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Des véhicules neufs 2018 en vente dans les marchés d’occasion : La voiture fait désordre

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Une arnaque de plus, diraient les uns ; une de trop, diront les autres ; dans tous les cas, on est bel et bien en face d’une arnaque dans le marché de voitures, une entourloupe qui refuse de dire son nom.

Marché des voitures d’occasion de Tidjellabine, à quatre kilomètres du chef-lieu de la ville de Boumerdès, certainement le plus imposant marché au niveau national ; on y trouve de tout, de la 404 bâchée année 1968 aux bolides 2018, tous types confondus. L’entrée du marché démarre dans le style « vintage » avec, donnant sur des « Dauphine », des R4 et des RN5 ; plus loin, l’année est plus en rapport avec 2018 et les prix montent à mesure que la high-tech monte aussi, pour être ponctuées par les grosses cylindrées, des VW, Mercedes, Kia Sportage, Rang Rover, Tiguan.., etc. La plupart sont immatriculées entre 2012 et 2013, c’est-à-dire la période ayant précédé la chute des cours du pétrole et l’arrêt brutale des importations des véhicules.
Mais, ce qui frappe l’esprit, c’est d’abord la présence de voitures 2018. Censés être dans les show-rooms ou chez son nouvel acquéreur, ces voitures sont mises en ventes avec les voitures d’occasion. Il y a plusieurs marques et types de voitures ; nous n’en citerons aucune ; elles sont visibles, présentées à tous, et vérifiables chaque samedi que Dieu fait, aux autorités de faire le constat et de sévir ; car il faut bien expliquer comment ces voitures 2018, une année qui vient à peine d’être entamée se retrouvent dès les premiers jours de janvier 2018 dans les marchés d’occasion. Alors que les acquéreurs doivent languir de longs mois pour faire sortir la voiture achetée des écuries des concessionnaires automobile, pour 20 millions de centimes de plus à débourser, vous pouvez l’acheter immédiatement dans ce type de marché de voitures d’occasions hebdomadaire qui champignonnent à travers le pays.
Comment la voiture 2018 sort-elle aussi vite de sa maison pour atterrir à Tidjellabine ou ailleurs ? Pour le commun des Algériens qui écument les marchés d’occasion, la question ne mérite même pas d’être posée tant l’évidence saute aux yeux. Soit le revendeur bénéficie de solides appuis avec la maison-mère et fait sortir des voitures dans un laps de temps très court, et présente sa voiture à la revente ; soit c’est les responsables de ces maisons-mères eux-mêmes qui font la transaction pour faire sortir la voiture et la faire revendre dans les marchés de voitures d’occasion. La marge bénéficiaire est de 20-25 millions de centimes, et en ces temps de disette, ce n’est pas rien. Grosses et petites arnaques, grandes et petites entourloupes, cet univers de voitures en pilule. On vous parlera des compteurs diminués de leur véritable comptage kilométrique chez un bon électricien, moyennant 5000 dinars pour que la voiture fasse plus « jeune » ; comme on vous contera les « collages » impeccables effectués sur les voitures accidentés qu’on revend au prix des voitures intacts, mais la voiture 2018 déjà en vente sur ces marchés reste le must des arnaques, tant elle est « grosse » dans son volume et « pirate » dans le circuit emprunté entre la maison et le marché.
Si le secteur de l’industrie automobile constitue un véritable casse-tête chinois pour les autorités, le marché de la voiture d’occasion constitue un test de rigueur à résoudre en urgence. On a parlé du diktat des revendeurs des voitures qui font et défont les prix à leur guise comme on a déjà parlé des voitures fabriquées localement, ou pour être précis, disons : « montées » localement, mais qui coûtent plus chères que les voitures importées. Pourtant, même en pleine récession économique, l’industrie automobile se porte bien en Algérie et les constructeurs étrangers engrangent de gros profits substantiels. Toutefois, si pour les concessionnaires, on peut parler de gros investissements qui doivent être rentabilisés, quoi dire des ces reventes de voitures sortis des usines pour être mises sur les marchés d’occasion avec un « plus » de 20-25 millions de centimes qui échoit dans la poche de ces indus trafiquants sans qu’ils n’aient levé le petit doigt pour mériter un bénéfice aussi gros dans un laps de temps aussi court. Ce type de marché demeure à la merci des revendeurs aussi longtemps qu’il ne sera pas soumis à une autorité de régulation qui y mettra ses balises et ses garde-fous. L’univers des voitures dans ce type de marché est très souvent rattaché à l’argent sale, aux petits arrangements et traficotages de gens bercés dans le souci du dinar vite gagné, sans s’encombrer de préjugés, encore moins de principes. C’est un univers qui vous fait oublier, le temps d’une visite, que l’Algérie est un pays en pleine récession financière.
F. O.

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