Accueil MONDE Élections en Espagne : la droite prend une claque

Élections en Espagne : la droite prend une claque

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Le Parti populaire a beau être arrivé en tête un peu partout, il devrait perdre l’essentiel des villes et des régions qu’il contrôlait. Deux images fortes ont dominé ces élections, et ce, dans les deux grandes cités du pays. La première, ce sont les larmes de joie d’Ada Colau, une militante contre les expulsions immobilières, appelée à devenir maire de Barcelone, puisqu’elle devance les nationalistes catalans pour qui cette municipalité était un bastion. La seconde, à Madrid, c’est le slogan un brin démagogique d’une autre néophyte de la politique, la magistrate Manuela Carmena : «Ce sont vous, les gens de la rue, qui avez gagné ces élections !» À 71 ans, l’ancienne juge n’a pas réellement gagné, car la conservatrice Esperanza Aguirre la devance d’un élu, mais elle seule peut sceller une alliance avec les socialistes. Ada Colau est une quadra, Manuela Carmena, une septuagénaire. Toutes les deux font partie d’un collectif citoyen appuyé par Podemos, la formation des indignés qui, depuis les européennes de mai 2014 où ils ont envoyé cinq députés à Strasbourg, a bouleversé le paysage politique espagnol. Pour les conservateurs du Parti populaire (PP) actuellement au pouvoir, c’est la claque. De l’Andalousie à la Galice, ils arrivent en tête, mais nulle part ils n’obtiennent la majorité absolue à laquelle ils sont pourtant tellement habitués. Partout, ils se heurtent au Parti socialiste, qui résiste bien à la catastrophe annoncée, et à diverses forces de gauche, principalement Podemos, appelé à devenir le grand arbitre. Si ces forces forgent des alliances entre elles, alors elles seront en mesure de récupérer à la droite des grandes villes (Madrid, Barcelone, Saragosse, La Corogne, Cadix, Séville…) et des parlements régionaux (Castille-La Manche, Aragon, Valence, Baléares).
Infréquentable Le principal obstacle du Parti populaire (PP) réside dans sa difficulté à négocier avec d’autres formations, car il est perçu comme infréquentable du fait des scandales de corruption qui, chaque semaine, éclaboussent ses caciques ou d’anciens dirigeants. Or la corruption semble avoir été la principale raison de son recul, comme à Valence où la formation Compromis – qui a tout misé sur la lutte contre ce fléau – réalise un excellent score, au coude à coude avec l’inoxydable conservatrice Rita Barbera.
Le seul partenaire logique du PP serait Ciudadanos (Les Citoyens), «des libéraux progressistes» qui, comme Podemos, sont issus de la contestation populaire contre l’austérité et la multiplication des «affaires». Mais le jeune leader du mouvement, Albert Rivera – qui a fait de la «régénération démocratique son leitmotiv -, a des réticences à s’allier avec le parti au pouvoir : il craint en effet de perdre dans cette «alliance avec le diable» la légitimité de son combat. Pour le Parti populaire, l’ultime constat risque d’être bien amer : il va certainement perdre l’essentiel de l’énorme pouvoir territorial obtenu en 2011. Un mauvais présage pour les législatives de novembre sur lesquelles l’ombre de Podemos ne fait que s’agrandir.

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