Suite «au rejet» exprimé par les manifestations de vendredi dernier, observées à travers le territoire national, «contre l’appel» à recourir à l’article 102 de la Constitution, quoique d’autres l’ont salué tacitement, le chef d’Etat-major de l’ANP, Ahmed Gaïd Salah, qui a certainement reçu les échos qui lui sont parvenus de la rue, a concédé davantage pour aller vers les articles 07 et 08 de la Constitution, et lesquels confèrent toute source du pouvoir au peuple. Hier, une centaine des citoyens ont observé un rassemblement au niveau de la Grande-Poste, à Alger, afin de saluer cette solution suggérée par le vice-ministre de la Défense nationale qualifiée d’une issue «salutaire» et «consensuelle» pour une sortie de crise politique.
Faïza Lemhani, étudiante: «Aucun Algérien ne peut rester indifférent»
« On est venu, aujourd’hui, pour soutenir la solution proposée par le chef d’Etat-major de l’ANP, car seule l’application de ces articles de la Constitutions rendra à l’Algérie sa dignité. Personne ne peut être indifférent avec cette solution consensuelle, vu que l’article 07 prévoit que la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple, ce qui veut dire que le peuple est la source de tout pouvoir. Ce n’est pas moi qui le dis, cela on le trouve dans la Constitution algérienne. Je suis persuadée que l’Armée nationale populaire ne tournera pas le dos au peuple, car on ne veut pas des traîtres en Algérie qui ont voulu faire monter un sale coup contre la volonté du peuple. Après l’application de ces articles 07, 08 et 102, la légitimité retournera au peuple qui choisira ensuite son Président et ses représentants. Pour nous l’application de l’article 102 seulement n’était pas une bonne option.»
Abdelkader Ouggad, tailleur : «L’Algérie n’a rien à craindre avec son armée »
« Après le sixième vendredi de manifestations, la mobilisation du peuple est devenue «intifada» populaire et non « hirak », car le peuple a brisé le mur de la peur une bonne fois pour toutes le 22 février dernier. C’est pour cela que je dirai qu’aucun parti politique n’a le droit de parler au nom du peuple. Aujourd’hui, nous soutenons notre armée après avoir déjoué la tentative d’une bande de traîtres qui a tenté de déstabiliser le pays. Nous lançons ce message à tous ceux qui ont souhaité voir le scénario de la Lybie et de la Syrie se reproduire en Algérie. Ils ont eu tort ! Je vais leur dire que l’Algérie n’a rien à craindre puisque son armée veille à sa sécurité, et l’application des articles 07, 08 et 102 de la Constitution est la revendication du peuple qui est sorti par centaines de milliers vendredi dernier. »
Louisa Amrane, retraitée : «L’armée tend la main au peuple »
« Même si on est, aujourd’hui, peu nombreux que d’habitude, je dirai que les citoyens qui sont sur place (NDLR : Grande-Poste) sont tous satisfaits de cette solution consensuelle. Maintenant, on est rassuré car notre armée a tendu la main au peuple qui a dénoncé toutes formes de fraudes et de corruption. Les corrompus ne peuvent aucunement gouverner un pays comme l’Algérie, ils nous ont saboté pendant 20 ans, ça suffit ! Tout l’avenir est pour les jeunes algériens, il y a des gens qui sont honnêtes et c’est eux qui doivent prendre les rênes de la République à travers des élections transparentes et non pas les voleurs. »
Nassim Smidi, artiste: «L’armée doit être loin des affaires constitutionnelles»
« Je salue le geste courageux de notre armée comme tout le monde, à condition qu’elle n’interviendra pas dans les affaires constitutionnelles et politiques, car dans ce cas, le pouvoir constituant appartient au peuple, donc on est pour l’application de ces articles de la Constitution, notamment les 07, 08 et 102. Mais aussi, on va continuer à protester afin de réclamer la démission du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, et le président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz. Car personne ne veut les voir après le 28 avril. »
Propos recueillis par Med Wali