L’extension progressive du marché de distribution de l’agro-alimentaire de Kharrouba, daïra de Boudouaou, wilaya de Boumerdès, substitut légal du marché de gros de Semmar, n’a pas été, effectivement, accompagnée de mesures appropriées. Des entraves sont venues, graduellement, elles aussi, soit depuis 1996, date de création du marché de gros, mettre à mal le bon fonctionnement du projet s’étendant sur 17 hectares, et reporter, encore plus, la satisfaction des aspirations des 560 bénéficiaires des locaux commerciaux, notamment celles d’occuper définitivement et légalement les lieux.Tel semble être le constat qui se dégage de la conférence de presse organisée lundi au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), laquelle multiplie, en un laps très court de temps, des sorties médiatiques pour espérer trouver réponse satisfaisante aux besoins des concernés. Tour à tour, le directeur de commerce de la wilaya de Boumerdès, Chibani Rabah, et le représentant du ministère de tutelle, ont, dans leur intervention, mis en exergue, justement, les trois carences qui minent le bon déroulement du projet. Il s’agit de trois réserves émises par les instances compétentes, chacune dans son domaine de prérogatives. La première réserve est celle du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche (MADRP), conditionnant la réalisation du marché de gros par l’impératif de la distraction de l’assiette foncière qui lui a été affectée, car relevant du patrimoine des exploitations agricoles collectives (EAC). Dans ce contexte, le représentant du ministère du Commerce a indiqué que des démarches administratives ont été initiées en direction du MADRP, saisi pour prendre prestement les mesures qui s’imposent. La deuxième émane de la direction des ressources en eau (DRE) de la wilaya de Boumerdès, au sujet de la construction des locaux commerciaux sur les canalisations d’eau potable d’El Kheddara. L’opération de démolition lancée, quant à elle, il y a quelque temps, a, en dépit de son attendu impact positif, contribué à retarder davantage, du moins à ce jour, le projet du marché de gros du fait du non-enlèvement des gravats et de la non-construction des murs d’enceinte destinés à protéger le marché. Et c’est de là que découle la troisième, d’ordre sécuritaire, et qui relève des attributions de la commune de Kharrouba. Dans la foulée de cette ribambelle de mesures et de carences, la mise en place d’une entité chargée de la gestion de ce marché, pour qu’il ne soit pas un simple conglomérat structuré de commerçants de l’informel, s’impose de facto. Que l’on s’achemine vers la création d’une société étatique ou vers le lancement d’avis d’adjudication pour permettre aux privés de postuler et de prendre en charge les commodités d’un marché répondant aux standards internationaux, la variante adéquate n’a pas été encore identifiée. L’établissement d’un arrêté de wilaya, ultime étape, déterminera le statut juridique du marché.
Enfin, les responsables de l’Ugcaa et à leur tête le secrétaire général, Salah Souilah, recommandent aux institutions habilitées d’intervenir énergiquement afin d’accélérer la levée des contraintes précédemment soulignées. On peut en citer, le désistement des 12 hectares du patrimoine agricole vers celui domanial, le transfert du marché informel vers un espace plus éloigné mais toujours inclus dans le territoire de la daïra de Boudouaou, la désignation d’un bureau d’études pour la mise en place des commodités nécessaires (VRD…). Pour rappel, le marché de gros de Semmar, qui fait employer 1 600 emplois directs, a suscité l’intérêt du gouvernement depuis que sa situation ait atteint un seuil de dégradation insoutenable, et, surtout, lorsque le pouvoir s’était engagé à lutter effectivement contre l’informel, dans la perspective de mettre le holà sur la spéculation des prix, la fluidité de l’argent échappant à tout contrôle, et les autres contraventions à l’exercice de l’activité commerciale y prégnantes. Décision a été, donc, prise de délocaliser les 800 grossistes vendant près de 70% de marchandises fabriquées localement, après que, dans un passé récent, 60% de celles-ci eurent issues de l’importation. Outre ceux-ci, il a été prévu de leur rajouter les grossistes de Jolie Vue (Kouba) et Hlaimia (Boudouaou). Ladite décision ne le fut qu’en janvier de l’année en cours, alors que la demande de délocalisation émanant de la coordination des grossistes, sous tutelle de l’Ugcaa, a été formulée en…2005. Déjà ! Le ministre du Commerce, Bakhti Bélaib, a, lui, lors d’une rencontre datée du 15 janvier, l’ayant regroupé avec les grossistes, donné un délai de 6 mois pour que toutes les conditions soient réunies pour le lancement du projet, de surcroît d’envergure internationale. Sachant que, comme l’a souligné son représentant lors de la rencontre de ce 21 mars, beaucoup reste à faire pour espérer la régularisation escomptée, et ce, en dépit des sommes importantes injectées dans le cadre de la réalisation de marchés de gros ou de proximité à l’échelle nationale.
Zaid Zoheir