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Des carreaux pour les agriculteurs

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La décision est aussi inédite qu’inattendue. Cependant, elle était en maturation depuis au moins une année. Tayeb Zitouni, notre ministre du Commerce intérieur, avait déclaré lors d’une visite effectuée à Mascara, en juin 2024, que son département planchait sur « un projet visant à faire de la Société de réalisation et de gestion des marchés de gros (MAGROS), un réseau de distribution des produits agricoles au niveau national visant à organiser et réguler le marché ». Visiblement, l’étude est terminée puisque, lundi dernier Zitouni « a ordonné l’attribution d’espaces (carreaux) gratuits au sein de tous les marchés de gros régionaux des fruits et légumes relevant de la société (publique) Magros ». L’objectif est clair. Il « permet aux agriculteurs de commercialiser directement leurs produits sans intermédiaires ». Précision utile : Magros compte, à travers le territoire national, 9 marchés régionaux de gros spécialisés en fruits et légumes. Le sens de cette décision audacieuse est « d’assurer un prix juste qui valorise l’effort de l’agriculteur et le préserve des pratiques d’exploitation d’intermédiaires et de spéculateurs…(elle) garantit la transparence des transactions et préserve le pouvoir d’achat des citoyens ». L’initiative est louable puisqu’elle permet d’en finir avec les anciennes pratiques de « 2ème, 3ème main » et même plus avec en bout de chaine, le consommateur qui « paie l’addition ». C’est à dire « les marges » de tous les intermédiaires, véritables parasites qui achètent, sur pieds, et revendent en l’état des champs entiers de cultures. Le producteur, c’est-à-dire l’agriculteur est lui aussi arnaqué puisqu’il assiste, impuissant, aux prix exorbitants de ses produits affichés sur les marchés de détails. Avec ces carreaux gratuits, ce même agriculteur bénéficie d’une meilleure marge, mais toujours raisonnable, en vendant lui-même ses produits aux détaillants voire même aux ménages. En théorie et tel que présenté, le procédé ne semble avoir que des avantages. En théorie seulement car les intermédiaires, ces sangsues, ne sont pas des créatures à lâcher facilement le morceau. Ils font, ne l’oublions pas, partie de la sphère informelle. Même les mandataires (opérateurs légaux des marchés de gros) subissent les assauts et la concurrence déloyale des intermédiaires qui ne paient ni taxes ni impôts. Encore un détail : cette décision d’offrir des carreaux gratuits aux agriculteurs coïncide avec le début de la récolte de pommes qui s’étale de juillet, pour la variété précoce, jusqu’en novembre pour les variétés tardives. Ceci dit, les agriculteurs, en plus de l’élimination des intermédiaires qui ne peut que les réjouir, disposent du réseau de chambres froides, actuellement très développé, ainsi que de l’industrie de transformation pour les plus pressés. Enfin, il s’agit d’une décision d’intérêt général que tous les citoyens et les associations de consommateurs devraient défendre et soutenir. Pour en finir avec le diktat de l’informel !
Zouhir Mebarki

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