Quand on sait que l’Algérie est le pays qui importe, le plus au monde, le lait en poudre derrière la Chine mais devant le Brésil et le Mexique, on comprend l’importance du défi. Celui de produire nos besoins en lait en poudre. Si l’OMS a fixé la consommation moyenne de lait par habitant à 70 litres/an, l’Algérien consomme presque le double. Plus précisément 130 litres/an. Mais avant d’aborder les détails de la solution adoptée par notre pays, il faut se rappeler les impacts d’une telle importation. Vu la quantité importée annuellement qui est, bon an mal an, autour de 300.000 tonnes de poudre de lait, il faut reconnaitre au président Abdelmadjid Tebboune, le mérite d’avoir courageusement inscrit dans son programme la production locale à grande échelle de cet aliment essentiel. Car et en plus de l’enveloppe financière que cette importation induit, il y a l’enjeu de la sécurité alimentaire. Sans oublier qu’aux factures en devises s’ajoute la subvention consentie par l’État sur le prix de vente fixé à 25 DA. Dans son rapport 2024, la Cour des comptes précise que « l’État prend en charge un différentiel moyen de 45 DA par litre ». Ce qui se traduit par une enveloppe exceptionnelle de plus de 10.000 milliards de centimes (en dinars). Avec ces quelques données sur la filière lait du pays, on mesure mieux son poids socio-économique. C’est ce poids qui est à l’origine du mégaprojet de production de lait en poudre en partenariat avec le Qatar qui va être opérationnel « en coïncidant avec la campagne labours-semailles 2025-2026 » comme l’a indiqué le ministre de l’Agriculture, Youcef Cherfa.
Donc dès l’automne prochain, la gigantesque ferme « Baladna-Algérie » située dans la commune de Tamakten à l’Est de la wilaya d’Adrar, sera prête pour donner ses premiers litres de lait dès l’année prochaine. Pour gigantesque, cette ferme l’est assurément. Lundi dernier, la société mixte « Baladna-Algérie » a signé 14 contrats d’une valeur de plus de 500 millions de dollars avec des fournisseurs internationaux « dans les domaines des technologies agricoles et d’approvisionnement des lignes de production, des systèmes d’irrigation, de forages d’eau, de fourniture de fer et structures métalliques ».
C’est la première phase de réalisation du mégaprojet. En amont toutes les phases d’études ont été finalisées. La « fiche technique » de cette ferme hors normes indique qu’elle « est composée de trois pôles : une ferme de production de céréales et de fourrage, une ferme d’élevage de vaches et de production de lait et de viande, ainsi qu’une usine de production de lait en poudre ». Elle « s’étend sur une superficie de 117.000 hectares…(elle) vise, avec 270.000 vaches laitières, produire localement 50 % des besoins de l’Algérie en poudre de lait, à renforcer la sécurité alimentaire, à réduire la dépendance aux importations et à créer plus de 5 000 emplois directs ». Précision : les autres 50% de nos besoins sont couverts par l’actuelle production nationale de lait frais. L’auto-suffisance alimentaire est une réalité en Algérie !
Zouhir Mebarki