La conférence ministérielle de Berlin sur la Libye s’est tenue hier par visioconférence avec la participation des pays présents lors de la première conférence. La visioconférence de haut niveau qui se tient en marge de la 75e session de l’Assemblée générale des Nations unies sous la conduite du ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, verra la participation de l’ensemble des pays ayant pris part à la conférence de Berlin 1 , dont l’Algérie. La réunion, comme l’a confirmé Günter Sautter, ambassadeur adjoint de l’Allemagne à l’ONU, vient à un « moment crucial », alors que « des développements encourageants en Libye » ont été constatés notamment lors de la rencontre de Montreux en Suisse. L’Allemagne qui a souhaité avec la tenue de cette conférence lancer un « message fort », a indiqué qu’elle allait demander que « tous renouvellent leurs engagements pris en début d’année et surtout les appliquer ». À New York, Berlin a dit espérer « la cessation des violations continues et flagrantes de l’embargo sur les armes », imposé à la Libye en 2011, ainsi que le renforcement du rôle de l’ONU comme « médiateur clé du dialogue politique en Libye. Plusieurs pays africains ont demandé au SG de l’ONU de désigner sans plus tarder un nouvel émissaire pour concrétiser les contacts et le dialogue sur le terrain. Ils ont souhaité que cet émissaire soit un Africain. La conférence de Berlin devait donner lieu à l’évaluation du respect par les parties prenantes à la crise libyenne des engagements à mettre en œuvre des conclusions de la première Conférence de Berlin, entérinées par le Conseil de sécurité. La Conférence de Berlin 1 – qui s’est tenue avec la participation de 12 pays, dont l’Algérie, et de 4 organisations internationales et régionales – a abouti à une déclaration finale à travers laquelle un appel a été lancé pour renforcer la trêve en Libye et travailler de manière constructive dans le cadre de la commission militaire mixte (5 + 5), pour parvenir à un cessez-le-feu dans le pays. Les parties se sont engagées, en outre, à la cessation des attaques contre les installations pétrolières, la formation de forces militaires libyennes unifiées et l’interdiction de fournir des armes à la Libye. La tenue de cette visionconférence intervient quelques jours après les consultations interlibyennes, tenues du 7 au 9 septembre derniers à Montreux, en Suisse, qui ont favorisé la reprise du dialogue politique facilité par l’ONU, ouvrant ainsi la voie à la phase de « solution globale ». Les belligérants libyens ont pu mettre de côté leurs différends et leurs désaccords de longue date au profit d’une solution interlibyenne, portant notamment sur la considération d’une « phase préparatoire » au règlement général de la crise. Ils ont convenu, de considérer la « phase préparatoire à une solution globale » comme un délai pour préparer les conditions appropriées pour la tenue des élections législatives et présidentielles dans un délai ne dépassant pas 18 mois, et sur la base d’une disposition constitutionnelle convenue. À la suite de la réunion de Montreux, le président du Conseil présidentiel du Gouvernement d’union nationale (GNA) libyen Fayez al-Sarraj a annoncé être prêt à quitter ses fonctions au plus tard fin octobre pour céder la place à un nouvel exécutif issu de pourparlers interlibyens visant à parvenir à une issue politique à la crise que connaît le pays depuis dix ans. Depuis le début de la crise, l’Algérie s’est engagée dans une démarche politique pour résoudre le conflit en Libye, qui repose principalement sur le respect de la souveraineté des États et le rejet de l’ingérence dans leurs affaires intérieures, en accordant la priorité aux solutions pacifiques et aux options diplomatiques. À cet égard, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de sa participation aux travaux de la Conférence de Berlin 1, a appelé la communauté internationale à « assumer ses responsabilités en imposant le respect de la paix et de la sécurité en Libye, que l’Algérie refuse de porter atteinte à son unité nationale et à la souveraineté de ses institutions ». Il a également souligné la nécessité d’élaborer une « feuille de route claire qui comprend la stabilisation de la trêve et la cessation de l’approvisionnement des parties libyennes en armes pour éloigner le spectre de la guerre de toute la région, et d’inviter les parties libyennes à la table des négociations pour résoudre la crise par le dialogue et par des moyens pacifiques ». En mai 2014, l’Algérie a lancé la mise en place du mécanisme des pays voisins de la Libye, qui a tenu sa première réunion en Algérie, et en mars 2015, elle a accueilli plusieurs cycles de dialogue entre les dirigeants des partis politiques libyens dans le cadre du dialogue supervisé par les Nations unies.
La dernière réunion du Mécanisme des pays voisins libyens s’est tenue le 23 janvier et depuis, l’Algérie a poursuivi ses efforts pour aider les Libyens à surmonter la crise qui frappe leur pays. Elle compte continuer son action diplomatique pour que la paix et la stabilité reviennent dans ce pays voisin.
M. Bendib