Organe mythique, le DRS, devenu DSS ou DAS, à la faveur du nouveau décret non publiable, signé le 20 janvier prochain, par le président de la République, créé la confusion sur sa dissolution ou sa simple restructuration en trois directions distinctes : (Direction de la sécurité intérieure, la Direction de la documentation et de la sécurité extérieure et la Direction des renseignements techniques.), rattachées à la présidence et coordonnées par un ministre-conseiller, Athmane Tertag, alias Bachir.
Le MALG, la SM, le DPS, au-delà du caméléon dans l’appellation qui les caractérise, les Services de sécurité algériens, que l’on encense ou que l’on honnit, ne laissent personne indifférent, que ce soit sur les plans nationaux ou internationaux, ou au sein de la vox-populi.
C’est dans ce contexte précieux pour l’avenir du pays que le journal arabophone, El-Hiwar, a organisé, ce lundi, son Forum, au cours duquel, Mohammed Tahar Abdeslam, Bachir Medjahed, Ahmed Adhimi et Mohammed Khelfaoui, les quatre issus de l’institution militaire, aujourd’hui à la retraite.
Premier à intervenir, Tahar Abdeslam, colonel à la retraite, rappellera succinctement le rôle joué des Services de sécurité dans la consolidation de la paix en Algérie, avant et après l’indépendance. Sur ce, le général Abdelaziz Medjahed, général major, abonde pour justifier la nouvelle restructuration, et non dissolution, comme il a tenu à le répéter, par l’adaptation impérieuse aux mutations, politiques, sécuritaires et organisationnelles, que connaît le monde. Pour lui, mieux que cela : le Département du renseignement et de la sécurité a subi, contrairement à ce qui colportés par-ci et par-là, une élévation dans la hiérarchie étatique, une sorte de promotion, que traduit son rattachement à la présidence au lieu, au ministère de la Défense nationale, et un élargissement de prérogatives, illustrées par sa scission en trois directions générales. Cela est inscrit, à juste titre, selon le général major, dans les objectifs contenus dans l’avant-projet de révision de la Constitution, à savoir renforcement des institutions de l’État, limiter et préciser les rapports des uns par rapport aux autres et amélioration des rapports opérationnels entre les forces de sécurité, Gendarmerie nationale, Police et Sécurité militaire. Mesuré et anticipant les éventuelles questions qu’on lui a posées, Medjahed rétorquera à ceux qui ne voient aucune utilité sur le fait d’avoir transféré le DRS du MDN vers la présidence de la République, puisque ces deux institutions sont présidées par la même personne : Abdelaziz Bouteflika, président de la République et en même temps ministre de la Défense nationale, que « avant, le DRS était présidé par une seule personne, alors qu’actuellement il dépende d’un organe à la décision collégiale, chargé du suivi sécuritaire, de la participation à la prise de décision et de l’élaboration des questions sécuritaires stratégiques au profit du pays. Il s’agit du Haut conseil de sécurité. »
Les propos sont de Ahmed Adhimi, colonel à la retraite et ancien responsable de la cellule de communication au MDN, l’un des plus médiatisés surtout. « Tout est permis pour sauver le pays. La sécurité militaire use souvent de moyens illégaux pour arriver à sa fin. L’agent est même corrupteur, pourvu que la paix de son pays soit son ultime palmarès. ». Et de nuancer, « mais les dépassements dont je parle ici ne sont commis que hors du pays où les services agissent ».
Concernant la dernière restructuration, le conférencier la considère comme un pas en avant pour l’édification d’un État de droit, pourvu que les Services de sécurité œuvrent pour assurer la sécurité de la les nation et non pour pérenniser le système. « Que vive toutes Nations ! à bas tous les systèmes régnants », s’exclama-t-il. La restructuration devant être effectuée, à ses yeux, en 2000, un rapport datant de cette époque la proposait déjà.
État de droit et non État civil, fait-il le distinguo. Là-dessus, il s’attaquera à Amar Saâdani, sans le citer, et à tous ceux qui parlent d’État civil, les traitant d’ignorants. Car, rappelle-t-il, l’État civil a été érigé dans les pays qui voulaient en faire une réponse à l’État religieux ou théocratique. Sur le plan technologique, la sécurité militaire est celle qui en fait le plus usage, car devant maîtrise l’une des armes les plus redoutables pour contrer les menaces externes, provenant de pays sur la pointe du développement. D’où l’idée de renforcer les prérogatives de la direction des renseignements techniques, en la dotant d’un statut plus élargi.
Sur le fait que le DRS soit rattaché à la présidence de la République, Adhimi le considère comme non-protecteur pour la personne du président. Dans les pays développés, c’est sous la tutelle du Premier ministre que l’on place les services de sécurité, pour que ce responsable soit le fusible qui saute, et non le président, indique-t-il.
«Toufik aurait dû être limogé, il y a 15 ans»
Sur le départ de Toufik, Ahmed Adhimi déclare que le pays a pris du retard. Cette action devait être faite en 2000, car l’année d’avant, en 99, coïncidant avec l’élection de Bouteflika, le pays a, selon lui, vaincu le terrorisme, donc le passage à une étape au cours de laquelle les services de sécurité devraient se voir confier une nouvelle mission est devenue imminente.
Se disant éduqué, l’orateur déclare ne jamais tirer sur les ambulances, ni tenir des propos dithyrambiques en direction du pouvoir en place. Enfin, le colonel à la retraite Mohammed Khelfaoui, auteur du livre « Les services de sécurités, enjeu d’une guerre silencieuse », a souligné que la restructuration du DRS préfigurait d’une sortie de la scène politique pour l’Armée.
Zaid Zoheir