L’homme n’en est pas à sa première conférence à Alger. Celle de lundi dernier avait pour thème « les nouvelles réalités mondiales ». Par sa seule présence, Dominique De Villepin attire beaucoup de monde. Ici comme en France. Ces analyses politiques lui sont propres. Jamais dans les sentiers battus. Il les exprime avec fougue et passion. S’y ajoute son physique carnassier et sa voix forte pour capter totalement l’attention de son auditoire. Lorsqu’il aborde la politique internationale, De Villepin sait de quoi il parle. Il a conduit la politique étrangère sous la présidence de Jacques Chirac qui l’a nommé par la suite au poste de Premier ministre. Sa notoriété a commencé, en 2003, avec son discours à l’ONU au cours duquel il a expliqué pourquoi la France s’opposait à l’agression armée de la coalition conduite par les Etats-Unis contre l‘Irak. Par ce discours et sa position, la France renouait avec la politique pro-arabe menée par De Gaulle. On retrouve cette position actuellement dans les interventions médiatiques de l’ancien Premier ministre. Comme celle de lundi dernier où l’agression israélienne contre les Palestiniens qui a dépassé toutes les limites de l’horreur a, évidemment, été évoquée. Dominique De Villepin considère que « c’est une chance d’avoir l’Algérie au Conseil de sécurité ». Pour briser l’unanimisme coupable qui travestit un agresseur en victime. Pour porter la voix de la justice et de la paix. Pour tous ces combats où se reconnaît Dominique De Villepin. Fidèle à ses analyses pointues et hors des sentiers battus, De Villepin est déjà dans « l’après Ghaza ». « C’est-à-dire après les armes, car il s’agira, là aussi, de savoir comment le territoire palestinien sera géré, sachant qu’Israël veut garder le contrôle » a-t-il précisé. En fait de « contrôle », c’est une annexion pure et simple qu’Israël prépare. Une de plus que toutes celles qui, à différentes périodes, lui ont permis de modifier le partage de 1948 au profit de l’État hébreu. On comprend mieux aussi pourquoi Israël n’est pas pressé de dessiner officiellement ses frontières. Sauf que le monde entier prend de plus en plus conscience de ce véritable complot préparé de longue date par Israël contre le peuple palestinien. Pour preuve le vote historique des États membres de l’ONU pour l’admission de la Palestine. Pour preuve également ces campus américains qui soutiennent la cause palestinienne et que De Villepin qualifie de « nouvelle donne ». D’autres régions du globe ont été abordées par le conférencier, comme l’Afrique. Pour lui, les pays africains devraient mutualiser leurs moyens et se regrouper. Peu importe la forme. Région. Sous-région. Et bien sûr les relations franco-algériennes, ne pouvaient pas être oubliées. Pour l’ancien Premier ministre de Chirac, les « excuses » pour les crimes commis par la France en Algérie sont inévitables. Sauf que des obstacles ne permettent pas, actuellement, à l’État français de les présenter. « Tout vient à point à qui sait attendre » !
Zouhir Mebarki