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DES ÉCHANGES À COUTEAUX TIRÉS AU RCD : Mohcine Belabbas face à la fronde

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Des cadres et militants du RCD ont saisi, par le biais d’un long courrier, la direction du parti pour appeler à l’ouverture d’un débat interne sur la gestion de ses affaires.

Les signataires de ce document-brûlot, qui porte de graves charges contre le président du RCD, Mohcine Belabbas, plaident pour la tenue d’un congrès extraordinaire vu la «gravité de la situation». Selon ce collectif composé de membres du Conseil national, du secrétariat national et d’élus, Belabbas s’est «rendu coupable» d’une gestion «autoritaire» du parti et est accusé de s’être «dévié» de la ligne politique, des principes et des statuts du parti.
Face à ces lourdes charges portées sur son dos, la direction du RCD dirigée par Belabbas a pris les devants et a publié, jeudi dernier, le document controversé. Ainsi, les signataires demandent l’ouverte d’«un débat dans la transparence, sur le RCD, son fonctionnement et son histoire», précise la direction du parti de Mohcine Belabbas.
Des dirigeants et députés du RCD, contactés, hier, par le Courrier d’Algérie, se sont abstenus de tout commentaire sur ce problème, quoiqu’interne mais qui déborde sur la place publique. Ils préfèrent plutôt se focaliser sur les actions externes, notamment les problèmes rencontrés par le RCD et les autres partis composant l’alternative démocratique, appelant à une constituante, comme solution à la crise politique en cours dans le pays. Entendre, notamment, le refus de la wilaya d’Alger de leur octroyer l’autorisation pour la tenue de leur conférence nationale.
Yassine Aissiouane, chef de file des frondeurs, également cadre et député du RCD, a accusé Belabbas, dans une publication faite hier, de vouloir fuir le « vrai débat », appelant sans détour à son éviction de la tête du parti. «Ceux qui ont signé et qui continuent à signer dans les différentes wilayas la lettre publiée par Mohcine Belabbas et Atmane Mazouz sont les enfants purs du RCD. Vous avez donné des instructions à des structures remaniées avec des transfuges des partis du pouvoir pour dévoyer le vrai débat en s’attaquant vulgairement à des cadres et militants sincères », a-t-il écrit sur sa page Facebook.
Pour ce dernier, le vrai débat « portera sur des faits et les faits sont têtus », en indiquant que « celui qui a signé au nom du RCD avec Dhina, chef terroriste, n’a rien à faire avec nous », a-t-il chargé le successeur de Saïd Sadi, ex-président et fondateur du parti. Plus loin, l’ancien secrétaire chargé de la communication au parti accuse Belabbas de «trahison aux vivants et aux martyrs du RCD ».
Jeudi dernier, sur le site officiel du parti, on apprend que des cadres et militants ont envoyé une lettre intitulée : « où va le RCD ? » au président Belabass, lui reprochant, avec son « homme de main », le député Ouamar Saoudi, de « prendre le parti en otage » et de « verrouiller » les structures du parti. Ils accusent également la direction du RCD d’avoir «foulé aux pieds» les principes régissant le parti et d’encourager « les courtisans » et « le culte de la personnalité » à tel point que « les membres de votre exécutif ne sont informés que grâce à la presse ».
« Le RCD n’a jamais été autant en danger depuis sa création », s’alarment-ils dans ce courrier sensé être interne avant qu’il ne soit déballé sur la place publique. « Se taire plus longtemps, c’est accepter de voir le RCD sombrer au moment où le peuple et le pays ont le plus besoin de lui. Qui ne dit mot consent ! », Dénoncent-ils.
« Notre parti traverse la période la plus difficile depuis sa création. Il est touché dans son organisation, son fonctionnement et ses principes ». Les cadres frondeurs du RCD se sont dit scandalisés par les récents propos sur les médias et décisions prises par le chef du parti, citant les exemples des «secrétaires nationaux, qui sont obligés de donner leur mot de passe  Facebook » et aussi, ajoutent-ils « de peu d’enthousiasme de Belabass de défendre la détenue d’opinion issue du parti, Samira Messouci » , ou de se solidariser, poursuivent-ils, «  avec le fondateur et ex-président du RCD, Saïd Sadi, lors d’une agression qu’il a subie à Béjaïa.»
La charge est plus grave encore lorsque les frondeurs ont accusé Belabbas de signer un communiqué « scellant une alliance avec un groupe où figure un certain Mourad Dhina, ancien chef du FIDA (branche armée du GIA spécialisée dans l’assassinat d’intellectuels, ndlr) » sans jamais informer le secrétariat national.»
La réplique de la direction du RCD, donc de Mohcine Belabbas, était pour le moins que l’on puisse dire plus tactique que politique. En effet, le chef du RCD publie le fameux document et prend sa défense en accusant ses adversaires d’un «complot» qui vise le parti, en ces temps de crise politique notamment. « Le document que nous rendons public et dont vous pouvez deviner facilement ses rédacteurs vise à déstabiliser le RCD en ces temps de révolution pour le compte du pouvoir de fait. Ses rédacteurs, ne l’ont pas encore rendu public. Nous le faisons à leur place », est-il écrit dans un commentaire joint à cette lettre, postée sur la page officielle du parti.
Hamid Mecheri

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