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De la connivence mafieuse du politique avec les affaires

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Il n’a même pas daigné parler pour dire au juge : «Je refuse de répondre.» Ce mépris de la loi est celui de Saïd Bouteflika, l’homme qui dirigeait indûment l’Algérie au moins depuis une décennie. Lorsque le tribunal l’a interrogé s’il avait ordonné la collecte de fonds pour le financement de la campagne électorale du 5e mandat de son frère et de les transférer au siège de la société de Ali Haddad, il s’est contenté de répondre par un geste. Suite à quoi, le président de l’audience a ordonné de le faire sortir de la salle.
Le refus de répondre est un droit du prévenu mais il n’empêche pas la politesse et le respect des magistrats, car ils représentent le peuple. Ce comportement traduit le mépris de la part d’un homme qui n’a jamais pensé à un retournement de l’histoire, et qui croît peut-être que la partie n’est pas finie pour lui. Les manifestations violentes qui ont lieu ça et là et celles d’empêcher les votants de leur droit constitutionnel en France et au Canada, lui donnent-elles ce fol espoir ?
Le procès a mis a nu l’État profond qui agissait en coulisses au profit d’intérêts occultes. Constituant une véritable mafia, ces groupes de pression n’ont pas investi le champ politique pour des principes idéologiques, comme c’est le cas dans tous les pays du monde mais pour faire partie des privilégiés de la manne et bénéficier de marchés publics, de devises, pour exercer de pressions déloyales sur leurs concurrents, notamment les entreprises étatiques… La connivence mafieuse du politique avec le monde des affaires se traduit par l’ascension fulgurante de certains « entrepreneurs » dont la fortune récente ne repose sur aucun savoir-faire particulier. L’exemple le plus parfait est M. Haddad, parachuté président du Forum des chefs d’entreprise (FCE) comme pour officialiser cette union et ce népotisme d’un clan au détriment du droit et de l’économie nationale.
Le gel de la juridiction spéciale et de la Cour des comptes ainsi que la confection d’un code pénal sur mesure par le président déchu leur permet aujourd’hui de bénéficier d’une peine qui ne pourra être que très légère par rapport aux sommes détournées et aux préjudices subis par l’État. D’ailleurs, beaucoup de citoyens estiment qu’aucune peine de prison, aussi lourde soit-elle, ne pourrait rétablir ces préjudices. Pour d’autres, le principal n’est pas tant la peine que la récupération d’une partie des biens mal acquis, notamment les sommes placées à l’étranger. Si la peine est un droit de la partie civile, l’opération de récupération des bien détournés — dont l’État doit en faire une priorité concomitamment avec la poursuite des procès contre les éléments de la mafia jusqu’à son démantèlement total — risque de prendre du temps et dépend de nombreux paramètres, notamment la stabilité du pays. L’élection d’un Président dans les plus brefs délais est la condition sine qua non pour entamer les actions diplomatiques et policières en vue de la récupération d’une partie de ces biens. C’est possible, à condition de les localiser.
Par Ali El Hadj Tahar

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