Même si l’arrivée d’un vaccin suscite beaucoup d’espoir dans la lutte contre la pandémie, il est hors de question de mettre immédiatement aux oubliettes les gestes barrières après la vaccination, a fait savoir Salah Eddine Sahraoui, président de la société algérienne de biotechnologie et recherche médicale, sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, hier. « L’arrivée du vaccin ne doit pas nous faire oublier les autres mesures de luttes contre la pandémie », a-t-il alerté, allusion faite à « la prévention et les mesures barrières ». « Se vacciner nous protège, théoriquement, contre le coronavirus mais nous ne sommes pas sûrs qu’on ne transmet pas la maladie », a-t-il poursuivi, plaidant en faveur du maintien de ces mesures, y compris pour les personnes ayant été vaccinées contre la Covid-19. « Ce n’est pas parce qu’on est vacciné, que cela veut dire qu’on ne transmettra pas le virus (…). Si on est vacciné, on reste quand-même un vecteur potentiel de la transmission de la maladie, donc on ne peut pas se permettre d’oublier toutes les autres mesures de santé », a-t-il recommandé. Selon lui, la nouvelle souche de Covid-19, apparue récemment dans certains pays européens, n’impacterait pas la capacité vaccinale. L’éminent scientifique algérien a souligné qu’on peut adapter facilement le vaccin aux nouvelles souches arguant qu’« un laboratoire américain a déclaré une adaptation au bout de six à huit semaines ». C’est une avancée majeure qui est censée nous rassurer, estime-t-il, précisant qu’« on a des capacités d’adaptation qui nous permettent de sortir d’autres versions de ce vaccin en s’adaptant à sa mutation jusqu’à sa disparition ».
Pas d’homologation de vaccins de moins de 50% d’efficacité
Évoquant les doutes de la population quant à l’efficacité du vaccin, l’Invité de la Rédaction dit que « celles-ci sont justifiées ». « On peut les comprendre, mais il y a un bon chemin scientifique qui a été parcouru par mes confrères, et qui a permis aujourd’hui la mise sur le marché de ces vaccins », indique-t-il, ajoutant : « nous devons absolument saisir cette opportunité qui est une arme supplémentaire et complémentaire dans la prise en charge du covid-19 ». Il illustre ses propos par le langage des chiffres. Sur l’efficacité du produit, justement, le Dr Sahraoui a estimé qu’un vaccin « à 92 % ou 95 % d’efficacité thérapeutique, est une chose absolument remarquable et rassurante ». C’est d’autant plus, que l’Organisation mondiale de la Santé refuse l’homologation de vaccins dont l’efficacité est située au-dessous « de 50 % de protection». Sur les appréhensions exprimées par nombres de scientifiques sur le temps record réalisé par le processus de découverte et validation des vaccins contre Covid-19, alors qu’ordinairement cela prend plusieurs années, Salah Eddine Sahraoui a défendu l’efficacité des vaccins arguant des avancées scientifiques dans la biomédecine. « Il y a eu des mesures exceptionnelles qui ont été prises par les laboratoires pharmaceutiques et l’OMS, qui ont permis de mettre en place un programme de recherche permettant aujourd’hui de découvrir et de mettre au point des vaccins en un temps record. Je pense qu’il faut plutôt saluer ce temps record plus qu’être critique et soucieux de ces conséquences. C’est la mobilisation mondiale qui a fait qu’aujourd’hui on a ce vaccin. Je me dis heureux et rassuré de la mise en place de ces vaccins contre Covid-19 », a-t-il expliqué.
Les produits arrivant en Algérie « seront contrôlés »
« La communauté scientifique est mobilisée pour mieux comprendre l’évolution de cette pathologie. Si on comprend mieux, on agit et anticipe mieux », a-t-il souligné. Plusieurs interrogations n’ont pas encore reçu de réponses, a admis Salah Eddine Sahraoui, mais il a rassuré que les vaccins qu’acquérira l’Algérie seront contrôlés et homologués selon les normes internationales en la matière. « Les dossiers présentés par les laboratoires sont décortiqués par les Agences internationales. En Algérie, on a le ministère de l’Industrie Pharmaceutique et l’ANPP (Agence nationale des produits pharmaceutiques) et l’institut Pasteur, qui travaillent en étroite collaboration avec les agences internationales. Donc, nous suivons les mêmes étapes en termes d’homologation de ce qui se passe au niveau international. À cela s’ajoute aussi les partenariats avec les autres agences. Il y a une mobilisation mondiale pour lutter contre cette pandémie; y compris l’Algérie. Nous rassurons nos citoyens que les vaccins choisis subiront et passeront par tous les filtres réglementaires qui sont nécessaires pour mettre à disposition le vaccin en Algérie », a-t-il souligné. Sur les informations véhiculées par certains médias et sur les réseaux sociaux selon lesquelles certains vaccins peuvent changer l’ADN des humains, Salah Eddine Sahraoui a répondu : « J’ai lu sur la toile des commentaires de ce genre qui sont complètement faux. Soyons sérieux ! Dans un débat qui est scientifique et qui y va de notre santé, modifier nos gènes sont des idées complètement fausses ».
Hamid Mecheri
