rôle des parquets dans la lutte contre la corruption et leurs portes sont ouvertes à tous ceux qui ont des dossiers sur la corruption», ajoutant «nous sommes en train de construire une justice forte conformément aux orientations du président de la République, Abdelaziz Bouteflika». Par ailleurs, à une autre question du député Bouchache sur les avocats exclus du barreau d’Oran et qui ont observé une grève de la faim l’année dernière, le ministre a indiqué que la profession d’avocat est une profession «libérale, libre et noble». La loi promulguée en 2013 réglementant la profession d’avocat souligne «l’indépendance» de la gestion des missions des différentes organisations des barreaux à travers le pays et l’Union nationale des barreaux algériens (UNBA) les supervise, a précisé Louh estimant que cette dernière est «un partenaire important dans le processus de reformes de la justice». Dans ce contexte, Louh a déclaré que la loi «est claire et garantit le droit de recours aux plaignants auprès de l’UNBA et même auprès du conseil d’État». Depuis, a ajouté le ministre, l’UNBA a réglé le problème de ces avocats, en convoquant le président du syndicat ainsi que les avocats qui ont été tous réhabilités à l’exception d’un seul.
Farid Guellil et APS