L’Envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, remet fermement en question, l’interprétation marocaine de la résolution 2797 du Conseil de sécurité, adoptée le 31 octobre dernier.
Contrairement au récit officiel de Rabat, qui prétend que ce texte confère une exclusivité au plan d’autonomie marocain, le diplomate onusien a replacé le principe d’autodétermination du peuple sahraoui au cœur du processus politique. Lors d’un point de presse très attendu animé à Bruxelles mercredi dernier, de Mistura a précisé que « tout règlement au conflit du Sahara occidental doit rester politique, mutuellement acceptable et fondé sur le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination ». Cette déclaration vient balayer la thèse défendue par les autorités marocaines, selon laquelle la résolution 2797 consacrerait implicitement le plan d’autonomie proposé par Rabat comme seule base de négociation. Le diplomate onusien, connu pour sa prudence, a tenu à souligner que « la résolution n’impose aucun résultat prédéfini ». Il a rappelé que la participation aux pourparlers « ne signifie pas une approbation préalable de leurs conclusions », mais traduit plutôt la volonté d’engager un dialogue sincère en conformité avec le droit international. Ces précisions, loin d’être anodines, marquent un tournant dans le discours onusien face aux tentatives de récupération politique du processus de paix. « La résolution 2797, dans ses paragraphes soigneusement rédigés, établit un cadre pour les négociations, mais elle ne prescrit aucun résultat prédéterminé », a insisté M. de Mistura, avant d’ajouter : « Une solution durable ne peut émerger que de négociations menées de bonne foi. » En filigrane, cette déclaration sape la rhétorique marocaine relayée par certains médias selon laquelle les Nations unies auraient définitivement validé la proposition d’autonomie comme “unique voie réaliste”. De Mistura rejoint ainsi la position du droit international, qui reconnaît au peuple sahraoui un droit imprescriptible à décider librement de son avenir. Le diplomate a également indiqué que, dans la continuité de la résolution, l’ONU allait inviter les parties concernées à soumettre leurs propositions et suggestions afin d’établir un programme de pourparlers, qu’ils soient directs ou indirects. Cette étape, a-t-il précisé, « doit permettre d’aborder les questions de fond et d’esquisser une voie vers un règlement juste et durable ». Staffan de Mistura s’est par ailleurs félicité d’un «regain de dynamisme international» autour du dossier, après plusieurs années de stagnation. La prorogation du mandat de la MINURSO jusqu’en octobre 2026, a-t-il noté, « contribuera sans aucun doute à créer un climat de stabilité en faveur des prochaines négociations ». « Le véritable travail commence maintenant », a lancé l’Envoyé personnel, en appelant les parties et les membres du Conseil de sécurité à rester « constamment engagés » pour maintenir cette dynamique positive. Cette mise au point claire du représentant onusien intervient après celle du haut conseiller de Donald Trump pour l’Afrique, Massad Boulos, qui avait lui aussi démenti les allégations marocaines selon lesquelles le Conseil de sécurité de l’ONU aurait soutenu l’exclusivité du plan d’autonomie. En remettant le droit à l’autodétermination au centre du débat, Staffan de Mistura ravive l’esprit des résolutions historiques de l’ONU sur le Sahara occidental et rappelle que toute solution durable devra passer par la consultation libre et souveraine du peuple sahraoui. L’enjeu, désormais, est de savoir si cette clarification sera suivie d’un véritable engagement des parties à négocier sur un pied d’égalité, conformément aux principes du droit international et aux aspirations d’un peuple en quête de justice depuis plus d’un demi-siècle.
M. Seghilani










































