La parole présidentielle n’a jamais été un simple exercice de style. En prêtant attention on mesure toute sa profondeur et les enjeux qu’elle sous-tend. En la scrutant, on plonge dans une profondeur insoupçonnée. Dimanche dernier, lors du Conseil des ministres, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a insisté pour que la distribution de l’eau dessalée soit assurée dans « un rayon de 250 km à partir des côtes ». C’est-à-dire passer du rayon actuel de 150 km à 250 km. Est-il utile de dire qu’à l’aide de canalisations et de surpresseurs ces 100 km supplémentaires, sont atteignables ? Tous les médias ont traité cette nouveauté introduite pour les futures stations de dessalement. Ce qui explique pourquoi le Président a décidé « d’ajourner l’exposé pour approfondir le contenu » pour le prochain Conseil des ministres. Sauf qu’il a « insisté également sur la nécessité d’adopter la culture d’État envers nos concitoyens, à travers l’élaboration d’un calendrier étudié pour la distribution de l’eau et son application avec rigueur ». Tout un programme. En démontrant que la nature sociale de l’État est loin d’être un simple slogan. Et en mettant en relief l’expression de ses actes concrets. Comme la sacro-sainte équité envers les citoyens sans distinction et dans tous les domaines. La distribution de l’eau potable avec « l’élaboration d’un calendrier étudié…et son application avec rigueur » fait partie de ces actes concrets à approfondir et à valoriser. Ce n’est pas la première fois que le président Tebboune insiste sur la régulation de la distribution de l’eau potable. Que de fois n’a-t-il évoqué que, confrontés à une sécheresse sévère, le déséquilibre naturel entre la demande et l’offre est accepté par le citoyen. L’essentiel pour lui est de ne pas subir une distribution de l’eau chaotique. En effet, oui pour le partage, mais pas dans des horaires improvisés. Étudier un calendrier de la distribution de l’eau potable que ce soit par la SEAAL, l’ADE ou les communes, n’est pas facultatif. Il est obligatoire. Tout comme la rigueur dans son application. Surtout que certaines particularités comme les installations de citernes par les citoyens dans leurs logements créent deux catégories de consommateurs. D’un côté, les nantis avec leurs citernes dotées d’un système de remplissage automatiquement dès l’arrivée de l’eau et leur capacité de stockage qui les dispensent d’attendre l’ouverture des vannes. De l’autre, les ménages modestes sans citernes qu’une distribution sans étude, capricieuse et imprévue, peut priver d’eau. Un « lâcher » d’eau, inhabituel, la matinée où ils sont absents (travail, école) ; Ou une distribution inopinée de nuit pour remplacer celle du jour, peut les priver d’eau s’ils sont plongés dans leur sommeil. Le tout au détriment de la « culture d’État » qui accorde la priorité au bien-être du citoyen. Une distribution étudiée et appliquée rigoureusement, conforte la confiance, que l’on voit poindre, accordée par les citoyens à leur État. Une confiance restaurée de haute lutte !
Zouhir Mebarki