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DES DISPARITIONS FORCÉES AU DÉPART DES MIGRANTS EN MÉDITERRANÉE : Tous les chemins mènent au Maroc

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L’affaire du massacre, à ciel ouvert, commis sur d’humbles migrants africains par les forces de police marocaines en ce « vendredi noir » près de Melilla, remonte à la surface.

Le contexte s’y prête d’évoquer cette affaire à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des victimes de disparition forcée. Et pour cause, n’a-t-on pas appris que le Makhzen a ordonné des opérations d’enterrement massives et rapides des migrants subsahariens et soudanais tués, à l’effet de dissimuler les preuves du crime. Outre ce scandale qui lui reste toujours en travers de la gorge, le Makhzen est confronté, à nouveau, à la migration clandestine, dont le Royaume représente un point de départ dans le bassin méditerranéen.
En effet, alors que le monde commémore la Journée internationale des disparitions forcées, comme phénomène derrière des centaines de milliers de victimes selon l’ONU, le royaume du Maroc constate à ses dépens qu’il figure parmi les pays qui continuent à pratiquer, dans l’impunité totale, cette forme de torture, le propre du régime marocain dont la politique est d’essence même répressive. Un phénomène qui touche fréquemment des opposants et activistes marocains qui sont victimes de la disparition forcée.

Le cas Kaddour Al-Youssoufi
D’ailleurs, cette question a été récemment évoquée après la mort de l’un des plus hauts responsables des centres de rétention secrets destinés à la torture au Maroc, Kaddour Al-Youssoufi.
Le Comité de coordination des familles des disparus et des victimes de la disparition forcée au Maroc a souligné, à cette occasion, dans un communiqué intitulé « N’oublions pas les victimes des violations flagrantes des droits de l’Homme au Maroc », que Kaddour Al-Youssoufi a supervisé les interrogatoires et la torture de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants appartenant aux mouvements militants les plus en vue au Maroc. Le Comité a estimé que la mort d’Al-Youssoufi, sans connaître la vérité, tenir les tortionnaires pour responsables et préserver la mémoire, « prouve que le dossier des graves violations des droits de l’Homme est toujours d’actualité, notamment celui des disparus dont le sort n’est pas connu et des victimes de disparition forcée au Maroc ».
Les révélations de ce Comité viennent confirmer les propos du président de l’Espace marocain des droits de l’Homme, Mohamed Nouini, selon lesquels la situation des droits de l’Homme au Maroc est « pire qu’elle ne l’était durant les années de plomb », en référence à une période de l’histoire du royaume chérifien qui s’est étendue des années 1970 jusqu’à 1999, marquée par une violence et une répression contre les opposants politiques et activistes démocrates, victimes entre autres, de disparition forcée et de torture.

Sur la piste d’un Soudanais disparus après le drame de Melilla
Et tout récemment encore, le Comité des Nations unies chargé des disparitions forcées a enregistré et adopté le premier cas de Soudanais disparus qui n’ont pas été retrouvés après la tragédie du « Vendredi noir », jour où des migrants africains ont été soumis aux traitements les plus horribles de la part des forces de sécurité marocaines alors qu’ils tentaient de franchir la barrière frontalière entre la ville marocaine de Nador et l’enclave espagnole de Melilla. L’Association marocaine des droits de l’Homme (antenne de Nador), qui suit le dossier des migrants africains disparus suite à la tragédie du 24 juin dernier, au cours de laquelle au moins 23 d’entre eux ont été tués par la police marocaine, a déclaré, la semaine passée, qu’ « après de grands efforts, enfin, le Comité des Nations unies en charge des disparitions forcées a enregistré et adopté le premier dossier en ce qui concerne les disparus soudanais, qui n’ont pas été revus après le drame du vendredi 24 juin ».
Selon la même association, « il est lié au jeune soudanais, Mazen Dafallah Gallo, au sujet duquel la Commission des disparitions forcées a écrit aux autorités marocaines ». Elle a souligné que le travail « devrait se poursuivre au niveau local, national et avec les mécanismes internationaux pour savoir où se trouvent tous les disparus, qu’ils soient vivants ou morts, et pour identifier les causes et les circonstances de leur disparition ».

155 090 migrants clandestins entrent en Europe depuis le Maroc
Autre phénomène sur lequel le Makhzen a toujours été montré d’un doigt pas peu accusateur à cause des réseaux criminels de l’organisation de la « Harga » dans ce pays, le Maroc représente le point de départ de la plupart des migrants clandestins qui empruntent la Méditerranée occidentale pour entrer en Europe, a indiqué hier l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes (Frontex), citée par l’APS. Selon un communiqué de Frontex, entre le 1er janvier et le 31 juillet 2022, un total de 155 090 personnes sont entrées clandestinement en Europe. Ces chiffres représentent une augmentation de 86% par rapport à la même période l’année dernière.
Les États membres de l’Union européenne (UE) enregistrent une hausse de 63% d’entrées irrégulières pour le seul mois de juillet, par rapport à 2021, fait-on savoir. En Méditerranée occidentale, 6 434 entrées irrégulières ont été enregistrées. « La plupart des migrants détectés sur cette route venaient du Maroc », a précisé Frontex.
Farouk Bellili

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