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Égypte : la station balnéaire Charm el-Cheikh voit l’avenir en noir

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Après le crash de l’avion russe dans le désert du Sinaï la semaine dernière, les Égyptiens craignent que les touristes ne reviennent pas. La thèse de l’attentat contre l’avion russe se consolidant de jour en jour, Mohamed Mansour a bien peur que les touristes russes qui quittaient samedi son hôtel de luxe à Charm el-Cheikh soient les derniers qu’il voit avant un bon moment. Moscou a ainsi interdit les vols vers l’Égypte. Une semaine après le crash de l’Airbus A321 de la compagnie charter russe Metrojet 23 minutes après son décollage de cette station balnéaire, tuant ses 224 occupants, Vladimir Poutine semble avoir épousé la thèse privilégiée par Londres, Washington et les experts quasi unanimes : une bombe a explosé à bord. Le président russe a annoncé vendredi soir que Moscou interdisait tous les vols à destination de l’Égypte jusqu’à nouvel ordre. « On est sous le choc. Environ 50 % de ma clientèle est russe et cela arrive juste avant la haute saison des vacances de Noël », se lamente Mohamed Mansour. La thèse de l’attentat – il a été revendiqué par le groupe jihadiste État islamique (EI) en représailles des bombardements russes en Syrie – est dans toutes les bouches. Elle a poussé plusieurs autres pays à suspendre leurs vols pour Charm el-Cheikh ou déconseiller à leurs ressortissants de s’y rendre. Mais l’annonce russe pourrait bien être le coup de grâce pour l’un des joyaux touristiques égyptiens au bord de la mer Rouge, qui attire chaque année des millions d’amateurs de plongée ou de farniente au soleil. Selon Moscou, 80 000 Russes se trouvaient en Égypte samedi. « Depuis la révolution de 2011, les Allemands, les Français et les Européens étaient déjà moins nombreux », explique Mohamed Mansour. « Maintenant, si les Russes ne viennent plus, Charm el-Cheikh sera condamnée », déplore-t-il. Plus de 100 Russes se trouvent encore dans son hôtel.

Une destination de prédilection pour les Russes
L’ombre du drame plane encore sur son établissement cinq étoiles. Neuf des passagers tués dans le crash y avaient pris une chambre, dont une femme et ses deux enfants. Samedi, des centaines de vacanciers russes s’armaient de patience dans le hall de l’aéroport de Charm el-Cheikh, les yeux rivés sur le tableau d’affichage avec l’espoir d’embarquer le plus vite possible. « Ce qui arrive au tourisme égyptien ne m’intéresse pas. Je veux seulement rentrer chez moi en sécurité », lâche Alesandra Kondratieva. « Les Russes prennent les décisions de leur gouvernement très au sérieux », estime un responsable d’une compagnie étrangère, qui ne veut pas dire son nom, regrettant : « À court terme, le tourisme à Charm sera touché. » En 2005, la station balnéaire avait été le théâtre d’une série d’explosions, faisant près de 70 morts. Mais les touristes y avaient progressivement fait leur retour. Un cinquième des touristes russes choisissent de passer leurs vacances en Égypte, selon des responsables du tourisme à Moscou, qui évoquent toutefois une baisse de la fréquentation après la destitution en 2013 par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi et des violences qui ont suivi. Depuis, les forces de sécurité sont la cible d’attaques meurtrières, surtout dans la péninsule du Sinaï, où s’est écrasé l’avion de Metrojet, devenue le bastion de la branche égyptienne de l’EI. C’est elle qui a affirmé avoir « fait tomber l’avion », sans dire comment. Les compagnies aériennes chargées de les rapatrier étaient samedi dans le collimateur des touristes se massant à l’aéroport. « Regardez ce chaos. Personne ne sait rien », s’emporte Bhuvesh Patel, un banquier de Londres coincé là avec son fils de trois ans et sa femme enceinte. Ce drame risque de porter un nouveau coup fatal au tourisme en Égypte, un pays déjà affecté par des années d’instabilité depuis la chute de Hosni Moubarak à l’issue d’une révolte populaire en 2011, et les années de chaos qui suivent depuis. L’an dernier, 10 millions de touristes ont visité le pays des pharaons contre 15 millions en 2010, et la plupart d’entre eux ont pris la direction de Charm el Cheikh. Ses plages, ses hôtels de luxe, sa vie nocturne attirent des millions de touristes. Jusque là épargnée par la menace terroriste contrairement au nord de la péninsule du Sinaï, théâtre d’une insurrection jihadiste, Charm el Cheikh semble rattrapée par l’instabilité sécuritaire du pays.

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