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DÉFICIENCE DU SYSTÈME DE SANTÉ ET HAUSSE DU NOMBRE DE DÉCÈS : Vers un durcissement du confinement ?

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Au vu des récentes mesures du gouvernement sur la crise du coronavirus, entre fermetures des écoles, universités, cafés et restaurants, l’arrêt de tous les moyens de transports en commun et l’exhortation des citoyens à la distanciation sociale, l’engorgement qui pèse sur le système de Santé national et le décompte macabre en augmentation de cas de décès, les indices suggèrent que l’État ira vers l’adoption d’un confinement général imposé.

Alors que le dispositif actuel devrait être levé, ce 4 avril, l’hypothèse d’aller vers un confinement total et obligatoire est suggérée par nombre de responsables et spécialistes de la Santé, encouragés par les risques pesant sur le personnel médical et l’indiscipline de certains citoyens constatée notamment sur les files interminables et bondées pour s’approvisionner en semoule et lait en sachet. Le comité scientifique de veille et du suivi de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 a fait, dimanche dernier, sa proposition d’aller rapidement vers un confinement total et général afin d’endiguer la propagation du virus. Le ministre de la Santé, qui est aussi président de ce comité, devra transmettre le rapport au président de la République, seul habilité à décider d’une telle mesure. En visite, lundi dernier, à l’hôpital Frantz Fanon de Blida – wilaya la plus touchée par le Covid-19 et sous confinement général depuis plus d’une semaine -, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a admis l’existence d’« une crise sanitaire » dans le pays. Des propos qui supposent que la lutte sera bien plus longue contre cette épidémie, dont la propagation échappe à tout contrôle même dans les pays européens réputés par leurs systèmes de santé efficients. Alors que les images et témoignages sur les réseaux sociaux montrent des médecins et aide-soignants débordés par l’ampleur de l’épidémie et parfois incapables même d’assurer leur propre protection, le Premier ministre a affirmé que l’État assurera tous les moyens de prévention et de protection à l’ensemble des personnels de la santé. « La préservation de la sécurité et de la santé des personnels de la santé publique et privée est non seulement une nécessité mais également un axe principal dans la stratégie de l’État face à la pandémie du coronavirus », a-t-il insisté. Aussi, a-t-il fait part du soutien total du président de la République, en relayant le message de Abdelmadjid Tebboune: « Nous sommes à vos côtés. Continuez votre travail jusqu’à la fin de cette crise (…) ne croyez pas que nous vous avons oublié. Loin s’en faut. Vous avez un ministre issu de la corporation médicale et la communication sera directe entre vous et lui, le Premier ministre et le président de la République ». Dans la foulée, et en perspectives, Djerad a promis la construction d’un système national de santé fort une fois la crise sanitaire surmontée, rappelant qu’un chapitre entier du Programme gouvernemental était dédié à la réforme de ce secteur sensible. « La crise sanitaire à laquelle est confronté le pays a révélé de nombreuses lacunes dans le secteur de la Santé que nous nous efforcerons de corriger à l’avenir en construisant un système de santé fort », a avoué le Premier ministre. Il a toutefois modéré son constat en indiquant que « cette crise a montré que les compétences algériennes sont toujours présentes dans notre pays et qu’elles travaillent jour et nuit dans les hôpitaux et les universités pour relever le niveau scientifique et académique et former des cadres scientifiques aux grandes compétences ».

Le coup de gueule de la corporation médicale
Au sein de la corporation médicale, les avis tendent vers la colère et l’indignation. « Parmi les causes de la dégradation du système de Santé national, la gestion anarchique et irresponsable de certains responsables de secteur », déplore, hier, Lyès Merabet, président du Syndicat national du personnel de la santé publique (SNPSP. En effet, le personnel médical est le premier à subir les affres de cette épidémie, posant des questions sur la disponibilité effective des moyens de protection : à Ghardaïa, 22 membres de personnel médical de l’hôpital Brahim Trichine ont été mis en quarantaine après la confirmation de leur contamination, et à Blida, un ambulancier et un chef de service de l’hôpital Frantz Fanons sont décédés suite à leur contamination. «Je m’incline à la mémoire du Pr. Si Ahmed (Blida) et Dr. Tilmatine (Alger) décédés des suites de contamination du Covid-19 (…). Leur mort pose l’urgence de dégager les moyens de protection effective du personnel de la Santé. Seul l’État assumera ses responsabilités», a réagi Nadia Chouitem, médecin et députée, ancienne membre de la Commission Santé à l’APN. Face aux dysfonctionnements du système de santé, des spécialistes préviennent que si les Algériens ne respectent pas les mesures de distanciation sociale, comme on le constate sur les files d’attente devant les magasins d’alimentation, on risque d’aller vers un scénario à l’italienne.
D’où les appels à l’instauration d’un confinement total et obligatoire. Pour le moment, seule la wilaya de Blida est soumise à un confinement total, en plus d’un confinement partiel décidé pour 9 autres wilayas, en plus d’Alger la capitale. Donc, tout porte à croire qu’une décision de confinement général pourrait être prise ces jours-ci, c’est-à-dire avant le 4 avril. Des informations non-officielles évoquent un passage au confinement général qui serait décidé pour la Capitale, où les hôpitaux sont surchargés. Face aux inquiétudes quant aux retombées négatives sur l’économie du pays, notamment dans la conjoncture actuelle marquée par une chute brutale des cours pétroliers, l’État, malgré les nombreuses hésitations, pourrait être amené à durcir les mesures contre la propagation du Covid-19, si les citoyens ne respectent pas les consignes de confinement et de limitation des déplacements. Une décision qu’imposeraient les craintes liées aux risques d’une contamination massive. À présent, les universités ont annoncé la reprise des cours via uniquement les plateformes numériques à distance, alors que le ministère de la Justice a prolongé la suspension des activités judiciaires jusqu’au 15 avril, dans le cadre des mesures contre la propagation du Covid-19.
Hamid Mecheri

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