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Du système de santé en temps de guerre et en temps de paix

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Par Ali El Hadj Tahar

Fondé sur une « maîtrise par le marché », le système libéral met le profit au-dessus de la santé, et c’est pour cela qu’il a montré ses carences durant cette pandémie qui a permis à la Chine, la Russie et Cuba d’apparaitre comme les sauveurs de leurs peuples et de l’humanité aux yeux de beaucoup de gens, qui veulent se tourner vers ces modèles, du moins en matière de santé.
Pendant que la Chine s’impose comme l’usine de la planète et croule sous les demandes de masques, de gel hydro-alcoolique, de combinaisons, de gants et médicaments de toutes sortes, les États-Unis, première puissance mondiale, voit son économie plombée par la récession, ses usines fermer à la chaîne et le nombre des nouveaux demandeurs d’emploi grimper à 10 millions en deux mois… Alors que la Chine n’a enregistré que 3 339 morts du Covid-19, plus de 20 000 Américains sont déjà décédés bien que ce pays semble loin d’atteindre le pic épidémique. Alors que le nombre de chômeurs ne cesse de croître, le plan de soutien et de relance de 2 000 milliards de dollars voté par le Congrès sous la forme de chèques aux ménages, d’aides aux entreprises et d’extension des droits des chômeurs ne semble pas arrêter la demande d’aide alimentaire qui connaît une hausse vertigineuse dans l’ensemble du pays, selon le New York Times. L’économiste James K. Galbraith, professeur à l’université d’Austin au Texas, explique que les États-Unis n’étaient pas du tout préparés à l’épidémie et qu’ils disposent à peine de deux lits d’hôpital public pour 10 000 personnes, alors qu’ils en avaient quatre il y a 40 ans.
Or Cuba, par exemple, dispose de 5,23 lits, et Algérie de 2,1 lits. Les pays occidentaux ont supprimé des milliers de lits d’hôpitaux dans le cadre d’une politique d’austérité, comme l’ont montré plusieurs études sociologiques sur ce phénomène de réduction des dépenses de santé dans le monde libéral. Aux États-Unis, le prix des médicaments et les honoraires des médecins sont le double de ce qu’ils sont dans les autres pays de la planète, ce qui a rendu caduc le système d’auto-prise en charge et d’absence de carte de soins et de retraite, car le salaire ne suffit plus pour compenser l’augmentation du prix des soins. La création de l’assurance santé par Barack Obama ne remettait en question ni les honoraires des médecins ni l’industrie pharmaceutique responsables du problème ; et le président Trump qui avait promis de les réduire a fini par abandonner son combat face aux lobbies.
La pandémie du Covid-19 a mis à nu les carences du système de santé de certains pays qui n’ont cessé de réduire le nombre de lits et de services dans les hôpitaux publics. Au nom d’une politique dite keynésienne, certains États ont osé remettre en question une grande évidence : que la santé constitue le premier pilier d’une société, et que celle-ci a besoin d’une population saine pour être rentable et utile. En vérité, l’économiste Keynes a bon dos, puisque dans son livre Comment payer la guerre (1940), il traite de la façon d’économiser et de mobiliser les ressources de la société anglaise durant un conflit armé, mais avec la contrainte d’une justice sociale mise au premier rang des préoccupations. En temps de paix, depuis la chute du Mur de Berlin, le libéralisme occidental ne cesse de s’attaquer aux fondements de l’État providentiel, le Welfare state dont il se targuait durant la guerre froide et qu’il a cru bon d’abandonner dès que la compétition avec le bloc communiste s’est arrêtée.
Aujourd’hui, c’est au confluent de deux voies que se trouve le libéralisme, que certains disent condamné à mort et d’autres capable de corriger ses erreurs. Ce qui est certain c’est que ce modèle n’est plus une tentation pour beaucoup, même s’il a toujours les armes pour s’imposer : l’Organisation Mondiale du Commerce, l’Union Européenne, les banques et surtout l’OTAN, soit la pression armée. En pleine crise sanitaire, les États-Unis ne viennent-ils pas d’envoyer une flotte en direction de la Mer des Caraïbes, avec le Venezuela dans le viseur, comme un avertissement à qui penserait que… ?
A. E. T.

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