Ils sont plus d’une centaine de postulants à avoir retiré les formulaires de souscription pour prétendre à la course d’El-Mouradia, mais ils seront visiblement réduits à seulement quelques personnalités, qui auraient la capacité d’obtenir les
60 000 parrainages nécessaires à la candidature pour l’élection présidentielle prévue le 18 avril prochain.
Les candidats devraient donc mettre les bouchés doubles afin d’obtenir le nombre des signatures exigées avant le dernier délai arrêté pour le 3 mars à minuit, comme annoncé par le Conseil constitutionnel. À terme, le résultat donnera lieu à un filtrage de la compétition à la candidature par la mise à la touche des «potentiels-anonymes». Pour l’instant, cinq leaders de partis politiques seulement devraient s’assurer de leur capacité à obtenir les parrainages nécessaires. Le FFS a annoncé le boycott de la présidentielle, le PT hésite toujours sur sa participation ou non, la décision du RCD devra attendre vendredi prochain, et le FNA de Moussa Touati et le FJD de Abdellah Djaballah ont choisi de se tenir à l’écart, ne voyant « aucun enjeu politique » à ce rendez-vous.
Abderrezak Makri (MSP)
Il est le dernier à annoncer sa candidature cette semaine. Abderrezak Makri, qui se veut candidat « de l’opposition» et «principal concurrent du système», est un candidat surprise à l’élection présidentielle. Vendredi dernier, à l’issue d’une bataille en coulisse qui s‘est poursuivie jusqu’à l’aube, Makri a pu arracher la confiance du Madjliss Echourra (Conseil consultatif) après que son principal rival, Soltani, s’est résigné à la dernière minute. Après avoir défendu farouchement, durant tout l’été, le report de l’élection présidentielle en affirmant même que sa formation n’entrerait pas dans la course en cas de cinquième mandat pour Bouteflika, l’homme a pris un virage politique à droite, en annonçant juste après son plébiscite, que « le MSP ne renoncera pas même si fraude électorale et cinquième mandat il y aura». Ses rencontres avec les conseillers du président Bouteflika lui ont valu une salve de critiques, mais Makri les accepte et les assume pleinement dans ses déclarations. Le MSP disposant d’une base importante d’électeurs, avec un nombre important aux assemblées nationales et locales, les observateurs estiment que Makri réussira facilement à obtenir les parrainages. En plus, avec une base militante ancrée dans la société et composée essentiellement d’enseignants et fonctionnaires, Makri peut donc opter à la récolte des 600 parrainages d’élus (APC et APW) nécessaires pour se voir accepter candidat.
Abdelaziz Belaïd (Front El-Moustakbal)
Le candidat du Front El-Moustakbal, qui n’est autre que son propre président, va vivre sa deuxième campagne présidentielle, après celle de 2014. Il était alors arrivé troisième en nombre des voix obtenues. Son parti a également 14 sièges à l’Assemblée nationale lors des Législatives de mai dernier et un siège au Conseil de la nation. Abdelaziz Belaïd, ancien leader de l’organisation estudiantine UNEA et ancien membre du Comité centrale du FLN, également ex-député pour deux mandats, a quitté le parti en 2011 et fonda, une année plus tard, le Front El-Moustakbal. En l’espace de sept ans seulement, le parti aura réussi à imposer une présence remarquable sur la scène politique à travers ses scores électoraux et aussi sa réussite à faire adhérer un pan entier de jeunesse universitaires, qui se sont engagés à faire adhérer au parti des militants d’autres partis.
Ali Benflis (Talaïe El Hourriyet)
Ancien chef du gouvernement, Ali Benflis a quitté l’Exécutif en 2003 sur fond de désaccord avec le président de la République à la veille de sa présentation aux présidentielles de 2004. Benflis s’est vu aussi éjecté de son parti, le FLN, pour ses ambitions présidentielles, mais surtout pour avoir lancé une rivalité avec le Président Bouteflika. Ainsi il fonda, dans la foulée, le parti de Talaïe El Houriet en 2015. Diplômé de la faculté de droit d’Alger, Benflis avait occupé des fonctions de juge et de procureur de la République, exercé comme avocat et élu ensuite bâtonnier de l’Est (Constantine), avant de se voir confier le poste de ministre de la Justice en 1988. Candidat à l’élection présidentielle pour la troisième fois – il s’était présenté en 2004 et 2014 -, Benflis espère cette fois-ci faire la surprise en s’appuyant sur sa formation, qui recèle une élite de la société et d’anciens cadres d’État ou issus d’autres partis, notamment le FLN. Malgré un score électoral timide, Benflis a toujours eu une équipe engagée et mobilisée pour relever les défis.
Abdelkader Bengrina (Mouvement El-Binaâ)
Ancien ministre du Tourisme, Abdelkader Bengrina, a été un transfuge du MSP historique, fondé par feu Mahfoud Nahnah, avant de claquer la porte du parti pour fonder, avec Abdelmadjid Menasra, le Front du changement. Ensuite il démissionne avec des cadres proches de lui pour créer en 2012 le Mouvement El-Binaâ. Très proche de la doctrine du MSP, il se distingue en revanche par sa ligne participationniste et pro-gouvernementale. À travers les idées qu’il prêche et son discours islamiste, il vise clairement les anciens militants du FIS dissous et autres membres de la confrérie musulmane qui ne partagent pas la vision de Abderrezak Makri, président du MSP.
Ali Fawzi Rebaïne (Ahd 54)
Candidat aux élections présidentielles depuis 2004, Ali Fawzi Rebaïne, à la tête d’une formation politique totalement absente de scène, a toujours su comment réunir, à chaque échéance, les parrainages nécessaires pour se présenter à la présidentielle. Il a débuté sa carrière comme militant au sein de l’Organisation des enfants de chouhadas, comme il a été aussi militant des droits de l’Homme dans les années 1980. L’homme est connu pour n’apparaître que lors des rendez-vous électoraux. Son parti, faut-il le souligner, s’est, notamment abstenu lors des Législatives de 2017. Même s’il se revendique de l’opposition, Rebaïne, avec un score électoral en bas de l’échelle, semble bien parti pour jouer le rôle de lièvre politique. S’il réussit cette fois-ci à obtenir les parrainages nécessaires, ce serait son unique surprise et son seul exploit électoral.
Hamid Mecheri